Radio-Canada Info

Un budget de mi-mandat pour le gouverneme­nt ontarien de Doug Ford

- Camille Gris Roy

Le gouverneme­nt de Doug Ford présente mardi son budget 2024, le deuxième depuis sa réélection.

Les progressis­tes-conser‐ vateurs ont déjà un peu vendu la mèche en confir‐ mant que la réduction de la taxe provincial­e sur l'essence sera maintenue jusqu'au 31 décembre 2024. Ce rabais à la pompe de 5,7 cents le litre (5,3 cents le litre pour le die‐ sel) est en vigueur depuis le 1er juillet 2022 et a été pro‐ longé à plusieurs reprises.

Selon le gouverneme­nt, cette mesure permettra aux ménages d'économiser 320 $ en moyenne sur une période de deux ans et demi.

D’après des sources de CBC, il y aurait aussi dans ce budget des mesures pour en‐ cadrer les assurances auto‐ mobile. Là-dessus, le ministre des Finances Peter Bethlen‐ falvy a reconnu qu'il faut of‐ frir plus de choix aux conduc‐ teurs, mais n’a pas voulu pré‐ ciser sa pensée.

Les Ontariens, particuliè‐ rement dans le Grand To‐ ronto, paient les primes parmi les plus élevées au Ca‐ nada.

Le premier ministre Doug Ford et son ministre des Fi‐ nances répètent, pour le reste, qu’il n’y aura aucune hausse d'impôt, que l'objectif du gouverneme­nt est de re‐ mettre de l'argent dans les poches des Ontariens et de continuer à bâtir l'économie de la province.

Dans son budget précé‐ dent, la province projetait un déficit de 1,3 milliard de dol‐ lars pour 2023-2024, avec un retour à l’équilibre dès cette année. On ignore si cette pré‐ diction se concrétise­ra, mais Doug Ford a parlé la semaine dernière d’un exercice plutôt équilibré, sans offrir plus de précisions.

Lors d’une mise à jour sur les finances de la province en février, Peter Bethlenfal­vy a toutefois prévu que l'Ontario terminerai­t cette année fi‐ nancière avec un déficit de 4,5 milliards de dollars.

Après sa défaite devant les tribunaux, le gouverne‐ ment Ford continue par ailleurs de dédommager les travailleu­rs du secteur public en lien avec la loi 124, qui plafonnait leurs augmenta‐ tions de salaire. Au total, les indemnisat­ions pourraient coûter plus de 13 milliards de dollars, selon le Bureau de la responsabi­lité financière.

Logement et coût de la vie

À Queen’s Park lundi, les partis d’opposition ont dé‐ roulé leurs listes de priorités pour ce budget.

L’impact d’une mesure comme la réduction de la taxe sur l’essence reste mar‐ ginal, selon le député libéral Ted Hsu, qui souhaitera­it que le gouverneme­nt s’attaque de front à la hausse du coût de la vie. Une réduction de taxe, ça bénéficie aussi aux producteur­s d'essence parce qu’ils peuvent monter le prix, avance-t-il.

Pour le chef du Parti vert, Mike Schreiner, si la province veut vraiment aider la popu‐ lation à se déplacer à moindre coût, elle devrait ai‐ der les Ontariens à avoir ac‐ cès à un véhicule électrique et investir davantage dans les transports en commun, dans les tarifs et la fiabilité du réseau.

Mike Schreiner ajoute que pour aider les gens à épar‐ gner, le gouverneme­nt pour‐ rait proposer des incitatifs écoénergét­iques.

Ce gouverneme­nt parle beaucoup de tarificati­on du carbone. Mais il ne parle pas de la manière dont nous pourrions rénover les mai‐ sons pour aider les gens à économiser de l'argent en économisan­t de l'énergie ni de la manière dont nous pourrions investir pour rendre les transports en commun plus abordables, dit-il.

Le NPD, les libéraux et les verts s’entendent sur d’autres points : le gouverneme­nt Ford doit établir des cibles ambitieuse­s pour le loge‐ ment abordable, disent les partis d’opposition. Ils ré‐ clament aussi des investisse‐ ments importants dans les services de base, en santé et en éducation.

Avec les informatio­ns de Mathieu Simard

lundi un voyage fait en cati‐ mini.

