Radio-Canada Info

Des résidents vivant avec un handicap soulagés après une grève au Ten Ten Sinclair

- Catherine Moreau

À Winnipeg, des locataires de résidences pour per‐ sonnes handicapée­s sont soulagés puisqu'après 19 jours de grève, environ 150 employés de l’organisme Ten Ten Sinclair sont de re‐ tour en poste depuis mi‐ nuit lundi.

La grève, qui a commencé de handicap auxquelles l’or‐ ganisme procure des soins, selon le résident Tyler Bar‐ rett. Ils n’étaient pas du tout préparés, déplore-t-il.

Atteint de la paralysie cé‐ rébrale, il utilise un fauteuil roulant et, depuis 2011, il bé‐ néficie des soins de Ten Ten Sinclair. Ils savaient depuis septembre dernier que [les travailleu­rs] pouvaient tom‐ ber en grève.

Selon M. Barrett, bien que les locataires soient soulagés par la perspectiv­e d’un retour à la normale, certains d’entre eux déplorent la façon dont Ten Ten Sinclair a géré la si‐ tuation.

Le premier jour de la grève, Tyler Barrett raconte qu'il n’a pas reçu de soin et qu'il est resté coincé dans son fauteuil roulant pendant 24 heures.

Il affirme pourtant avoir appelé, la veille de la grève, la directrice générale de l’orga‐ nisme qui l’avait assuré qu’il recevrait bel et bien des soins à midi le 6 mars. Ils ne sont arrivés qu'à 11 h 30 le lendemain, lâche-t-il.

D’autres résidents, comme Lori Ross et Myles Taylor, se sont sentis aban‐ donnés par certains membres du conseil d’admi‐ nistration de Ten Ten Sinclair.

Ils ont failli à leurs respon‐ sabilités à l'approche de la grève et quand elle a com‐ mencé , soutient Myles Tay‐ lor.

Il qualifie le déploiemen­t des soins de contingenc­e d'échec complet, mais se dit tout de même reconnaiss­ant envers l’Office régional de la santé de Winnipeg (ORSW) et les diverses agences qui se sont mobilisées dans ce contexte.

Le lendemain du déclen‐ chement de la grève, l'ORSW, en partenaria­t avec Ten Ten Sinclair, a organisé une inter‐ vention d'urgence et du per‐ sonnel de l'agence a égale‐ ment aidé à remplacer les employés en grève.

Toutefois, Lori Ross dé‐ plore avoir dû faire appel à sa propre soeur puisqu’elle n’était pas à l’aise que la per‐ sonne envoyée pour l’aider à s’habiller un matin soit un homme, contrairem­ent à l’habitude. Vous ne saviez pas d'un jour à l'autre qui franchirai­t votre porte, notet-elle. On nous a dit que tout était organisé, mais ce n’était pas vrai.

Lori Ross

Mme Ross et M. Barrett veulent que les résidents soient à nouveau plus impli‐ qués et consultés dans le processus décisionne­l de Ten Ten Sinclair. Pour ce dernier, ceci inclut plus de contrôle quant à l’embauche des tra‐ vailleurs.

Quant à Lori Ross, elle rappelle que le site Internet de l’organisme vante son en‐ gagement envers le contrôle qu’ont les résidents sur leurs conditions de vie, mais elle affirme que ce n'est plus le cas depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Selon le Syndicat cana‐ dien de la fonction publique (SCFP), qui représente les tra‐ vailleurs de Ten Ten Sinclair, les employés de l'organisme étaient sans contrat depuis quatre ans.

Le nouvel accord com‐ prend un protocole d'accord visant à poursuivre les dis‐ cussions entre le SCFP, Ten Ten Sinclair et l’ORSW, qui fournit des fonds de fonc‐ tionnement à l'organisati­on à but non lucratif, sur le statut des établissem­ents au sein de l'ORSW.

La directrice générale de Ten Ten Sinclair, Debbie Van Ettinger, n’a pas répondu à la demande de commentair­es de CBC/Radio-Canada au mo‐ ment de publier cet article.

Avec les informatio­ns de Erin Brohman et de Gavin Axelrod

peutes et les technicien­s en loisirs, offrent quotidienn­e‐ ment différente­s activités aux aînés, que ce soit de la marche, des activités de loisir ou des activités individuel­les, peut-on lire dans une décla‐ ration écrite de cet orga‐ nisme public régional res‐ ponsable des soins de santé.

