Santé et infrastructures : plusieurs attentes dans le Nord pour le budget ontarien
Le budget de l’Ontario, qui sera déposé mardi, sera scruté de près par plu‐ sieurs intervenants du Nord de la province, qui es‐ pèrent y trouver des ré‐ ponses favorables à leurs nombreuses demandes.
On espère avoir des fonds pour la santé mentale et [la lutte contre les dépen‐ dances], affirme le maire du Grand Sudbury, Paul Le‐ febvre.
Les deux dossiers étaient à l’avant-plan de ses revendi‐ cations lors de sa présenta‐ tion en janvier devant le co‐ mité des finances de l’Assem‐ blée législative qui menait des consultations prébudgé‐ taires.
Il réclame particulière‐ ment des appuis au niveau du logement locatif et égale‐ ment un service complet d’appuis aux sans-abri qui sont transférés dans des lo‐ gements.
La Ville du Grand Sudbury est en train de construire, par exemple, un immeuble de 40 logements de transi‐ tion dont les locataires rece‐ vront des services d’appui of‐ ferts par l’hôpital Horizon Santé-Nord.
Il s’agit, selon le maire Le‐ febvre, du type de service que la Ville aimerait déployer à une plus grande échelle afin de s’assurer que le cycle d’itinérance [soit] brisé.
C’est la Ville qui finance beaucoup de ces sous-là, mais la santé et la santé mentale, c’est plutôt une res‐ ponsabilité provinciale. C’est pour cela qu’on espère beau‐ coup qu’on ait de l’appui de la province à ce niveau.
Paul Lefebvre, maire du Grand Sudbury
Un peu plus à l’est, la pré‐ sidente-directrice générale de l’Hôpital général de Nipis‐ sing Ouest, Sue LeBeau, es‐ père voir dans le budget des appuis aux établissements de soins de santé comme le sien qui éprouvent des défis significatifs.
On a de plus en plus de patients. Ils sont plus ma‐ lades et restent à l’hôpital plus longtemps, signale-telle.
Elle a également pu trans‐ mettre ses doléances au co‐ mité des finances pendant les consultations prébudgé‐ taires.
Avec les pressions qu’on a eues avec l’inflation, au coût accru des ressources hu‐ maines et avec l’utilisation d’agences pour être capables de livrer les services, pour avoir des médecins qui tra‐ vaillent ici, on demande de l’appui pour continuer à fi‐ nancer les services qu’on offre.
Sue LeBeau, présidentedirectrice générale de l’Hôpi‐ tal général de Nipissing
Ouest
L'accès aux soins de santé primaires préoccupe aussi le maire de Sault-Sainte-Marie, Matthew Shoemaker, d'au‐ tant plus que de milliers de résidents viennent d'ap‐ prendre qu'ils perdront bien‐ tôt leur médecin de famille.
Cela va priver les citoyens de visites préventives chez le médecin, estime-t-il, et les mettre davantage à risque de complications liées à des ma‐ ladies non détectées à temps, d'autant plus que la population de la région vieillit.
Dans les 10 dernières an‐ nées de leur vie, les gens ont besoin de plus de services médicaux, alors c'est un be‐ soin impératif avec la démo‐ graphie ici en ville, fait savoir le maire.
J'espère qu'il va y avoir des plans à court terme et à long terme pour aider ceux qui n'ont pas de services mé‐ dicaux en ce moment.
Matthew Shoemaker, maire de Sault-Sainte-Marie
La Ville de Sault-SainteMarie réclame aussi un cam‐ pus de l'École de médecine du Nord de l'Ontario.
Attention aux besoins particuliers du Nord, comme la main-d'oeuvre
Le directeur général de la Chambre de commerce de Sault-Sainte-Marie, Rory Ring, souhaite voir un budget ren‐ forcé en portant attention aux besoins particuliers et di‐ versifiés du Nord de l’Onta‐ rio.