Dans une déclaratio­n écrite transmise à Radio-Ca‐ nada, son porte-parole en matière de relations interna‐ tionales, Guillaume Cliche-Ri‐ vard, a estimé qu'il était ab‐ solument aberrant d'ap‐ prendre que le Québec, dans le contexte actuel, accentue ses relations [avec Israël] en formalisan­t les missions ter‐ rain de son bureau à Tel-Aviv.

QS tente depuis des mois de convaincre le gouverne‐ ment Legault de faire marche arrière dans ce dossier. Le parti a notamment déposé une pétition de presque 12 000 signatures, le mois der‐ nier, pour exiger la fermeture du Bureau du Québec à TelAviv, mais en vain.

À l'inverse, le gouverne‐ ment Legault fait valoir que la décision d'établir une pre‐ mière représenta­tion diplo‐ matique au Moyen-Orient a été prise bien avant l'assaut du 7 octobre, soit à l'été 2023, et que celle-ci doit nor‐ malement servir de porte d'entrée sur le continent.

Aussi l'ouverture du Bu‐ reau du Québec en Israël ne devrait « en rien » être per‐ çue comme une prise de po‐ sition dans le conflit israélopal­estinien, a encore assuré la ministre Biron, vendredi, lors d'une allocution devant le Conseil des relations inter‐ nationales de Montréal (CO‐ RIM).

L'établissem­ent d'une re‐ présentati­on diplomatiq­ue à Tel-Aviv dans les circons‐ tances actuelles demeure néanmoins une opération délicate en raison de l'oppo‐ sition d'une partie de la so‐ ciété civile.

Samedi, par exemple, des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Mon‐ tréal pour réclamer un ces‐ sez-le-feu immédiat et per‐ manent dans la bande de Gaza, mais aussi pour dénon‐ cer l'ouverture du Bureau du Québec à Tel-Aviv.

Alik Hakobyan a été nommé chef de poste du Bu‐ reau du Québec à Tel-Aviv le 18 septembre 2023. Il est aussitôt entré en fonction, a confirmé le cabinet de la mi‐ nistre Biron, lundi.

Le diplomate est, pour l'instant, le seul employé du Bureau du Québec à Tel-Aviv. L'objectif, fait-on valoir, est de faire en sorte que M. Hako‐ byan puisse s'installer gra‐ duellement en Israël pour y travailler à temps plein dès que possible.

l'Arctique pendant l'été, ajoute le fédéral.

Ces brise-glaces de pro‐ gramme assureront les ser‐ vices de déglaçage, escorte‐ ront les navires dans les eaux couvertes de glace et déga‐ geront la glace des ports et des quais, ce qui est essentiel pour les pêches commer‐ ciales.

Des équipement­s de re‐ cherche modulaires pourront également être placés sur les navires afin d'épauler la re‐ cherche. Aucun navire ne sera cependant dédié à la re‐ cherche arctique, tel que le réclame la communauté scientifiq­ue canadienne.

Les brise-glaces de pro‐ gramme en bref...

Maintien d'une vitesse de 3 noeuds dans 1,4 mètre de glace; Capacité de charge‐ ment général et de conte‐ neurs; Capacité de recevoir et de maintenir un hélico‐ ptère de taille moyenne; Au‐ tonomie de 20 000 milles nautiques sans ravitaille­ment à 12 noeuds; Possibilit­é d’ac‐ cueillir plus de 30 membres d’équipage et des équipes de programme de 34 per‐ sonnes; De 100 à 110 mètres de long; largeur inférieure à 23,8 mètres pour les Grands Lacs;

Source : Chantier Davie

En attendant le polaire

En plus des six briseglace­s de programme, Chan‐ tier Davie s'est aussi vu pro‐ mettre la constructi­on du se‐ cond brise-glace polaire de la flotte canadienne, aux côtés du John F. Diefenbake­r.

Ce dernier est en cours de constructi­on à l'autre bout du pays, au chantier Seaspan de Vancouver. Concurrent de longue date à Chantier Davie, l'entreprise a dévoilé une étape importante, le mois dernier.

Le chantier naval Seaspan a construit un bloc prototype pour tester les nouveaux procédés et outils néces‐ saires pour travailler avec l’acier spécial du navire, an‐ nonçait la Garde côtière ca‐ nadienne en février.

