Une redevance de 30 $ pour aller aux Îles-de-laMadeleine dès le 1er mai
Après un an et demi de dé‐ marches, l’administration municipale des Îles-de-laMadeleine passe de la pa‐ role aux actes en implan‐ tant la Passe Archipel, une redevance touristique de 30 $ plus taxes qui sera per‐ çue durant la saison esti‐ vale.
Tous les visiteurs de 13 ans et plus qui n'ont pas de résidence principale ou se‐ condaire aux Îles et qui sé‐ journent dans l'archipel du‐ rant plus de 24 heures de‐ vront obligatoirement payer la Passe Archipel, entre le 1er mai et le 14 octobre.
Pour les familles, soit deux adultes jusqu’à un maximum de cinq enfants, le coût global de la Passe Archi‐ pel sera de 100 $ plus taxes.
Le maire des Îles-de-laMadeleine, Antonin Vali‐ quette, est d'avis que les sommes exigées ne sont pas exagérées. Je ne pense pas que quelqu'un va annuler son voyage aux Îles pour 30 piasses, lance-t-il.
Les gens seront invités à faire le paiement sur une pla‐ teforme en ligne pour obte‐ nir un code QR qui pourrait faire l'objet de vérifications à leur sortie des Îles, au quai ou à l'aéroport.
Les visiteurs et les tra‐ vailleurs qui se rendent fré‐ quemment aux Îles-de-la-Ma‐ deleine durant l’été devront payer la Passe Archipel chaque fois, mais pourront demander un rembourse‐ ment par la suite pour ne payer la redevance qu'une seule fois.
Les travailleurs saison‐ niers qui passeront l’été aux Îles et qui quitteront l’archi‐ pel avant le 14 octobre de‐ vront également payer la re‐ devance.
Le règlement municipal concernant l'implantation de la Passe Archipel sera adopté le 9 avril. Le projet de règle‐ ment a été entériné mercredi soir en séance extraordi‐ naire.
1 M$ de revenus antici‐ pés
Pour cette première an‐ née d'implantation, l'adminis‐ tration municipale estime que la Passe Archipel géné‐ rera un million de dollars de revenus additionnels.
Ces sommes seront ver‐ sées dans le nouveau Fonds de gestion durable du terri‐ toire et seront affectées ex‐ clusivement à trois usages spécifiques.
Que financera la Passe Archipel?
La gestion des matières résiduelles Le maintien et l’amélioration des infrastruc‐ tures récréotouristiques La mise en place et l’exploitation d'un parc régional sur les terres publiques
Selon le maire des Îles-dela-Madeleine, Antonin Vali‐ quette, la Passe Archipel est un outil de développement extrêmement porteur qui bé‐ néficiera autant aux touristes qu'aux contribuables madeli‐ nots.
C'est une opportunité pour la Municipalité de conti‐ nuer de développer ses infra‐ structures et ses services pour soutenir l'épanouisse‐ ment de notre destination, sans impacter davantage le fardeau fiscal des citoyens.
Antonin Valiquette, maire des Îles-de-la-Madeleine
Par exemple, les fonds ré‐ coltés grâce à la Passe Archi‐ pel pourraient financer l'ajout de toilettes publiques ou la collecte plus fréquente des poubelles dans des lieux touristiques.
M. Valiquette soutient que la redevance touristique est un outil de développement inestimable qui donnera une marge de manoeuvre et de l'oxygène dans l’élaboration du budget municipal.
En 2023, les importantes hausses de taxes des sec‐ teurs commercial et indus‐ triel ont suscité la grogne de plusieurs citoyens qui sont dorénavant plus nombreux à s’intéresser à la gestion des finances municipales.
Surveillance sur le ter‐ rain
La Municipalité des Îlesde-la-Madeleine reste toute‐ fois évasive sur les méthodes concrètes qui seront em‐ ployées pour s'assurer que les visiteurs payent la Passe Archipel avant de quitter les Îles et épingler les contreve‐ nants qui s'exposent à des amendes de 1000 $.
Antonin Valiquette affirme que des vérifications auront assurément lieu, mais que celles-ci pourraient être aléa‐ toires et non systématiques. La surveillance pourrait être effectuée par des agents mu‐ nicipaux ou encore des man‐ dataires.
On compte beaucoup sur la bonne foi des gens, in‐
dique Antonin Valiquette. Lorsqu’on impose un règle‐ ment, il n’y a pas toujours une vérification systéma‐ tique.
Le maire a indiqué qu’au‐ cune embauche pour assurer la surveillance sur le terrain n’avait encore été effectuée, puisque le règlement munici‐ pal concernant l’implantation de la Passe Archipel n’est pas encore adopté officiellement.
Antonin Valiquette sou‐ ligne aussi que plusieurs as‐ pects de la règlementation devront être testés sur le ter‐ rain.
