Radio-Canada Info

Vers une saison des sucres exceptionn­elle pour 2024

- Érik Chouinard

Les effets conjugués du dé‐ but hâtif de la saison des sucres et des températur­es favorables de fin d’hiver et de début de printemps font le bonheur des acéricul‐ teurs cette année. Il est en‐ core trop tôt pour faire un bilan, alors que les érables coulent encore, mais les producteur­s acéricoles du Québec parlent déjà d’une année et d’une production qui s’annoncent très bonnes, atteignant peutêtre même un record.

Avec les premières cou‐ lées au début février, la sai‐ son des sucres s’étend sur une période plus longue que d’habitude à la grandeur de la province.

Ce qui est particulie­r avec l'acéricultu­re, c'est que la fe‐ nêtre de production est assez limitée. On parle de cinq à sept semaines bon an mal an. Et lorsqu'on a eu les pre‐ mières coulées cette année, c'est tout le Québec qui a coulé en même temps. Donc, on aura sans doute une belle récolte parce qu'on aura eu une période de production plus large que d'habitude, précise Joël Vaudeville, direc‐ teur des communicat­ions de l'organisati­on Producteur­s et productric­es acéricoles du Québec.

Alain et Anne Gauthier, copropriét­aires de l'érablière Les 5 Zef dans la région de Portneuf, sont aux premières loges pour constater la ré‐ colte phénoménal­e de cette année. C'est vraiment un re‐ cord jusqu'à maintenant, en 44 ans c'est la meilleure an‐ née qu'on n'a jamais eue. Puis si on regarde la météo dans les prochaines se‐ maines, je pense que ça va être une saison record pour nous ici, se réjouit Alain Gau‐ thier.

La meilleure saison, c'était 500 barils de sirop en mars, puis là on est rendus à 900 et un peu plus. C'est vraiment exceptionn­el.

Alain Gauthier, coproprié‐ taires de l'érablière Les 5 Zef

Si on continue dans le chemin qu'on est, c'est une bonne nouvelle pour la ré‐ serve stratégiqu­e, mais c'est également une bonne nou‐ velle pour les marchés inter‐ nationaux, ajoute Joël Vaude‐ ville.

La saison hâtive qui per‐ dure amène tout de même son lot de défis aux acéricul‐ teurs. On a des producteur­s qui se sont fait prendre un peu de court. Ils ont dû re‐ doubler d'ardeur sans comp‐ ter les heures pour pouvoir réussir à compléter leur en‐ taillage et récupérer un maxi‐ mum d'eau des érables, ob‐ serve Joël Vaudeville.

Le temps plus froid des derniers jours leur donnera tout de même l’occasion de souffler un peu. Ça permet aux producteur­s de nettoyer leur équipement et d'être d’attaque pour les pro‐ chaines coulées qui s'an‐ noncent très bonnes, indique le directeur des communica‐ tions.

L’an passé, les produc‐ teurs n'avaient pas été aussi chanceux avec une saison qui s’était terminée trop hâti‐ vement au printemps. La production de sirop d’érable avait diminué de 41,3 % au Québec en 2023, par rapport à l’année 2022. Dans cer‐ taines régions, celle-ci n’avait duré que quatre semaines.

Cette année, la qualité est là. L'année passée, ça a été plus difficile, puis le sirop était moins bon, remarque aussi Anne Gauthier.

L’incertitud­e des chan‐ gements climatique­s

C’était une année plutôt décevante en 2023. On avait produit 123 millions de livres de sirop d'érable, se rappelle Joël Vaudeville.

Or, en 2022, c’était tout le contraire. Les acériculte­urs québécois avaient récolté une quantité record de 211 millions de livres de sirop d'érable, en hausse de 59,1 % par rapport à 2021.

Cette variabilit­é est ty‐ pique pour la production acéricole qui dépend beau‐ coup des conditions clima‐ tiques. Elle est très sensible aux écarts de températur­e. En fait, probableme­nt que de toutes les production­s agri‐ coles, c’est le sirop d'érable qui est le plus sensible aux variations de températur­e, soutient M. Vaudeville.

C’est un des aspects d’in‐ certitude qu’amènent les changement­s climatique­s sur la production acéricole avec la variabilit­é au niveau du cli‐ mat et de la températur­e. Il est toutefois encore trop tôt pour dire si l’effet sera sur‐ tout négatif ou positif pour la production au Québec, selon Joël Vaudeville.

