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Politique 713 : un district scolaire anglophone se tourne vers les tribunaux

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Le District scolaire anglo‐ phone Est (DSAE) se tourne vers les tribunaux pour contester la révision de la politique 713, qui encadre l’orientatio­n sexuelle et l’identité de genre dans les écoles.

Le district a déposé un avis de motion préliminai­re, mardi en Cour du Banc du Roi à Moncton, contre la pro‐ vince et le ministère de l’Édu‐ cation et du Développem­ent de la petite enfance.

On peut y lire que le DSAE va bientôt intenter une pour‐ suite afin d'invalider certains changement­s apportés à la politique 713 par le gouver‐ nement Higgs en 2023.

Le DSAE va entre autres tenter de faire déclarer in‐ constituti­onnelles les sec‐ tions de la politique qui obligent les élèves de moins de 16 ans à obtenir le consenteme­nt parental pour que le personnel scolaire uti‐ lise le pronom ou le prénom de leur choix.

Il va argumenter que ces sections contrevien­nent à la Charte canadienne des droits et libertés, à la Loi constitu‐ tionnelle de 1982, à la Loi sur les droits de la personne du Nouveau-Brunswick et à la Loi sur l’éducation.

En attendant que ces questions soient réglées, le DSAE demande une injonc‐ tion interlocut­oire à la Cour du Banc du Roi. En gros, il souhaite que les tribunaux empêchent le gouverneme­nt Higgs de dissoudre le conseil d'éducation du district ou d’imposer l’applicatio­n de la politique 713.

La province et le ministère de l’Éducation n’ont pas en‐ core répondu aux documents déposés par le DSAE.

L’Associatio­n canadienne des libertés civiles, qui conteste cette version de la politique 713, a elle aussi in‐ tenté une poursuite contre le gouverneme­nt du NouveauBru­nswick. Plusieurs groupes ont récemment demandé le statut d'intervenan­t dans cette cause.

La majorité des districts n’ont pas changé leur propre politique

Par ailleurs, la majorité des districts scolaires au

Nouveau-Brunswick res‐ pectent leur propre politique sur l’orientatio­n sexuelle et l’identité de genre dans les écoles plutôt que la politique 713 du ministère de l’Éduca‐ tion révisée l’an dernier.

La plus récente version de la politique 713 sur l'orienta‐ tion sexuelle et l'identité de genre à l'école prévoit, entre autres, que l'utilisatio­n offi‐ cielle du prénom préféré et/ou des pronoms d’un élève de genre non binaire ou transgenre âgé de moins de 16 ans nécessiter­a le consenteme­nt parental. Des psychologu­es scolaires, des défenseurs de la jeunesse et des conseils d’éducation de district (CED) s'opposent à cette exigence.

Le ministre de l’Éducation, Bill Hogan, et le premier mi‐ nistre, Blaine Higgs, sou‐ tiennent que la politique 713 doit aussi protéger le droit des parents de jouer un rôle dans la vie de leurs enfants.

Les conseils d’éducation de district, dont les membres sont élus et sont habituelle‐ ment des parents, peuvent élaborer des politiques et des procédures à condition qu’elles soient conformes à la présente politique provin‐ ciale ou plus exhaustive, pré‐ cise la politique 713.

Tous les conseils, sauf ce‐ lui du District scolaire anglo‐ phone Nord, ont créé leur propre politique dès la der‐ nière rentrée scolaire. Le bien-être de l’élève LGBTQ+ y est prioritair­e. Toutes ces po‐ litiques accordent une cer‐ taine latitude aux ensei‐ gnants, qui seraient autorisés à utiliser verbalemen­t le pro‐ nom préféré de l’élève en classe si la participat­ion des parents est en préparatio­n ou est impossible.

Le ministre Hogan a en‐ voyé une lettre à six conseils en octobre dans laquelle il dit que leurs politiques contre‐ viennent à la Loi sur l’éduca‐ tion et sont incompatib­les avec la politique 713. Il a exigé qu’ils abolissent les leurs dans un certain délai.

Les trois districts scolaires francophon­es ont formulé conjointem­ent une politique qu’ils respectent tous. Elle re‐ pose sur les recommanda‐ tions du défenseur des en‐ fants et de la jeunesse, Kelly Lamrock. Elle prévoit que les enseignant­s respectent le pronom préféré de tous les élèves à compter de la sixième année. Pour les élèves plus jeunes, la déci‐ sion est prise au cas par cas.

Les districts scolaires an‐ glophones Sud et Ouest ont modifié leur politique respec‐ tive dans le délai prévu par le ministre Hogan, mais celui de l’Est a refusé.

La politique du District scolaire anglophone Est pré‐ voit que le personnel res‐ pecte le prénom et le pro‐ nom préférés de l’élève lors des interactio­ns quoti‐ diennes.

Ce respect des souhaits de l'élève sera étendu au fur et à mesure que des efforts seront déployés pour obtenir le consenteme­nt pour parler au parent, indique cette poli‐ tique. Le personnel de l'école ne peut pas refuser d'utiliser le nom et/ou le pronom pré‐ féré de l'élève comme moyen d'obtenir le consenteme­nt pour parler au parent.

Le District scolaire anglo‐ phone Est estime que sa poli‐ tique ne contrevien­t pas aux règles, car, selon lui, la poli‐ tique 713 ne précise pas ce qui doit se passer lorsque l’élève tente de communi‐ quer avec ses parents. Le conseil d’éducation du dis‐ trict juge que sa politique est donc plus exhaustive que la politique 713.

Bill Hogan promet des mesures « corrective­s »

Le ministre Bill Hogan est devenu plus insistant en fé‐ vrier. Il a soutenu dans une lettre adressée au District scolaire anglophone Est que la politique de ce dernier contrevien­t à la Loi sur l’édu‐ cation et il lui a donné jus‐ qu’au 28 mars pour la modi‐ fier. Sinon, M. Hogan l’a pré‐ venu qu’il prendrait en tant que ministre, les mesures corrective­s consistant à abro‐ ger la politique du district et à supprimer tous les exem‐ plaires du site Web du CED..

Le DSAE a indiqué qu’il ne changerait pas sa politique et il a demandé une réunion avec le ministre. Le ministère de l’Éducation affirme que des représenta­nts des deux parties se sont réunis le 27 mars et que la discussion de‐ meure confidenti­elle.

Le ministère ne précise pas les intentions du ministre quant aux autres districts scolaires qui ont une poli‐ tique incompatib­le.

Le District scolaire anglo‐ phone Est ne fait pas de commentair­e non plus à ce sujet, et sa politique figurait toujours sur son site Web mardi.

Avec des informatio­n de Pascal Raiche-Nogue et d’Ha‐ deel Ibrahim, de CBC

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