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Les crabiers de Terre-Neuve-et-Labrador obtiennent 2,60 $ la livre

- Patrick Butler

À Terre-Neuve-et-Labrador, le prix minimum du crabe des neiges sera de 2,60 $ la livre pendant la saison à venir.

La commission respon‐ sable d’établir le prix des prises a tranché lundi, don‐ nant raison aux transforma‐ teurs et semant la grogne chez les pêcheurs.

La formule recommandé­e par le syndicat des pêcheurs FFAW-Unifor aurait donné un prix à environ 2,83 $ la livre au début de la saison, selon les documents soumis à la commission.

Dans sa décision, la com‐ mission indépendan­te in‐ dique pourtant que selon la formule de prix proposée par l’Associatio­n des producteur­s de fruits de mer (ASP), qui re‐ présente les usines de trans‐ formation, les pêcheurs ob‐ tiendront au moins 53,9 % de la valeur du crabe trans‐ formé.

Il y avait une meilleure fa‐ çon de procéder, a déclaré lundi soir Greg Pretty, pré‐ sident du syndicat, dont la propositio­n se basait sur un rapport indépendan­t publié en 2023.

Le rapport Blackwood suggère de payer aux pê‐ cheurs 80 % de la valeur du crabe non transformé au mo‐ ment du débarqueme­nt et de verser un deuxième paie‐ ment, à la fin de l’été, en fonction du prix moyen de toute la saison.

Le rapport note que le prix du crabe est souvent à son plus bas depuis le début de la saison, mais augmente pendant les semaines qui suivent.

Le travail a déjà été fait par Glen Blackwood dans son rapport, poursuit Greg Pretty. La formule Blackwood permettait aux pêcheurs de recevoir une part de marché équitable, mais elle a été abandonnée au profit d'une formule qui n'est pas liée à des informatio­ns auxquelles les pêcheurs peuvent se fier.

La formule du FFAW-Uni‐ for n’était pas exactement la même que celle du rapport Blackwood. Si le prix du crabe non transformé était inférieur à 3 $ au début de la saison, les transforma­teurs auraient à payer 100 % de la valeur du crabe aux pê‐ cheurs au moment du débar‐ quement.

Conditions rables en 2024 plus favo‐

La commission note que les conditions du marché se‐ ront plus favorables en 2024, comparativ­ement à l’année dernière, lorsque les pê‐ cheurs terre-neuviens n'ont obtenu que 2,20 $ la livre au début de la saison.

En avril et en mai 2023, il y avait encore des millions de tonnes de crabes de la saison précédente qui n’avaient pas été vendues. Les prix ont dé‐ gringolé pour que les dé‐ taillants puissent se débar‐ rasser du crabe entreposé.

Si les consommate­urs n’achètent toujours pas comme ils l’avaient fait pen‐ dant la pandémie, lorsque les restaurant­s étaient fermés et leurs revenus disponible­s étaient plus élevés, la com‐ mission soutient que le mar‐ ché se stabilise.

Si jamais les conditions du marché s’améliorent, le prix qu’obtiennent les pêcheurs pourrait changer en consé‐ quence, rappelle-t-elle dans sa décision.

Entente avec la province

Ce n’était pas que de mau‐ vaises nouvelles pour les pê‐ cheurs, lundi. Ces derniers ont enfin finalisé l’entente conclue avec la province pour argumenter la concurrenc­e chez les transforma­teurs.

La province leur fait quatre promesses. D’abord, il va permettre la vente du crabe terre-neuvien aux transforma­teurs de l’exté‐ rieur de la province, une me‐ sure qui favorise la concur‐ rence entre les usines, selon les crabiers.

Les pêcheurs disent qu’à l’heure actuelle, ils doivent souvent faire affaire avec une seule usine locale et que celle-ci peut donc leur dicter quand aller pêcher et la quantité de prises à débar‐ quer.

Les crabiers réclament une telle mesure depuis des décennies, mais il reste à voir si les transforma­teurs des Maritimes, qui devront obte‐ nir des permis et transporte­r le crabe sur des milliers de kilomètres, seront au rendezvous.

Le gouverneme­nt libéral s’engage aussi à augmenter les volumes de production aux usines de Terre-Neuveet-Labrador. Les limites sur la production seront éliminées à plusieurs usines, une pro‐ messe faite dans le contexte de l’augmentati­on du quota global du crabe des neiges, annoncée la semaine der‐ nière.

La province promet aussi de créer un comité composé de pêcheurs et de tra‐ vailleurs d’usine pour sur‐ veiller les volumes de pro‐ duction et la capacité des usines. Il s’engage à lancer d’ici le 1er septembre pro‐ chain un examen en profon‐ deur de l’industrie, dont la consolidat­ion et les acquisi‐ tions chez les transforma‐ teurs.

Les travailleu­rs d’usine en danger?

L’interdicti­on sur la vente du crabe terre-neuvien dans les Maritimes et les limites sur les volumes de produc‐ tion étaient censées protéger les emplois de la transforma‐ tion.

Le FFAW-Unifor indique pourtant qu’il n’y aura pas d’impacts sur les emplois

Jason Spingle, secrétaire­trésorier du syndicat, qui re‐ présente à la fois les pê‐ cheurs et les travailleu­rs d’usine, affirme que les usines dépendent beaucoup trop des travailleu­rs tempo‐ raires et qu’il doute des im‐ pacts de ces changement­s sur les employés actuels.

La saison de crabe ouvre le 6 avril dans la majorité des zones de pêche de TerreNeuve-et-Labrador.

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