Le risque de sécheresse complique les prévisions pour l’industrie pétrolière et gazière
La sécheresse anticipée cet été pourrait compliquer les perspectives de croissance de l’industrie des hydrocar‐ bures de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, se‐ lon un rapport de la firme Deloitte Canada, publié mercredi.
La firme note que la pénu‐ rie d’eau pourrait toucher particulièrement les sites d’exploitation d’hydrocar‐ bures à la frontière nord entre l’Alberta et la ColombieBritannique.
Dans cette région, les en‐ treprises ont largement re‐ cours à la fracturation hy‐ draulique, une technique qui consiste à injecter dans la roche un mélange d’eau et d’additifs sous haute pres‐ sion.
La production de base a un besoin concentré en eau, et ce besoin est situé en plein milieu des zones les plus sèches au pays, note le rap‐ port de Deloitte Canada.
Les agences de réglemen‐ tation de la Colombie-Britan‐ nique et de l’Alberta ont déjà prévenu l’industrie qu'il pour‐ rait y avoir des risques au fait de réduire l’utilisation d’eau, voire de recourir à des me‐ sures d'interdiction.
La commission des ser‐ vices d'eau du comté de Mountain View, au nord de Calgary, a notamment inter‐ dit l'utilisation de l'eau po‐ table pour la fracturation hy‐ draulique.
Nous devons nous at‐ tendre à des restrictions sur l’utilisation de l'eau et cela veut dire que les entreprises devraient explorer d’autres solutions que les sources d’eau fraîche, explique An‐ drew Botterill, le responsable du pétrole, du gaz naturel et des produits chimiques de Deloitte Canada.
Des chères solutions plus
Selon le rapport de De‐ loitte Canada, cette séche‐ resse anticipée arrive à un mauvais moment pour le secteur qui a dans sa mire des objectifs de croissance.
L’achèvement prochain des projets d’infrastructures Trans Mountain et LNG Ca‐ nada permettra une hausse des exportations de pétrole et de gaz depuis la côte ouest du Canada et une augmenta‐ tion anticipée des revenus pour le secteur.
Andrew Botterill ne croit donc pas que l’industrie dimi‐ nuera sa production en cas de sécheresse grave, mais que la pénurie d’eau risque surtout d'accroître les coûts.
Payer pour transporter de l’eau, faire plus de recyclage d’eau, ce qui veut dire la trai‐ ter… Ce n’est pas aussi simple qu’avoir une canalisa‐ tion d’eau fraîche, explique Andrew Botterill.
Selon l’Agence de régle‐ mentation de l’énergie de l’Al‐ berta, seulement 1 % de l’eau utilisée pour la fracturation hydraulique était recyclé en 2022, et environ 3 % prove‐ naient de sources autres, comme un sous-produit de la production d’hydrocarbures.
L’industrie en mode so‐ lution
Dans une réponse par courriel, l’Association cana‐ dienne des producteurs pé‐ troliers note que l’industrie n’a utilisé que 0,18 % de l’eau non salée disponible en Al‐ berta et que l’utilisation de ses autres sources est en constante augmentation pour réduire le recours aux sources d’eau fraîche.
En plus, l’ACPP est en dis‐ cussion avec le gouverne‐ ment provincial de l’Alberta pour avancer d’autres solu‐ tions comme les transferts d’eau entre bassins, a écrit Ri‐ chard Wong, le vice-président aux activités de l’ACPP.
La province a également entamé des négociations sur le partage de l’eau entre les principaux détenteurs de permis.