Radio-Canada Info

Éoliennes dans les champs : « Allez ailleurs! Ça crée des chicanes »

- Thomas Gerbet

Après un discours en‐ flammé du directeur géné‐ ral de l'Union des produc‐ teurs agricoles du Québec (UPA), jeudi, contre le déve‐ loppement d'éoliennes sur le territoire agricole, qu'il a qualifié d'« imbécile », le ministre de l'Agricultur­e du Québec André Lamontagne a été dans le même sens, en entrevue avec Radio-Ca‐ nada. Il s'oppose à ce que le garde-manger des Québé‐ cois serve à répondre aux besoins urgents d'HydroQuébe­c.

Alors que les projets d'énergie renouvelab­le se multiplien­t dans le sud du Québec, les agriculteu­rs n'ont jamais été aussi sollici‐ tés par des promoteurs qui veulent installer des éo‐ liennes dans leurs champs.

Et les agriculteu­rs québé‐ cois n'ont jamais été aussi tentés d'accepter ces éo‐ liennes, au moment où plu‐ sieurs vivent de grandes diffi‐ cultés financière­s et mani‐ festent leur désarroi.

C'est clair que les produc‐ teurs agricoles lèvent la main et ils en veulent, a dit le di‐ recteur général de l'UPA,

Charles-Félix Ross, jeudi, à l'occasion d'un colloque au sujet d'Hydro-Québec, orga‐ nisé par l'Institut de re‐ cherche en économie contempora­ine (IRÉC).

C'est pas mal plus payant, a-t-il expliqué, évoquant une redevance jusqu'à 35 000 $ par année pour héberger une éolienne, alors que pour la même superficie agricole, je ferais environ 2500 $ avec du maïs ou du soya.

On voit les promoteurs éoliens se promener un peu partout. C’est un vrai Far West.

Charles-Félix Ross, direc‐ teur général de l'Union des producteur­s agricoles du Québec

Allez ailleurs! implore M. Ross, mais pas sur les terres agricoles.

15 fois l'île de Montréal avec des éoliennes

Le plan d'action 2035 d'Hydro-Québec prévoit ajou‐ ter jusqu'à 9000 mégawatts (MW) de puissance électrique dans le réseau, dont au moins 1500 MW proviendra de parcs éoliens. Selon la so‐ ciété d'État, ça représente en‐ viron 15 fois la superficie de l'île de Montréal d'éolien ins‐ tallé.

À la lecture du plan d’Hy‐ dro-Québec, on s’est dit : "Ça n’a pas de bon sens, c’est dé‐ mesuré ce qu'ils veulent faire", a dit le directeur de l'UPA, lors de son discours.

S’ils veulent implanter ça en zone agricole, ça va être catastroph­ique, ça va être dé‐ structuran­t, a-t-il ajouté, rap‐ pelant que moins de 2 % du territoire québécois est agri‐ cole et que la province pré‐ sente le plus petit ratio de surface agricole par habitant de tout l'OCDE. Il faut le pro‐ téger comme la prunelle de nos yeux.

De plus en conflits plus de

Si l'UPA s’oppose au dé‐ ploiement de tout parc éolien non justifié en zone agricole, c'est avant tout pour les pro‐ blèmes de cohabitati­on. Ça crée de la chicane entre les citoyens, ça crée de la chi‐ cane entre les producteur­s agricoles, entre les produc‐ teurs agricoles et les ci‐ toyens..., constate M. Ross.

En Mauricie, les tensions sont déjà vives autour du projet de 140 éoliennes de

TES Canada. Le promoteur dénonce une campagne de peur de la part des oppo‐ sants, et les agriculteu­rs sont divisés. Des producteur­s agri‐ culteurs se disent intimidés à la fois par ceux qui veulent utiliser leurs terres que par des citoyens qui s'y op‐ posent.

En Estrie, le maire de Saint-Georges-de-Windsor a été suspendu de ses fonc‐ tions six mois par la Commis‐ sion municipale du Québec, parce qu'il ne s'est pas retiré d'un vote au sujet d'un projet éolien alors qu'il a été appro‐ ché par le promoteur pour héberger des éoliennes sur sa propre terre agricole.

À Salaberry-de-Valleyfiel­d, en Montérégie, l'opposition à un projet éolien a mené à son report, malgré un pré‐ jugé favorable de la Ville. Dans Lotbinière, des citoyens se sont mobilisés contre un projet éolien pour protéger les terres agricoles.

Au Québec, c'est le sec‐ teur privé qui développe les éoliennes pour le compte d'Hydro-Québec. On voit

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