Le réchauffement climatique menace la route d’hiver de Fort Chipewyan
La route d'hiver de Fort Chipewyan dans le nord-est de l'Alberta a été fermée pour la saison mardi der‐ nier et le hameau n'est dé‐ sormais accessible que par avion ou par bateau jus‐ qu'au gel de l'année pro‐ chaine.
Cela arrive chaque année, mais des habitants s'in‐ quiètent de l'avenir de la route de 177 km en raison du réchauffement climatique qui s'accentue au fil des années.
En effet, les hivers plus doux retardent l'ouverture de la route qui permet de re‐ joindre Fort McMurray et ré‐ duisent la durée pendant la‐ quelle elle est accessible.
À cause des températures plus chaudes, ce n'est géné‐ ralement pas avant la fin dé‐ cembre que la route ouvre, dit Keith Smith, directeur des travaux publics de la Munici‐ palité régionale de Wood Buffalo. Il y a 10 ans, elle au‐ rait été ouverte 110 jours. Aujourd'hui, la saison n'est environ que 90 jours.
Selon des données de la Municipalité régionale de Wood Buffalo, la saison des routes d'hiver a eu tendance à diminuer au cours de la dernière décennie
La saison la plus courte a eu lieu en 2020, lorsque la route n'a été ouverte que 82 jours.
Cet hiver, il a fait -20 de‐ grés Celsius pendant un cer‐ tain temps, puis nous sommes passés à 8 degrés. Ce qui, en soi, pose des pro‐ blèmes , dit Keith Smith.
Cette fluctuation est l'une des raisons pour lesquelles de nombreux habitants et commerces plaident en fa‐ veur d'une route accessible toute l'année. Ils ont besoin que les camions transportant leurs biens et carburants puissent circuler.
D’après Cathwyn Phil‐ potts, la directrice générale du marché K’ai Tailé de Fort
Chipeyan, transporter la nourriture en camion est 75 % moins cher qu’en avion.
Cependant, les tempéra‐ tures se réchauffent dans le nord du Canada, comme l’ex‐ plique Nathan Gillett, cher‐ cheur en climatologie à Envi‐ ronnement et changement climatique : L’hiver a été mar‐ qué par un réchauffement au Canada et plus particulière‐ ment dans le nord et l’ouest du pays, dont le nord de l’Al‐ berta. On a vu une hausse d’environ 5 degrés Celsius.
À ce rythme-là, le conseiller de la Première Na‐ tion Athabasca Chipewyan, Mike Mercredi, estime que Fort Chipewyan n’aura plus de route hivernale dans les 10 prochaines années.
Pour l’instant, la commu‐ nauté devra s’adapter aux saisons plus courtes, car la topographie de la région rend très compliquée la construction d’une nouvelle route.
D'après les informations de Charles Delisle