L’année 1 ne sera pas par‐ faite. L’année 1 sert d’adapta‐ tion, d’implantation, d’ap‐ prentissage.
Antonin Valiquette, maire des Îles-de-la-Madeleine
Sur le terrain, au fur et à mesure, on va peaufiner, par‐ faire, regarder ce qui marche et ce qui ne marche pas, ajoute M. Valiquette.
Le maire soutient que la Municipalité des Îles-de-laMadeleine est la première au Québec à imposer une telle redevance, à travers un paie‐ ment en ligne.
On n’a pas de modèle sur lequel se baser pour une re‐ devance réussie à ce jour, af‐ firme-t-il.
Le maire souligne que l’exemple de Percé n’a pas été un succès, car la percep‐ tion de la redevance imposée aux commerçants a fait l’ob‐ jet d’un recours judiciaire et a été jugée illégale.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la Municipalité n’a pas voulu imposer le paie‐ ment de la redevance à un tiers, comme les transpor‐ teurs aériens et la CTMA, tel que c'était prévu au départ.
On préfère y aller de fa‐ çon plus sûre au niveau légal, soutient Antonin Valiquette.
Le maire est toutefois d’avis que la façon de perce‐ voir la redevance touristique pourrait évoluer en regard des observations qui seront faites cet été.
L'administration munici‐ pale a déjà affecté près de 180 000 dollars pour l'im‐ plantation de la Passe Archi‐ pel, notamment pour le dé‐ veloppement de la plate‐ forme de paiement en ligne. Ces sommes proviennent du Fonds régions et ruralité fi‐ nancé par le gouvernement du Québec.
Réactions mitigées citoyennes
Moins d'une dizaine de ci‐ toyens ont assisté à la séance extraordinaire du conseil de ville, mercredi soir, portant sur l'adoption de ce projet de règlement.
La période de questions a tout de même duré près d'une heure, car certains Ma‐ delinots ont demandé plu‐ sieurs précisions sur la Passe Archipel et exprimé leur opi‐ nion sur le sujet.
Je pense que ça va rendre les gens plus frileux et que les gens vont moins dépen‐ ser dans les commerces, dans les activités, a affirmé Jacky Poirier, porte-parole du comité Oui à une gestion mu‐ nicipale responsable. C’est une goutte de plus qui peut faire déborder le verre d’eau, avec l’augmentation du coût de l’essence et tout. Il ne faut pas banaliser les 30 $.
Moi, je suis pour, a rétor‐ qué un autre citoyen. Je suis très content de ce que vous avez présenté ce soir, je ne suis pas gêné du 30 $ que vous imposez aux visiteurs. Ce n’est pas toujours aux ci‐ toyens de payer pour les in‐ frastructures.
De son côté, Claude Bour‐ geois, propriétaire du Site d'autrefois, s'est inquiété de la façon dont la redevance touristique allait être perçue. Il faut faire attention pour ne pas que les touristes virent de bord, a-t-il mentionné.
Une autre dame a par ailleurs déploré que certains visiteurs aient à payer la Passe Archipel, même s'ils se rendent aux Îles pour assis‐ ter à des funérailles ou aller au chevet d'un proche ma‐ lade.
ment des bagages
L'aéroport sera aussi agrandi pour répondre à la demande. D’ici 2028, une je‐ tée satellite sera construite afin de permettre à davan‐ tage d'avions de se garer pour faire embarquer des passagers. Cette nouvelle installation doit contribuer à soulager le très achalandé terminal principal.
Le PDG d'Aéroports de Montréal a ajouté que des in‐ vestissements sont aussi pré‐ vus pour améliorer les instal‐ lations de traitement des ba‐ gages.
Les mois à venir ne seront pas toujours faciles, j’en conviens. Mais en 2028, je vous en donne l’assurance, nous serons dans une autre réalité. [...] Nous pourrons alors accueillir adéquate‐ ment les 25 millions de pas‐ sagers attendus.
Yves Beauchamp, PDG d’Aéroports de Montréal
Or, il faudra beaucoup d'argent pour mener à bien tous ces projets dans un dé‐ lai aussi serré et Yves Beau‐ champ en est conscient.
Estimant qu'ADM a les moyens de réaliser les inves‐ tissements annoncés pour 2028 malgré les importantes pertes de revenus subies pendant la pandémie, Yves Beauchamp reconnaît cepen‐ dant que de nouveaux outils financiers devront être trou‐ vés pour mener à bien les transformations plus impor‐ tantes prévues pour 2035.
Le grand patron d'Aéro‐ ports de Montréal s'est par ailleurs montré ouvert à l'idée de recourir à des capi‐ taux privés pour la réalisa‐ tion des projets. Une possibi‐ lité que la Chambre de com‐ merce du Montréal métropo‐ litain a d'ailleurs déjà évo‐ quée avec le gouvernement fédéral dans le cadre de ses consultations prébudgé‐ taires.