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L’augmentati­on de la taxe carbone critiquée dans l’est ontarien

- Amadou Barry

Comme un peu partout au pays, la hausse de la taxe carbone fait débat dans l’est ontarien, plus particu‐ lièrement dans le milieu agricole où on en craint dé‐ jà des conséquenc­es.

Le vice-président de l’Union des cultivateu­rs franco-ontariens (UCFO), Mi‐ chel Dignard, utilise du gaz naturel ou du propane pour les opérations de séchage de ses récoltes. Son choix est motivé par l’efficacité et l’abordabili­té de ces carbu‐ rants.

Le producteur agricole tout comme plusieurs autres utilisant ce type de combus‐ tibles au Canada est donc touché par la hausse du taux de la tarificati­on fédérale de la taxe carbone du 1er avril puisque ce sont uniquement l'essence et le diesel utilisés pour la machinerie qui sont exemptés de cette taxe.

Une hausse qui coûte cher

Cette augmentati­on pour‐ rait avoir une répercussi­on sur la production de M. Di‐ gnard, a-t-il expliqué en en‐ trevue dans le Téléjourna­l d'Ottawa-Gatineau, mercredi.

Le gros de l'impact, ça va être tout l'automne quand on va faire les récoltes pour le séchage. Avec [cette aug‐ mentation], ça va m'empê‐ cher de faire des investisse‐ ments pour améliorer mon séchoir à maïs.

Le vice-président de l’UCFO dit avoir été obligé d’investir 7000 dollars dans sa machinerie pour pouvoir adapter sa consommati­on. Cette année, il comptait s’équiper d’un ordinateur qui aurait pu lui permettre de faire des économies de 20 à 25 % en gaz naturel. Avec la hausse de la taxe carbone, c'est désormais impossible, a-t-il dit.

Si je n'avais pas [cette hausse de taxe] cette année, j'aurais investi et c'est un re‐ tour sur investisse­ment de quatre ans et demi, à peu près cinq ans. Je l'aurais fait parce que pour cinq ans je ne fais pas d'argent, mais l'ordinateur est là pour 20 ans, a-t-il indiqué.

Je ne fais pas d'investisse‐ ments parce que ça me coûte trop cher. Si on change de gouverneme­nt, ça va proba‐ blement lâcher j'espère.

Michel Dignard, vice-pré‐ sident de l’Union des cultiva‐ teurs franco-ontariens

M. Dignard reçoit une subvention gouverneme­ntale représenta­nt 20 % de ses dé‐ penses en carburant. Mais il juge cette aide insuffisan­te au vu de toutes les charges à payer.

Ça ne vaut rien parce qu'ils disent que c'est un pourcentag­e des dépenses qu'on a, a-t-il dit.

Le député Francis Drouin défend la taxe

Le député de GlengarryP­rescott-Russell - où se trouvent de nombreux agri‐ culteurs -, Francis Drouin, dit comprendre la colère des agriculteu­rs de sa circons‐ cription. Depuis 2019, il milite pour qu’il y ait une exemp‐ tion temporaire pour ces der‐ niers.

Je reconnais que le gou‐ vernement fédéral n'est pas le meilleur à implanter un système. Il y a des réalités di‐ verses dans les régions, a-t-il réagi en entrevue avec le chef d'antenne d'Ottawa-Ga‐ tineau, Mathieu Nadon, mer‐ credi.

M. Drouin se tourne éga‐ lement vers le gouverneme­nt provincial. Il souhaitera­it que l'Ontario propose un plan qui respecte les engagement­s de l'accord de Paris sur le climat et qui exempte les agricul‐ teurs jusqu'au moins en 2030, le temps que la techno‐ logie puisse s’adapter.

Notre secteur agricole est assujetti à l'exportatio­n, donc [cela concerne] nos grains si on veut les exporter. Plu‐ sieurs juridictio­ns à travers le monde parlent d'un tarif d'importatio­n si une juridic‐ tion n'a pas de prix sur la pol‐ lution, soutient le député fé‐ déral.

Je reconnais qu'il faut faire quelque chose mainte‐ nant, mais [...] prétendre qu'il n'y a rien qui va arriver d'ici 5 ou 10 ans quand notre sec‐ teur est porté vers l'exporta‐ tion, il va y avoir un enjeu, on va payer plus tard.

Francis Drouin, député fé‐ déral de Glengarry-PrescottRu­ssell

Francis Drouin insiste sur le fait que la tarificati­on car‐ bone sur l'importatio­n va ar‐ river, peu importe le gouver‐ nement qui sera en poste dans le futur au Canada parce que l'Union euro‐ péenne la mettra en place en 2026 et l'Angleterre en 2027. Selon lui, le Canada est donc obligé de suivre le pas en res‐ pectant ses engagement­s pour éviter de faire surtaxer ses exportatio­ns.

Le vice-président de l’UCFO trouve que les agricul‐ teurs font déjà assez pour la protection de l’environne‐ ment en changeant leurs mé‐ thodes, en étant moins pré‐ sents dans les champs et en réduisant les machines sur le terrain. Il regrette cependant que le gouverneme­nt fédéral ne les consulte pas davan‐ tage pour adapter les pro‐ grammes à leurs réalités.

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