Ce bloc doit garantir à la garde côtière un navire à la fine pointe, capable de navi‐ guer aux latitudes arctiques les plus inhospital­ières. La constructi­on du bloc proto‐ type se concentre sur les dé‐ fis potentiels qui peuvent être rencontrés lors de la constructi­on utilisant de l’acier plus épais.

Chantier Davie devrait en théorie profiter des innova‐ tions réalisées chez Seaspan, si Ottawa lui confère comme prévu la constructi­on du deuxième. Selon le ministère fédéral, les leçons générales tirées de ce processus seront utilisées dans l’ensemble du programme des nouveaux brise-glaces polaires.

La Garde côtière cana‐ dienne détient les droits de propriété intellectu­elle sur la conception de base du briseglace polaire. Cette propriété intellectu­elle servira de base à la constructi­on des deux navires, indique Pêches et Océans Canada.

Seaspan doit pour sa part livrer son navire, annoncé bien avant celui de Davie, d'ici 2030. Chantier Davie, pour sa part, n'a toujours pas d'indication à savoir quand elle obtiendra le contrat de constructi­on pour son briseglace polaire.

Ententes et acquisitio­ns

D'ici l'arrivée des plus gros contrats, Chantier Davie continue de se positionne­r avec ses partenaire­s. Lundi, le ministre québécois de l'Éducation, Bernard Drain‐ ville, annonçait son intention de créer un programme de formation profession­nelle en constructi­on navale qui sera développé en collaborat­ion avec le Centre de services scolaire des Navigateur­s.

La Ville de Lévis, de son côté, prépare le terrain avec le gouverneme­nt du Québec pour la mise en place d'un pôle industriel priorisant l'in‐ dustrie maritime. Cette vo‐ lonté s'est concrétisé­e par l'achat récent des terres du défunt projet Rabaska.

Chantier Davie a de son côté fait l'acquisitio­n de Hel‐ sinki Shipyard Oy, l'automne dernier, avec une aide pro‐ vinciale de 67 millions $, sous forme de prêt. L'entreprise finlandais­e compte sur 400 employés et a sorti de ses cales près de 60 % de la flotte mondiale de brise-glaces.

Le chantier a enfin conclut une entente économique avec la Nation huronne-wen‐ dat, garantissa­nt des retom‐ bées économique­s pour Wendake.

Depuis 2015, le gouverne‐ ment fédéral a investi 2,2 mil‐ liards $ en contrats à la Davie sans qu’il fasse partie de la Stratégie navale pour entre autres la reconversi­on de brise-glaces achetés à l’étran‐ ger et pour la modernisat­ion de frégates.

cialiste des eaux de l’Univer‐ sité de la Saskatchew­an, les accumulati­ons sont par en‐ droits à un niveau de 150 à 200 mm plus bas que la nor‐ male. Cet expert étudie les effets du climat sur les res‐ sources d’eau dans les Prai‐ ries depuis des années.

À défaut d’importante­s précipitat­ions de neige et de pluie d’ici juin, le chercheur craint que les quantités d’eau qui s'écouleront des mon‐ tagnes au printemps soient largement insuffisan­tes pour répondre à l’ensemble des besoins en aval.

C’est ce qui nous a causé des ennuis avec la séche‐ resse l’an dernier et qui risque de se produire cette année encore.

John Pomeroy, spécialist­e des eaux de l’Université de la Saskatchew­an

L’eau, une ressource li‐ mitée à partager

En prévision d’un autre été de sécheresse sévère, le gouverneme­nt albertain a entamé depuis janvier des discussion­s avec les plus grands consommate­urs d’eau de la province.

En Alberta, près de la moi‐ tié des ressources en eau dis‐ ponibles sont allouées à l’irri‐ gation. La province est divi‐ sée en 11 districts d’irrigation et, ensemble, ceux-ci ont la priorité sur les ressources en eau disponible­s devant tous les autres secteurs de l’éco‐ nomie… même la consom‐ mation humaine.

L’allocation de l’eau dans la province est régie par un système de licences qui date de 1894. Les titulaires des permis les plus anciens ont priorité sur leurs cadets.

Historique­ment, lorsque la ressource est limitée, des ententes sont conclues entre les différents titulaires de permis pour partager les ré‐ serves d’eau disponible­s.

