Le gouvernement Ford « remet de l’argent dans vos poches », mais combien exactement?
Depuis 2022, le gouverne‐ ment Ford martèle qu'il soulage le portefeuille des Ontariens de multiples fa‐ çons. Mais les mesures mises en place par les pro‐ gressistes-conservateurs se traduisent-elles par des économies substantielles pour l'ensemble des ci‐ toyens? À l'approche du dé‐ pôt du budget provincial, Radio-Canada a sorti sa cal‐ culatrice. 260 $
C’est le montant moyen économisé depuis que le gouvernement Ford a décidé de réduire la taxe provinciale sur l’essence en 2022. Une réduction de 5,7 cents le litre. Mais attention, les estima‐ tions de la province repré‐ sentent le montant d'épargne moyen pour tous les ménages de la province.
Les économies seront évi‐ demment plus importantes si une famille possède plu‐ sieurs voitures et qu’elle par‐ court une grande distance annuellement. Elles seront pratiquement nulles si vous ne conduisez pas.
Dans les dernières se‐ maines, le ministre ontarien des Finances a laissé en‐ tendre qu’il pourrait annon‐ cer dans son budget une pro‐ longation de ce rabais à la pompe, qui pour l’instant doit prendre fin le 30 juin. Restez à l’écoute, répètent le premier ministre et son mi‐ nistre, Peter Bethlenfalvy.
De 0,59 $ à 0,89 $ du ki‐ lomètre
Si vous avez l’habitude de rouler sur les autoroutes 412 ou 418, à l’est de Toronto, vous économisez depuis avril 2022, lorsque le gouverne‐ ment a décidé d'éliminer les péages. L'Ontario se prive ici de revenus qui totaliseront 68 millions $ d’ici 2027.
En tant qu’automobiliste, plus vous roulez, plus vos économies seront impor‐ tantes. Plus de 2 millions de véhicules ont roulé sur l’auto‐ route 412* et quelque 733 000 sur la 418*.
* du 1er avril 2022 au 1er juin 2023
120 $ par année
Un autre cadeau (préélec‐ toral et rétroactif) du gouver‐ nement Ford offert, là aussi, aux automobilistes : la fin des frais de vignettes pour les plaques d’immatricula‐ tion. Une économie annuelle de 120 $ pour les proprié‐ taires de voiture dans le sud de la province et de 60 $ dans le Nord.
Depuis l’élimination de ces frais, l'automobiliste moyen a économisé entre 300 $ et 600 $. Les progres‐ sistes-conservateurs af‐ firment que près de 8 mil‐ lions de propriétaires de vé‐ hicules ont bénéficié de rem‐ boursements.
1600 $
Si la majorité des mesures annoncées depuis 2022 ont surtout privilégié les automo‐ bilistes, le gouvernement a récemment eu une petite pensée pour les usagers du transport en commun.
Après beaucoup de re‐ tards, l’introduction du tarif unique est finalement entrée en vigueur dans la région du
Grand Toronto : un usager n’a maintenant qu’à payer une seule fois même s’il uti‐ lise différents services de transports en commun.
Jusqu’à 1600 $ d’écono‐ mies annuellement pour un adulte qui fait la navette cinq jours par semaine, selon les calculs du gouvernement.
1,55 $ l’heure
Il ne s'agit pas ici d’une économie, mais bien d’une augmentation salariale pour tous les Ontariens qui tra‐ vaillent au salaire minimum. Le gouvernement l’a fait pas‐ ser de 15,50 $ à 16,55 $ l’heure le 1er octobre. Pour une personne qui travaille 40 heures par semaine, cela re‐ présente une augmentation annuelle d’environ 2200 $.
La hausse est bienvenue, mais plusieurs organismes estiment qu’on est encore bien loin du salaire viable, c’est-à-dire un salaire décent pour vivre. Le Ontario Living Wage Network évalue ce sa‐ laire optimal à 25 $ dans le Grand Toronto et à près de 20 $ dans le Nord de la pro‐ vince, par exemple.
1000 $
C’est la bonification du ré‐ gime de revenu annuel ga‐ ranti (RRAG), un programme provincial destiné aux aînés à faible revenu. Le gouverne‐ ment a doublé temporaire‐ ment les paiements en 2023 puis à compter de juillet 2024, le programme sera aussi élargi pour permettre à quelque 100 000 personnes de plus d’y accéder.
Face à la pression popu‐ laire, les progressistesconservateurs ont aussi ma‐ joré de 5 % les prestations du Programme ontarien de sou‐ tien aux personnes handica‐ pées, en plus d'introduire une loi pour lier les augmen‐ tations annuelles à l'inflation.
À quoi s’attendre pour la suite?
D’autres mesures serontelles introduites dans le bud‐ get 2024 du gouvernement? Jusqu'ici, le premier ministre ontarien est resté assez muet quant au contenu de son budget. Doug Ford fait durer le suspense, mais il parle dé‐ jà d'un exercice plutôt équili‐ bré.
À l'approche du dépôt du budget, prévu mardi, des groupes de pression pré‐ sentent leur liste de souhaits. La Fédération canadienne des contribuables aimerait par exemple que le gouver‐ nement annonce des réduc‐ tions d'impôt des particu‐ liers. Une promesse électo‐ rale qui remonte à 2018, mais que Doug Ford n'a ja‐ mais concrétisée.
Une réduction d’impôt se‐ rait cruciale pour les familles, souligne le porte-parole Jay Goldberg. Selon les calculs de la Fédération, une réduc‐ tion d’impôts pour les tra‐ vailleurs de la classe moyenne représenterait 786 $ de plus dans leurs poches chaque année.
Ce sont des mesures que le gouvernement a refusé d’annoncer, mais des me‐ sures qu’il devrait prendre.
Jay Goldberg, porte-parole de la Fédération canadienne des contribuables
Chez l'organisme Progress Toronto, on retient aussi son souffle avant le dépôt du budget 2024. L’organisme to‐ rontois espère que le gouver‐ nement en profitera pour s'attaquer aux racines de la pauvreté.
Les mesures [annoncées dernièrement] sont des solu‐ tions temporaires. Ça fait du bien d’avoir 200 $ en plus dans ses poches, mais ce n’est pas assez pour s’éloi‐ gner du seuil de la pauvreté, explique la directrice géné‐ rale Saman Tabasinejad.
Progress Toronto de‐ mande notamment le retour d’un contrôle des loyers uni‐ versel.