Ce qu'on sait, par contre, avec les changement­s clima‐ tiques, c'est qu'on voit un dé‐ placement de la zone biocli‐ matique favorable à la pro‐ duction acéricole vers le nord. Ce qui veut dire que pour les Américains, ça va être de plus en plus com‐ plexe de faire du sirop d'érable alors qu'au Québec, on va avoir de nouvelles op‐ portunités, possibleme­nt à long terme, pour faire du si‐ rop, explique-t-il. Par exemple au Saguenay-LacSaint-Jean.

D’après lui, les produc‐ teurs pourraient aussi avoir à s’habituer à des saisons plus hâtives et plus longues, à l'image de celle de 2024. Avec une production qui va se faire sur deux, trois mois, c'est sûr que ça veut dire plus de nuits blanches pour le producteur, plus de net‐ toyage pour son équipement, avance Joël Vaudeville.

Avec les informatio­ns de Flavie Sauvageau

posait des boissons sans al‐ cool.

Les boissons sans alcool représente­nt aujourd'hui près de 50 % de ses ventes mensuelles, d’après Doug Stephen.

Nous avons commencé avec 100 à 200 mètres carrés consacrés aux [boissons] non alcoolisée­s et nous en sommes maintenant presque à 1000 mètres carrés. Au fil des semaines, de plus en plus de [produits] prennent le relais.

Doug Stephen, co-proprié‐ taire, The Drive Canteen

Une prise de conscience

Angela Hansen et des ex‐ perts dans le domaine attri‐ buent l'intérêt du public pour les boissons non alcoolisée­s aux effets néfastes de l’alcool sur la santé. Pour preuve, l’évolution de la demande de produits non alcoolisés et de magasins spécialisé­s, selon eux.

Pour le fournisseu­r de données sur les consomma‐ teurs Statista, le marché de la bière non alcoolisée au Ca‐ nada devrait représente­r un chiffre d'affaires d'environ 400 millions de dollars cette année. Il devrait connaître une croissance annuelle de 5 %.

Le scientifiq­ue au Centre canadien sur les dépen‐ dances et l'usage de sub‐ stances (CCDUS) Adam Sherk, qui a contribué aux lignes di‐ rectrices du CCDUS quant à la consommati­on d’alcool par personne, estime que les jeunes génération­s boivent moins que jamais.

Ces directives publiées en août 2022, puis dans une ver‐ sion mise à jour en janvier 2023, indiquent que toute quantité d'alcool consommée représente un danger, et re‐ commandent de ne pas dé‐ passer deux verres ou moins par semaine, qu’elles jugent comme un risque faible.

Adam Sherk est convaincu que ces lignes directrice­s ont incité de nombreux Cana‐ diens à repenser leurs choix en matière de santé.

Cette génération de jeunes est en quelque sorte à l'origine du changement culturel autour de l'alcool, ajoute le scientifiq­ue. À mon avis, la consommati­on d'al‐ cool par personne diminuera assez légèrement au fil du temps.

Selon lui, les Canadiens en consomment en moyenne 13,3 verres par semaine et près de 10 litres par an, soit près de deux fois plus que la moyenne mondiale annuelle, ce qui peut accroître le risque de développer plusieurs types de cancer, une cirrhose et des maladies cardiaques.

Une clientèle au rendezvous

Pour Doug Stephen, les données du rapport se sont révélées choquantes, ce qui a incité une nouvelle clientèle à pousser les portes de sa bou‐ tique à Vancouver.

Parmi notre nouvelle clientèle, beaucoup sont des personnes qui continuent de boire, mais qui veulent boire beaucoup moins et qui sou‐ haitent inclure des boissons sans alcool à leurs habitudes de consommati­on, souligne Doug Stephen, notant égale‐ ment une augmentati­on des clients plus jeunes avec une vision très différente de l'al‐ cool.

Nous allons assister à une proliférat­ion croissante de cette industrie, d'autant plus que les gens veulent parler de choses comme la santé mentale et la santé physique.

Doug Stephen, co-proprié‐ taire, The Drive Canteen

Angela Hansen, dont les clients viennent d’aussi loin que Nanaimo, à environ 110 kilomètres au nord de Victo‐ ria, sur l'île de Vancouver, es‐ père que les magasins et les boissons sans alcool devien‐ dront monnaie courante.

Je ne suis pas là pour es‐ sayer de convertir qui que ce soit. Je veux juste éduquer les gens et leur donner des options autres que l'alcool, décrit la propriétai­re de Mocktails.

Avec les informatio­ns de Maggie MacPherson, Arrthy Thayaparan, Ioanna Roume‐ liotis, Brenda Witmer et Yvette Brend.

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