La province compte donc sur les districts d'irrigation pour partager leurs alloca‐ tions et éviter que le reste des Albertains subisse les ef‐ fets d’une pénurie majeure.

Légalement, à cause de leur droit d’ancienneté, les districts d’irrigation pour‐ raient exiger de recevoir leur pleine allocation d’eau […], mais nous ne le ferons pas, explique David Westwood, di‐ recteur général du district d’irrigation de St. Mary.

Le responsabl­e du plus vaste district d’irrigation au Canada affirme que les dis‐ tricts d’irrigation ont toujours reconnu l’importance de per‐ mettre à tous les autres sec‐ teurs de la société d’avoir ac‐ cès à l’eau dont ils ont be‐ soin.

Par ailleurs, il estime que les négociatio­ns amorcées en janvier avec le gouverneme­nt provincial et les autres titu‐ laires de licences vont bon train et qu’elles se déroulent dans un esprit de collabora‐ tion qui est très positif.

Des restrictio­ns inévi‐ tables

L’imposition de restric‐ tions d’eau semble toutefois inévitable, tant pour le sec‐ teur agricole que pour les municipali­tés.

Nous avons déjà avisé les producteur­s qu’il y a de fortes chances que nous soyons obligés de limiter les quantités d’eau disponible­s pour l’irrigation, affirme le di‐ recteur général du district d’irrigation de St. Mary.

Sur sa terre, Ryan Selk s’inquiète déjà des quotas qu’il pourrait se voir imposer. On a besoin d’une certaine quantité d’eau pour certaines cultures, fait-il valoir.

De son côté, la Ville de Calgary a déjà lancé une campagne de sensibilis­ation pour encourager sa popula‐ tion à économiser l’eau. De plus, elle prévient que des restrictio­ns d’usage à l’exté‐ rieur pourraient être impo‐ sées dès le mois de mai.

Dans le district de Pincher Creek, les restrictio­ns d’eau font déjà partie du quotidien de la population depuis l’été dernier.

Je ne crois pas qu’on pourra lever les restrictio­ns d’eau de sitôt. Il faudrait voir une augmentati­on majeure de nos réserves avant de pouvoir y songer.

David Cox, préfet district municipal de Pincher Creek

Pour sa part, John Pome‐ roy croit que la situation ac‐ tuelle est un bon exemple de ce qui attend les Prairies d’ici la fin du siècle. Les tempéra‐ tures, les précipitat­ions, le manteau neigeux : ce qu’on voit ressemble aux modèles de ce qui sera la norme dans environ 75 ans, constate-t-il.

Il estime qu’il faut ap‐ prendre de cet épisode, l’étu‐ dier et identifier où sont nos faiblesses. Apprendre à s’adapter à ces conditions, c’est notre meilleur espoir pour le futur, soutient-il.

pas assez de preuves. Pon‐ cak, lui, a maintenant la preuve qu’on a tenté de le faire taire.

Il s'est empressé de me faire savoir qu’il savait que j'avais envoyé la police contre lui, puis qu'il allait me faire la vie dure.

Sébastien Rioux, victime de cyberharcè­lement

Sur une période de 18 mois, Peter Poncak a harcelé sa victime à coups de com‐ munication­s violentes, écrites ou de manière ima‐ gée. Sur une période de deux ans, le documentar­iste a reçu entre 400 et 500 messages, tant des insultes que des montages d’images avec les photos d’enfance de Sébas‐ tien Rioux, trafiquées par Poncak pour y juxtaposer une arme.

Autant on pouvait dire "Do not feed the trolls" [Ne nourrissez pas les trolls] à l'époque, force est de consta‐ ter que cette technique ne fonctionne plus [aujourd’hui], constate l’expert Jean-Michel Berthiaume.

Le troll de Sébastien Rioux a finalement été arrêté le 4 août 2021. En mars 2023, il a plaidé coupable d'une accu‐ sation de harcèlemen­t crimi‐ nel.

Près de cinq ans après avoir envoyé le GIF en cause, Peter Poncak a quitté le banc du palais de justice de Ri‐ vière-du-Loup pour être em‐ mené derrière les barreaux. Sa peine : neuf mois de pri‐ son et trois ans de probation, une sentence considérée comme importante pour ce genre de cause. Si elle est pu‐ bliée, cette décision de la juge Luce Kennedy pourrait faire jurisprude­nce puisqu'il s'agit d'une des rares causes entendues en matière de cy‐ berharcèle­ment.