Lorsqu’on regarde par exemple le développement de la main-d’oeuvre, dans le Sud de l’Ontario, il n’y a pas beaucoup d’activités minières ou forestières, des activités liées aux richesses naturelles où on a besoin de ressources humaines, affirme-t-il.
Il faut des politiques diffé‐ rentes pour se pencher sur cette dynamique différente.
Rory Ring, directeur géné‐ ral de la Chambre de com‐ merce de Sault-Sainte-Marie
La présidente de la Chambre de commerce de Thunder Bay, Charla Robin‐ son, abonde dans le même sens.
Pour s’attaquer au pro‐ blème de la pénurie de maind’oeuvre, elle aimerait voir le gouvernement de l’Ontario allouer 3000 places au Nord de la province dans le cadre du Programme ontarien des candidats à l’immigration.
Des places additionnelles doivent être réservées au Nord de l’Ontario. Nous crai‐ gnons que sans cela, on continue d’avoir des gens qui se dirigent vers la région de Toronto.
Charla Robinson, prési‐ dente de la Chambre de commerce de Thunder Bay
Ce dernier permet à des travailleurs et étudiants étrangers qui disposent d’une expérience et d’une formation sollicitées par le marché du travail d’avoir ac‐ cès plus rapidement à la rési‐ dence permanente.
Plus d’argent pour l’ex‐ ploration minière
Dans le document qu’elle a soumis à la province pen‐ dant les consultations pré‐ budgétaires, la Chambre de commerce de Thunder Bay réclame aussi plus d’investis‐ sements aux entreprises du secteur minier.
Le directeur de l’Associa‐ tion des prospecteurs de l’Ontario, Garry Clark, sou‐ haite que le programme de soutien aux petites entre‐ prises d’exploration minière, qui avait été bonifié l’an der‐ nier, soit prolongé au-delà de 2025.
C’est un programme qui a beaucoup de succès. C’est un petit investissement lors‐ qu’on le compare aux retom‐ bées économiques qu’il gé‐ nère. [...] On veut garder la province comme un endroit compétitif pour l’exploration.
Garry Clark, directeur de l’Association des prospec‐ teurs de l’Ontario
Infrastructures
Le maire du Grand Sud‐ bury, Paul Lefebvre, veut aussi que la province révise ses paramètres de finance‐ ment des infrastructures communautaires.
En 2022, l’Ontario a mis en place un plafond pour le Fonds ontarien pour l’infra‐ structure communautaire, qui établit à 10 millions de dollars les subventions maxi‐ males que peuvent recevoir les municipalités pour des projets d’infrastructures.
Le plafond pénalise parti‐ culièrement les villes dont les limites actuelles découlent des fusions des années 2000, comme le Grand Sudbury, es‐ time M. Lefebvre.
[Avant les fusions], on avait sept municipalités. Ça veut dire qu’avec le pro‐ gramme qui existe au‐ jourd’hui, on aurait accès à 70 millions, mais avec les pa‐ ramètres actuels, on a droit à environ 18 millions, expliquet-il.
On est pénalisé parce qu’on a été fusionné, alors que nos besoins sont encore plus criants. [...] On appuie énormément la province avec les mines que nous avons, mais [la Ville] ne reçoit rien des mines à part les im‐ pôts fonciers. [...] À mon avis, la province pourrait nous ap‐ puyer en enlevant le plafond de 10 millions de dollars.
Paul Lefebvre, maire du Grand Sudbury
Les arts et la culture
Dans le secteur des arts et de la culture, des organismes francophones qui éprouvent des défis financiers ré‐ clament une augmentation des subventions, dont celles du Conseil des arts de l’Onta‐ rio.
En janvier dernier, l’As‐ semblée de la francophonie de l’Ontario a d’ailleurs plaidé, devant le comité des finances de l’Assemblée légis‐ lative, pour un meilleur appui de la province à la Place des Arts du Grand Sudbury.