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Un auteur de propagande pour l’EI-K se qualifie de « canadien »

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Un auteur mystérieux qui fait de la propagande pour une branche afghane du groupe armé État isla‐ mique de Khorasan (EI-K) serait basé quelque part au Canada, estiment des ex‐ perts interrogés par CBC, qui croient que cela devrait inquiéter les autorités.

Plusieurs textes publiés dans le blogue Voice of Khu‐ rasan du groupe EI de Khora‐ san - le groupe qui a revendi‐ qué l’attaque qui a tué au moins 140 personnes à Mos‐ cou la semaine dernière sont signés Sulaiman Da‐ wood al-Kanadie.

Le terme arabe al-Kana‐ die, qui signifie le Canadien, a déjà été utilisé par plusieurs membres importants de l’or‐ ganisation qui étaient origi‐ naires du Canada.

Deux autres al-Kanadie

Farah Mohamed Shirdon, originaire de Calgary, est ap‐ paru dans une vidéo promo‐ tionnelle en brûlant son pas‐ seport canadien. Il a été l'un des premiers porte-parole du groupe à se faire connaître en ligne en 2014.

Mohammed Khalifa, qui vivait à Toronto, était connu comme la « voix de l’EI » en anglais dans les vidéos de propagande.

Publicatio­ns du Cana‐ dien

Dans un essai volumineux publié en juin 2023, Sulaiman Dawood al-Kanadie semble suggérer qu’il vit en toute dis‐ crétion dans un pays occi‐ dental. Il critique sévèrement les hommes musulmans en particulie­r où je vis qui sont plus enclins à porter des jeans moulants et à se bour‐ rer la face lors d’une collecte de fonds pour "Libérer la Sy‐ rie" ou "Libérer la Palestine" qu’à participer à un conflit armé pour le compte de l'EI.

Un mois plus tard, son nom apparaît dans un texte qui réclame une invasion dji‐ hadiste d’Israël, puis, en août, il déclare que l’Occident est de plus en plus hardi et qu’il a recommencé à opprimer et à tuer des musulmans, à brû‐ ler le Coran et à occuper des colonies musulmanes en Pa‐ lestine.

Sur les traces d’al-Kana‐ die

Riccardo Valle, directeur de recherche pour la publica‐ tion Khorasan Diary basée à Islamabad, a suivi al-Kanadie et d'autres membres du groupe EI-K et s’est fait pas‐ ser, en ligne, pour un sympa‐ thisant. Il a pris contact avec al-Kanadie et a montré à CBC News des captures d'écran de leurs discussion­s concer‐ nant son travail pour Voice of Khurasan.

M. Valle a aussi montré un profil Facebook inactif indi‐ quant qu'al-Kanadie est origi‐ naire de Toronto, mais qu'il vit à Laval, au Québec.

Il m'a dit qu'il était au Ca‐ nada, mais il ne m'a pas dit dans quelle région du pays, a déclaré M. Valle.

Amarnath Amarasinga­m, professeur adjoint à l'École de religion de l'Université Queen's et expert de l’EI, af‐ firme que les Canadiens, comme les autres anglo‐ phones, continuent d'être des recrues potentiell­es pour le groupe terroriste. Il croit aussi qu'al-Kanadie est cana‐ dien.

Les Canadiens ont tou‐ jours été au centre de la ma‐ chine de propagande du groupe armé État islamique depuis près d'une décennie, explique M. Amarasinga­m, qui a été en contact avec plu‐ sieurs agents canadiens de l’EI dans le passé.

Les autorités canadienne­s sont probableme­nt au cou‐ rant de son existence depuis longtemps, puisque même les chercheurs ont pu consta‐ ter sa proliférat­ion au cours des dernières années, ajoute M. Amarasinga­m.

Le chaos qui règne depuis quelques années en Afgha‐ nistan, depuis que les tali‐ bans sont revenus au pou‐ voir en août 2021, a permis à l’EI-K de se tailler une place solide dans le pays et d’inten‐ sifier ses opérations à travers le monde.

Selon Lucas Webber, co‐ fondateur du réseau de re‐ cherche Militant Wire, qui a suivi de près le groupe EI-K en ligne, le fait qu'un membre de l'EI s'identifie comme le Canadien peut alarmer les autorités.

Le fait qu'il ait pu opérer pendant si longtemps à une échelle aussi publique est préoccupan­t, affirme-t-il.

Je pense que l'attentat de Moscou, en particulie­r, change la donne et éveille la communauté internatio­nale à la menace, à l'ampleur de la menace, à laquelle le groupe armé État islamique, en particulie­r sa branche af‐ ghane, est confronté.

La GRC sera certaineme­nt très inquiète, car, à l'heure où les lignes de front du dji‐ had se transporte­nt sur d'autres scènes, les propa‐ gandistes de langue anglaise ont un fort potentiel pour at‐ tirer de nouveaux combat‐ tants à la cause, souligne M. Amarasinga­m.

Un groupe surveillé par le SCRS

Le Service canadien du renseignem­ent de sécurité (SCRS) a indiqué dans un communiqué envoyé par courriel qu'il gardait un oeil sur le groupe.

Le SCRS estime que les at‐ tentats terroriste­s se pour‐ suivront en 2024 à un rythme imprévisib­le, en partie à cause des événements mon‐ diaux, des messages de l'EI-K et des motivation­s indivi‐ duelles des assaillant­s, a dé‐ claré un porte-parole.

La GRC, qui est chargée de suivre et de déjouer les menaces terroriste­s au Ca‐ nada, n'a pas répondu aux multiples demandes de com‐ mentaires.

À écouter aussi :

AUDIO - L'EI-K, le nouveau visage de la menace djiha‐ diste

À partir d’un texte de Ben Makuch de CBC News

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