Les secousses de la cy‐ berviolenc­e

Les experts en santé pu‐ blique s’entendent : quelle qu’en soit la nature, les im‐ pacts des cyberviole­nces sont immenses. Parmi l’éven‐ tail de conséquenc­es : la dé‐ pression, l’idéation suicidaire, l’anxiété, un sentiment accru de vulnérabil­ité, l’aggravatio­n des problèmes de santé, des changement­s de personna‐ lité, la paranoïa, la toxicoma‐ nie, etc. La liste est longue.

Et même si son dossier est réglé aux yeux de la loi, Sébastien Rioux ressent un sentiment constant de culpa‐ bilité. Le documentar­iste avoue éprouver un senti‐ ment d’imposteur par rap‐ port à sa situation, qu’il considère comme privilégié­e comparativ­ement à celle des femmes, plus susceptibl­es d’être victimes de cybervio‐ lences.

Un rapport de l’Organisa‐ tion des Nations unies (ONU) publié en 2015 indique en ce sens que les femmes sont 27 fois plus susceptibl­es d’être harcelées sur le web. Dans le monde, 73 % des internaute­s féminines ont subi une forme de violence en ligne.

Plusieurs femmes ont d’ailleurs hésité à nous parler de leur vécu en matière de cyberintim­idation. C’est entre autres la peur de redevenir des cibles, de subir le ressac d’une autre vague de trollage, qui les a motivées à taire leur histoire.

Elles ont probableme­nt eu raison : en entrevue, Sébas‐ tien Rioux a avoué que son passage à Tout le monde en parle a carrément ravivé l’in‐ térêt de nouveaux trolls.

C’est pire qu’avant, a-t-il avoué.

Comprendre ses respon‐ sabilités

La cause qui a opposé Sé‐ bastien Rioux à Peter Poncak a certes fait du bruit en rai‐ son non seulement de la vio‐ lence des contenus qui ont été déposés en preuve, mais aussi de la sévérité de la peine imposée par la juge Kennedy.

Il faut toutefois tenir compte du fait que l’accusé avait de sérieux antécédent­s judiciaire­s, ce qui a été consi‐ déré comme un des facteurs aggravants au moment de négocier la sentence, ex‐ plique la procureure au dos‐ sier au Directeur des pour‐ suites criminelle­s et pénales (DPCP), Me Camille St-Pierre.

Cependant, dans les cas de harcèlemen­t en ligne, la peur instillée chez la victime et les conséquenc­es qui s’y rattachent sont loin d’être à sous-estimer, selon la procu‐ reure.

Peu importe l'intention derrière les propos, derrière ce qu’il a fait, [il n'en de‐ meure] pas moins qu'il l'a fait, que c'est criminel et que c'est inacceptab­le. Peu im‐ porte le nom qu’on lui donne - trollage ou non -, c’est un comporteme­nt qui est crimi‐ nel.

Me Camille St-Pierre, pro‐ cureure au DPCP

Malgré l’option judiciaire où les processus peuvent être longs et ardus -, la lutte contre le cyberharcè­lement et contre la cyberintim­idation doit être prioritair­e, disent des experts. Des pays comme la France sont large‐ ment en avance sur le Ca‐ nada à ce chapitre.

Pour Jean-Michel Ber‐ thiaume, responsabi­liser les gestionnai­res de plateforme­s en ligne pour contrer le trol‐ lage - et l’ensemble des cy‐ berviolenc­es - sera une ba‐ taille ardue. Et elle revient aux gouverneme­nts.

La majorité des gens qui s'adonnent au comporte‐ ment [du trollage] n'ont pas de moment de "brisure" qui leur permet de [comprendre] que ce qu'ils font est [mau‐ vais et nuisible], soutient le sémiologue.

Cette illusion de puis‐ sance est un leurre, un piège en fait, parce que dans ce sentiment de puissance se brouillent les limites que l'on franchit. Dans cette ivresse du pouvoir, on ne prend pas cette pause saine qui nous permettrai­t de constater qu'on est allé trop loin.

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