Radio-Canada Info

Incident chez Glencore : une inspection du ministère 40 jours plus tard

- David Rémillard

Alerté un mois après les faits, le ministère de l'Envi‐ ronnement a mis un total de 40 jours avant de se pré‐ senter pour une inspection aux installati­ons por‐ tuaires de Glencore, à Qué‐ bec, à la suite d'un « inci‐ dent opérationn­el » sur‐ venu en décembre dernier.

Radio-Canada rapportait récemment que deux nou‐ veaux dépassemen­ts de la norme de nickel dans l'air ambiant sont actuelleme­nt à étude à la Direction générale du contrôle environnem­ental pour la Capitale-Nationale, au ministère de l'Environne‐ ment.

L'un de ces dépassemen­ts est survenu le 28 décembre 2023. Une station d'échan‐ tillonnage de la qualité de l'air du Port de Québec située sur la 3e Avenue, dans le Vieux-Limoilou, a mesuré une concentrat­ion de 160 na‐ nogrammes de nickel par mètre cube d'air. La norme quotidienn­e maximale est fixée à 70 nanogramme­s.

Ce jour-là, Glencore confirme avoir constaté un problème à ses installati­ons du secteur Beauport, où l'en‐ treprise transborde de la pentlandit­e et de la matte de nickel. Plus précisémen­t, le blocage d'une chute de char‐ gement serait en cause.

40 jours

Radio-Canada a appris que Glencore n'a pas rap‐ porté les faits au ministère de l'Environnem­ent immédia‐ tement, mais plutôt un mois plus tard. L'inspection, elle, n'a eu lieu qu'une semaine après le signalemen­t.

À la suite du signalemen­t reçu par Glencore le 30 jan‐ vier 2024 sur le bris d’équipe‐ ment le 28 décembre 2023, le ministère a procédé à une inspection le 6 février 2024 aux installati­ons de Glencore, indique Frédéric Fournier, porte-parole au ministère de l'Environnem­ent.

Autrement dit, il s'est écoulé 40 jours entre le bris et la visite de l'équipe gou‐ vernementa­le.

À savoir si Glencore a res‐ pecté le délai prescrit par la loi, M. Fournier évoque les articles 20 et 21 de la Loi sur la qualité de l'environne‐ ment. Quiconque est respon‐ sable d’un rejet accidentel, dans l’environnem­ent, d’un contaminan­t visé à l’article 20 ou d’une matière dangereuse doit, sans délai, en aviser le ministre, écrit-il.

Si le bris d’équipement provoque une possible émis‐ sion de contaminan­t ou un rejet de matière dangereuse, le responsabl­e des installa‐ tions brisées doit aviser le ministère sans délai.

Frédéric Fournier, porteparol­e, ministère de l'Envi‐ ronnement, de la Lutte contre les Changement­s cli‐ matiques, de la Faune et des Parcs

Québec refuse pour le moment de dire si des ano‐ malies ont été constatées au moment de l'inspection. Le dossier est toujours en ana‐ lyse. Le ministère évalue les manquement­s qui pour‐ raient être signifiés et n’écarte aucun recours.

Le lien entre le bris et le dépassemen­t de la norme n'est donc pas encore établi.

Ce processus de vérifica‐ tion peut prendre plusieurs semaines, voire des mois. À preuve, Glencore a déjà reçu un avis de non-conformité du ministère en février dernier, plus d'un an après les man‐ quements qui lui étaient alors reprochés.

Pas au courant?

Glencore assure de son côté avoir suivi les procé‐ dures et ne pas avoir indu‐ ment tardé à signaler le bris à ses installati­ons portuaires.

Conforméme­nt au proto‐ cole établi entre l’Administra‐ tion portuaire de Québec et Glencore en vigueur, nous avons informé le Port de Québec sans délai de cet inci‐ dent opérationn­el, le 28 dé‐ cembre dernier en matinée, affirme la multinatio­nale an‐ glo-suisse dans une déclara‐ tion écrite.

Glencore laisse également entendre qu'elle n'a pas eu connaissan­ce du dépasse‐ ment de la norme de nickel avant de recevoir les relevés de sa station de la qualité de l'air dans la communauté du Vieux-Limoilou.

Nous avons partagé les résultats de notre station d’échantillo­nnage de la 2e avenue au ministère de l’En‐ vironnemen­t, de la Lutte contre les changement­s cli‐ matiques, de la Faune et des Parcs dès leur réception, le 30 janvier dernier.,

Le Port de Québec confirme avoir été averti du bris survenu chez Glencore, le lendemain de l'incident. Tout comme la minière, l'Ad‐ ministrati­on portuaire de Québec dit ne pas avoir été au fait d'émissions de nickel dans l'air au moment de l'in‐ cident, les activités de Glen‐ core étant sous couvert en quasi-totalité.

Si les deux plus récents dépassemen­ts de la norme de nickel s'avèrent, le total passera à six depuis l'assou‐ plissement de la réglementa‐ tion québécoise, autorisée par le ministère de l'Environ‐ nement au printemps 2022.

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