Une proche conseillère de Pierre Poilievre fait l’objet d’une demande d’enquête
L’entourage du chef du Parti conservateur du Ca‐ nada, Pierre Poilievre, est sur la sellette en raison des activités de lobbyisme d’une de ses plus proches conseillères, Jenni Byrne.
Le Nouveau Parti démo‐ cratique (NPD) demande à la commissaire fédérale au lob‐ byisme de faire la lumière sur de sérieuses questions quant à l'implication potentielle‐ ment inappropriée de Mme Byrne dans des activités de lobbying fédéral, selon le dé‐ puté Charlie Angus.
Jenni Byrne est une stra‐ tège conservatrice de renom qui a mené avec succès la course à la chefferie de Pierre Poilievre. Elle occupe maintenant une position d’in‐ fluence au sein de son équipe de conseillers.
Mme Byrne prépare no‐ tamment la stratégie électo‐ rale du Parti conservateur. Elle est une des conseillères les plus proches et les plus importantes de M. Poilievre et elle assiste régulièrement aux réunions du caucus conservateur, relate Charlie Angus.
Le hic, selon ce député néo-démocrate, c’est que la stratège conservatrice est également PDG d’une firme de lobbyisme, Jenni Byrne et Associés ( JB+A). L'entreprise affirme qu'elle se limite à re‐ présenter des clients au ni‐ veau provincial en Ontario, ce qui lui permet d’éviter les apparences de conflits d’inté‐ rêts au niveau fédéral.
Toutefois, la création d’une nouvelle firme de lob‐ byistes, Forecheck Strategies, qui oeuvre dans les mêmes bureaux que Jenni Byrne et Associés et qui se spécialise dans les affaires fédérales, soulève des questions en matière d’éthique, selon le NPD et l’organisme de sur‐ veillance Democracy Watch.
Le député Charlie Angus trouve préoccupantes les ac‐ tivités de lobbying potentiel‐ lement inappropriées de Jenni Byrne.
Dans sa lettre envoyée à la commissaire au lobbyisme, Nancy Bélanger, le député se dit notamment inquiet que Forecheck Strategies (FS) par‐ tage le même bureau et une grande partie du personnel que Jenni Byrne et Associés.
Par exemple, Radio-Ca‐ nada a pu vérifier que le pré‐ sident et le vice-président de JB+A (Andrew Kimber et Si‐ mon Jefferies) sont égale‐ ment président et vice-pré‐ sident de Forecheck Strate‐ gies. Ces deux firmes ont la même adresse sur la rue Queen à Toronto. Le site In‐ ternet de Forecheck est un copié-collé de celui de Jenni Byrne et Associés dans la description des services of‐ ferts.
Le registre des entreprises de l’Ontario démontre que la firme Forecheck Strategies a été mise sur pied le 12 sep‐ tembre 2022, soit le lende‐ main de l’élection de Pierre Poilievre comme chef conser‐ vateur.
Des vérifications effec‐ tuées par Radio-Canada au registre des lobbyistes à Ot‐ tawa démontrent que les quatre employés de Fore‐ check Strategies qui ont agi à titre de lobbyistes-conseils au niveau fédéral au cours de la dernière année sont égale‐ ment employés par JB+A.
L'homme qui est pré‐ sident à la fois de FS et de JB+A, Andrew Kimber, assure que Forecheck Strategies est une organisation distincte dans laquelle Jenni Byrne ne joue aucun rôle. Elle n’est pas et n’a jamais été une em‐ ployée, une consultante, une directrice ou une actionnaire. Elle n’a jamais reçu et ni ne recevra de compensation de la part de Forecheck.
Jenni Byrne, le bureau de Pierre Poilievre et la perma‐ nence du Parti conservateur du Canada n’ont pas répondu à nos demandes d'entrevue.
Le Code de déontologie des lobbyistes
L’organisme de sur‐ veillance Democracy Watch se prépare également à dé‐ poser une demande d’en‐ quête à la commissaire au lobbyisme. Le cofondateur Duff Conacher cite notam‐ ment le Code de déontologie des lobbyistes.
L’article 4.3 de ce code sti‐ pule qu’il ne faut pas faire du lobbyisme auprès d’une per‐ sonne lorsqu’on pourrait rai‐ sonnablement penser qu’elle a un sentiment d'obligation envers vous en raison de cir‐ constances qui dépassent la portée des autres règles dans ce code.
Deux conseillers du bu‐ reau de Pierre Poilievre (plus précisément son conseiller en matière de politiques, Elan Harper, et son conseiller en relations avec les interve‐ nants, Anton LoRi) ont ren‐ contré Simon Jefferies, qui est vice-président chez Fore‐