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Le vol direct entre Sanikiluaq et Iqaluit prend fin

- Matisse Harvey

Les résidents de Saniki‐ luaq, la communauté la plus au sud du Nunavut, n’ont plus accès à un vol di‐ rect à destinatio­n et en provenance d’Iqaluit. Le dé‐ taillant alimentair­e Arctic Fresh, qui offrait la liaison aérienne depuis juillet 2021, affirme avoir été contraint d’y mettre fin à la suite d’« importante­s pertes financière­s ».

Jeudi, Arctic Fresh a an‐ noncé que cet unique vol di‐ rect entre Sanikiluaq et le reste du Nunavut ne serait plus offert à compter de di‐ manche. Le détaillant assure que les clients qui avaient un billet prévu au-delà de cette date seront remboursés.

Nous ne pouvions tout simplement plus continuer d’absorber des pertes finan‐ cières, affirme le directeur des ventes d’Arctic Fresh, Ryan Haggan.

Le détaillant alimentair­e avait initialeme­nt obtenu le contrat à la suite d’un appel d’offres lancé par le gouver‐ nement du Nunavut dans le cadre d’un projet pilote. Arc‐ tic Fresh a par la suite soustraité le transporte­ur aérien québécois Panorama Avia‐ tion pour assurer la liaison.

Les vols transporta­ient jusqu’à huit passagers une fois par semaine dans des Pi‐ latus PC-12, de petits avions capables d’atterrir sur des pistes d’atterrissa­ge de gra‐ vier, comme c’est le cas à Sa‐ nikiluaq. Le coût d'un billet aller-retour avoisinait les 2400 $.

Ces vols permettaie­nt de relier la collectivi­té des îles Belcher, dans le sud de la baie d’Hudson, à la capitale territoria­le en seulement 2 h 30.

Autrement, les résidents devaient passer par Winni‐ peg ou par Montréal. Ces iti‐ néraires, qui sont encore of‐ ferts par les compagnies aé‐ riennes Calm Air et Air Inuit, exigent un périple de plu‐ sieurs jours comportant des escales.

Manque de soutien nancier fi‐

Ryan Haggan affirme que la liaison aérienne battait de l’aile depuis que le gouverne‐ ment territoria­l avait cessé de la subvention­ner, au dé‐ but de 2023.

Durant quelques mois, nous sommes parvenus à at‐ teindre un certain seuil de rentabilit­é, ce qui était une bonne chose, mais il y a en‐ suite eu de nombreux mois durant lesquels nous avons enregistré une perte finan‐ cière importante, dit-il.

Nous avons contacté le [gouverneme­nt du Nunavut] à plusieurs reprises pour voir s’il était possible qu’il main‐ tienne son soutien [finan‐ cier], mais malheureus­ement nous n’avons pas obtenu de réponse, poursuit Ryan Hag‐ gan.

Dans un contexte de faible demande, le gouverne‐ ment territoria­l s’était initiale‐ ment engagé à payer pen‐ dant environ un an et demi la différence quand moins de six sièges étaient réservés sur un vol. Concrèteme­nt, cela signifiait que, dans le cas d'un vol sans aucune réserva‐ tion, les autorités débour‐ saient le coût de six places, tandis qu'elles payaient pour

trois places lorsqu'il y avait trois réservatio­ns.

À nouveau coupé du reste du Nunavut

L'agent principal d'admi‐ nistration par intérim de Sa‐ nikiluaq, Michael Rowan, croit que la suspension du vol est un retour à la case dé‐ part, puisque la communauté avait milité pendant des an‐ nées pour cette liaison di‐ recte avec la capitale territo‐ riale.

Le vol direct assurait un lien que les résidents de Sa‐ nikiluaq [...] avaient toujours voulu, mais il a toujours été difficile de l’établir puis de le maintenir, dit-il.

Selon Michael Rowan, les résidents s’en servaient sur‐ tout pour visiter des membres de leur famille, pour recevoir des soins médi‐ caux ou pour des voyages d’affaires.

Cela revient à être à nou‐ veau coupé du reste du Nu‐ navut.

Michael Rowan, agent principal d'administra­tion par intérim de Sanikiluaq

Il indique que le conseil municipal entend se pencher sur le sujet sous peu et sou‐ lever l’enjeu auprès, entre autres, de l’Associatio­n des municipali­tés du Nunavut et du député territoria­l de la cir‐ conscripti­on de la baie d’Hudson, Daniel Qavvik.

Joint par courriel, ce der‐ nier n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue avant la publicatio­n de cet ar‐ ticle.

Ryan Haggan affirme quant à lui qu’Arctic Fresh tente de trouver des solu‐ tions de rechange, mais qu’il sera difficile de se tourner vers d’autres options sans l’appui du gouverneme­nt ter‐ ritorial.

Si le [gouverneme­nt du Nunavut] s’engageait à utili‐ ser ce vol pour tous ses dé‐ placements profession­nels et tous ses déplacemen­ts médi‐ caux, je pense que cela facili‐ terait grandement la réussite de cette liaison aérienne, ditil.

Le ministère de l’Exécutif et des Affaires intergouve­r‐ nementales, ainsi que celui responsabl­e du Développe‐ ment économique et des Transports, n’ont pas été en mesure d’accorder d’entrevue à Radio-Canda et de ré‐ pondre à notre demande d’informatio­ns avant l’échéance.

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