De l’autre côté du fleuve Saint-Laurent, dans la région de Chaudière-Appalaches, le CISSS a plutôt décidé de mi‐ ser sur les kinésiolog­ues. Vingt postes à temps plein exclusivem­ent réservés aux CHSLD de la région viennent d'y être créés.

Incompréhe­nsion et dé‐ ception

Le président de la Fédéra‐ tion des kinésiolog­ues peine à s'expliquer la décision du CIUSSS de la Capitale-Natio‐ nale, surtout que des cas de réussite lui ont été signalés partout au Québec à la suite de l’intégratio­n des kinésio‐ logues dans les CHSLD. Des aînés ont vu leur décondi‐ tionnement physique freiné et leurs capacités accrues à la suite de l’interventi­on de ces spécialist­es.

On a vu des histoires à succès. Une plus grande en‐ durance musculaire pour res‐ ter debout, ça diminue le nombre de préposés aux bé‐ néficiaire­s nécessaire­s pour donner les soins, soutient Marc-Antoine Pépin. Ça dimi‐ nue le nombre d’infirmière­s nécessaire­s, donc ça permet d’alléger ailleurs.

À partir du moment où ils entrent en CHSLD, on sait que le niveau de condition physique diminue radicale‐ ment. Donc, c’est sûr qu’il faut faire quelque chose le plus tôt possible, dès l’entrée, pour [prévenir] le décondi‐ tionnement.

Marc-Antoine Pépin, pré‐ sident de la Fédération des kinésiolog­ues du Québec

Doutes et inquiétude­s

Des proches de résidents ont fait état à Radio-Canada de leurs inquiétude­s et de leur frustratio­n à la suite de cette annonce. C’est le cas d’André Lafond, proche ai‐ dant dont la mère, Ginette Maheux, habite un CHSLD de Québec. Il doute que les pré‐ posés aux bénéficiai­res aient le temps de s’attarder aux ca‐ pacités physiques de sa mère. Déjà, elle est limitée à un seul bain par semaine.

Ils nous disent que ça va être remplacé par les prépo‐ sés aux bénéficiai­res [...]. Moi, j’ai un doute raisonnabl­e compte tenu que ces gens-là sont déjà occupés à pleine capacité, explique André La‐ fond.

L’expression qu’on ne veut pas que ce soit des mou‐ roirs… C’est important de les garder [les aînés en CHSLD] le plus actifs possible.

André Lafond, fils et proche aidant d'une rési‐ dente en CHSLD

Ce proche aidant a an‐ noncé à sa mère que les vi‐ sites du kinésiolog­ue qui lui donnait du tonus seront choses du passé.

Ça me fâche dans le sens que présenteme­nt, on en‐ tend dire qu’ils ont réinjecté tant d’argent dans le réseau de la santé et qu’en même temps, on enlève des ser‐ vices.

Des préposés déjà dé‐ bordés

Le député de Québec soli‐ daire Sol Zanetti déplore lui aussi la décision du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

La prévention, ça coûte toujours moins cher que le curatif. Tout le monde le sait! lance le député de la circons‐ cription de Jean-Lesage, dans la région de Québec.

Si le CIUSSS a l’impression qu’il lui manque des res‐ sources, [...] il doit le dire au gouverneme­nt et le gouver‐ nement doit donner plus d’argent.

Sol Zanetti, député de Jean-Lesage, Québec soli‐ daire

Le politicien, qui a déjà travaillé comme préposé aux bénéficiai­res, rappelle que ces employés sont déjà dé‐ bordés par leurs tâches de base et qu’ils n’ont pas la for‐ mation universita­ire de trois ou quatre ans des kinésio‐ logues.

Les préposés aux bénéfi‐ ciaires font un travail extrê‐ mement important. Mais ils n’ont pas été formés pour prévenir le déconditio­nne‐ ment des aînés comme des kinésiolog­ues le sont. Ce n’est pas le même travail, souligne Sol Zanetti.

Le cabinet de la ministre responsabl­e des Aînés, Sonia Bélanger, a préféré laisser le CIUSSS de la Capitale-Natio‐ nale expliquer sa décision.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada