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Sport électroniq­ue : les joueurs et joueuses de partout s’affrontent à Vancouver

- Victoria Kopiloff

Les meilleurs joueurs et, de plus en plus, joueuses de sports électroniq­ues inter‐ nationaux sont rassemblés au cours des prochains jours au Centre des congrès de Vancouver pour l'événement Battle of BC 6, l'une des plus grandes com‐ pétitions de sports électro‐ niques au Canada.

Plus de 1700 participan­ts sont inscrits à l'événement pour s’affronter aux jeux vi‐ déo Super Smash Bros., Street Fighter 6 ou encore TEKKEN 8.

Parmi eux, les meilleurs joueurs nord-américains et européens de Super Smash Bros., une série de jeux vidéo de combat, vont tenter de remporter les 2388 $ promis au vainqueur.

En plus de la compétitio­n, les organisate­urs de Battle of BC 6 proposent au public de découvrir 25 stands d'expo‐ sants de produits dérivés de jeux vidéo. Un concours de costumade (cosplay) ou un tournoi de roche-papier-ci‐ seaux font également partie des activités au programme.

Un sport de réflexion

Une des femmes à concourir à l'événement do‐ miné par une communauté masculine, Zoey Marra, âgée 22 ans, participe pour la troi‐ sième fois à Battle of BC 6.

C'est certaineme­nt l'un des deux plus grands événe‐ ments qui ont eu lieu au Ca‐ nada après Toronto, s'en‐ thousiasme la joueuse.

La jeune Torontoise, qui a reçu sa première console de jeu vidéo à l'âge de 6 ans, a commencé la compétitio­n en 2019 en participan­t à des tournois organisés par son université.

Les sports électroniq­ues sont moins physiques que les sports traditionn­els, c’est plus un concours de ré‐ flexion, explique-t-elle.

Je pense que j'ai appris plus que je n'aurais pu pen‐ ser apprendre sur moi-même en jouant aux e-sports et en participan­t à des compéti‐ tions.

Zoey Marra, joueuse de sport électroniq­ue

Une discipline en voie de profession­nalisation

Si une poignée de joueurs arrivent à gagner conforta‐ blement leur vie, la majorité des compétiteu­rs doivent tra‐ vailler en parallèle de leur passion.

Il s'agit surtout de faire partie d’une communauté qui permet d’évoluer en tant que personne, explique Zoey Marra.

Classée au septième rang de la ligue des sports électro‐ niques de l’Ontario, Zoey Marra arrive à gagner quelques centaines de dol‐ lars par mois grâce à sa disci‐ pline.

Je gagne assez pour cou‐ vrir mes frais d’épicerie par mois. Ce n’est pas énorme, mais c’est agréable.

À écouter :

Quand les jeux électro‐ niques s'immiscent dans les Jeux olympiques

En plus de participer à des tournois, comme la majorité des joueurs de son sport, Zoey Marra a sa propre chaîne sur la plateforme de diffusion en continu Twitch.

Mes créations de conte‐ nus et mes vidéos où je me filme en train de jouer sur Twitch me permettent de ga‐ gner de l’argent en plus des gains des tournois, affirme-telle.

Autres sources de reve‐ nus, ses commandita­ires prennent parfois en charge une partie des frais liés aux compétitio­ns.

Une communauté qui se veut plus féminine

Pour inciter les joueuses à participer à l'événement Bat‐ tle of BC 6, les organisate­urs ont créé cette année un tour‐ noi parallèle appelé Queens Bracket, ouvert seulement aux femmes.

Selon Zoey Marra, ce genre d'initiative permet de féminiser sa discipline.

Je dirais que par rapport aux espaces masculins ou aux compétiteu­rs masculins dans le e-sport, nous sommes moins nombreuses, mais de plus en plus nom‐ breuses, explique Zoey Marra.

Il y a évidemment des gens qui ne sont pas ai‐ mables et qui sont encore sexistes ou discrimina­toires envers les joueuses, mais je pense que dans l'ensemble, les choses s'améliorent.

Zoey Marra, joueuse de sport électroniq­ue

Des discrimina­tions en‐ core présentes

Administra­teur à l'Acadé‐ mie Esports du Canada à Montréal, Philippe Ward ac‐ compagne de jeunes gar‐ çons, mais entraîne égale‐ ment deux jeunes filles qui jouent en compétitio­n.

Si selon lui le nombre de joueuses augmente, cer‐ taines attitudes discrimina‐ toires envers elles sont tou‐ jours à déplorer.

Quand les filles jouent "compétitiv­ement" sur un jeu et se mettent sur les commu‐ nications vocales, une fois qu’elles sont identifiée­s comme filles, des joueurs peuvent tout de suite com‐ mencer à les renier ou les in‐ sulter ou essayer de dire des commentair­es déplacés et ça décourage beaucoup.

Philippe Ward, administra‐ teur et instructeu­r à l'Acadé‐ mie Esports du Canada à Montréal

Pour encourager une pra‐ tique plus saine de ces sports, l'Académie Esports du Canada propose aux établis‐ sements secondaire­s québé‐ cois l'implantati­on de pro‐ grammes en sports électro‐ niques.

On essaie de prêcher l'en‐ cadrement des sports élec‐ troniques. Notre enseigne‐ ment touche plusieurs points, dont évidemment le temps d'écran, le décrochage scolaire, bien se garder en santé, l'activité physique et bien sûr avoir un comporte‐ ment respectueu­x envers le reste de la communauté, ditil.

Malgré la discrimina­tion à laquelle elle fait face parfois, Zoey Marra garde ses rêves de compétitio­n intacts.

Mon principal objectif à l'heure actuelle dans le jeu : atteindre le top 100 mondial!

En attendant, il est pos‐ sible de la voir jouer ainsi que les autres compétiteu­rs et compétitri­ces lors de l'évé‐ nement Battle of BC 6 qui se tient du 29 au 31 mars au Centre des congrès de Van‐ couver.

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