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Des survivants de trauma crânien grave obtiennent du soutien auprès des pairs-aidants

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Au Canada, la prise en charge des traumatism­es crâniens est irrégulièr­e. Et pour faire face à cette si‐ tuation, des survivants en Saskatchew­an ont recours à des groupes de pairs-ai‐ dants, des groupes qui se révèlent être des bouées de sauvetage pour eux.

Selon l’Associatio­n des lé‐ sions cérébrales de la Saskat‐ chewan, ce type de groupe leur permet de se sentir moins seuls dans leur pro‐ cessus de guérison.

Ainsi, autour d’un café, dans une bibliothèq­ue ou même au son d’un tambour, ils partagent leur vécu, s'écoutent et s'entraident.

Ce groupe est synonyme d'amitié et de soutien lorsque j'en ai besoin, déclare une habituée.

Dans ces groupes, les nouveaux participan­ts re‐ çoivent une épinglette qui dit : bonjour, je ne me souviens pas non plus de votre nom.

Cela signifie que je ne suis pas seule et que je peux ab‐ solument être moi-même. Si je pleure, ce n'est pas grave, dit une autre.

Un long processus vers la guérison

Les traumatism­es crâ‐ niens peuvent ou pas pré‐ senter de signes extérieurs, mais peuvent bouleverse­r complèteme­nt la vie quoti‐ dienne d'une personne.

Chaque année au Canada, plus de 20 000 personnes sont hospitalis­ées pour un traumatism­e crânien, comme une commotion cérébrale due au sport ou un accident de voiture.

C'est sans compter les di‐ zaines de milliers d'autres personnes qui ne sont pas hospitalis­ées ou qui souffrent d'une lésion céré‐ brale à la suite d'un accident vasculaire cérébral ou d'une tumeur.

Malgré cette ampleur, l'état actuel des aides aux vic‐ times de lésions cérébrales dans tout le pays est caracté‐ risé par la fragmentat­ion, l'isolement et le sous-finan‐ cement chronique, selon le CGB Centre for Traumatic Life Losses.

Pour faire face à cette si‐ tuation, la Réginoise Barb Butler, elle-même survivante, a fondé un groupe de sou‐ tien de pairs en 1998.

Ces groupes sont comme une grande famille, sauf que nous nous aimons bien, ditelle en riant.

Mme Butler et sa famille ont été victimes d’un acci‐ dent en 1993, au retour d'un camping. Si les autres ont tous survécu, elle a passé son 38e anniversai­re dans le coma.

Au centre de réadaptati­on Wascana de Regina, elle a ap‐ pris de nouveau à marcher, se nourrir, lire entre autres.

Le côté gauche de son corps a été affecté par une paralysie partielle et un en‐ gourdissem­ent pendant les 20 années qui ont suivi.

Elle lutte toujours contre la perte de mémoire à court terme. Aujourd'hui âgée de 68 ans, cette ex-enseignant­e est devenue une paire-ai‐ dante.

Croyez-moi, j'ai passé les six premiers mois de ma vie à m'apitoyer sur mon sort, jusqu'au jour où j'ai regardé autour de moi et réalisé qu'il n'y avait personne d'autre que moi et qu'il valait mieux s'y mettre, explique-t-elle.

Au sud de Regina, le groupe Social Beans est un autre programme régulier géré par l’Associatio­n des lé‐ sions cérébrales de la Saskat‐ chewan.

Brijesh Patel a commencé à participer à ces réunions hebdomadai­res à l'automne 2023.

Victime d’un accident en mars 2020, sa vie n'est plus la même.

Âgé de 28 ans, il dit avoir du mal à se faire des amis depuis qu'il a subi une lésion cérébrale.

Mais dans ces groupes, il dit trouver du réconfort.

Je pense que les gens ont l'impression qu'une lésion cé‐ rébrale, c'est un type qui a le cerveau brisé, mais notre cerveau a la capacité de se guérir lui-même, dit-il.

Au sein du groupe de tambours, géré par l'associa‐ tion , l'on trouve du récon‐ fort, comme Carla Eckert, âgée de 52 ans, qui a rejoint ce groupe à l'automne 2023, se réjouit d'y participer chaque semaine.

Je vois les choses de ma‐ nière plus positive, beaucoup plus qu'avant, dit-elle, vêtue d'un chandail violet sur le‐ quel on peut lire :j'ai survécu à une lésion cérébrale : J'ai survécu à une lésion céré‐ brale. Quel est ton super pouvoir ?

Un projet de loi à la Chambre des communes

En juin 2022, le député néolibéral Alistair MacGregor a déposé le projet de loi C277 visant à élaborer une stratégie nationale sur les lé‐ sions cérébrales.

Cette stratégie vise à amé‐ liorer la sensibilis­ation, la prévention et le traitement des lésions cérébrales, ainsi qu'à mettre en place une ap‐ proche cohérente et bien fi‐ nancée dans l'ensemble du pays.

Le 13 février, le projet a été inscrit à l'ordre de prio‐ rité, ce qui signifie qu'il a été sélectionn­é pour être dé‐ battu à la Chambre des com‐ munes.

Mme Butler incite les sur‐ vivants à écrire des lettres pour faire avancer ce projet de loi au Parlement.

J'espère que toutes les personnes ayant subi une lé‐ sion cérébrale recevront le même type de soins et de traitement­s partout au Ca‐ nada, dit-elle.

Avec les informatio­ns de Natascia Lypny

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