Les ambulanciers d’Ottawa peuvent maintenant administrer le suboxone
Pour la première fois, les ambulanciers paramédi‐ caux d’Ottawa sont en me‐ sure d’administrer le su‐ boxone, une combinaison de buprénorphine et de na‐ loxone prescrite comme traitement de substitution pour les adultes ayant une dépendance probléma‐ tique aux opioïdes.
Auparavant, les ambulan‐ ciers paramédicaux pou‐ vaient seulement amener un patient à l’hôpital. Ce change‐ ment a été rendu possible en vertu d’un partenariat entre Santé publique Ottawa, l’Hô‐ pital d’Ottawa et le Centre de santé mentale Royal Ottawa.
Il sera aussi possible d’as‐ surer un suivi dans les 24 heures qui suivent, grâce au personnel du Royal, qui peut poursuivre le traitement au suboxone et élaborer un plan de soins personnalisé si le patient y consent.
L’idée derrière cela est la suivante : si les symptômes douloureux du sevrage sont pris en charge, cela permet d’envisager un traitement.
Après tout, il est difficile de réfléchir à la guérison lorsque le corps et l’esprit ré‐ clament le soulagement de l'inconfort et de la douleur liés au traitement d’une sur‐ dose d’opioïdes et au se‐ vrage, a expliqué le directeur des soins aux patients pour le programme de toxicoma‐ nie du Royal, Mike Souilliere.
Une peur terrible
Cette douleur peut être très intense. Même s’il n’en a pas fait l’expérience luimême, Mike Souilliere sait de quoi il parle. Beaucoup de ses patients lui ont raconté avoir l’impression qu’ils vont mourir, et qu’ils feront tout ce qu’ils peuvent pour éviter cette douleur.
Les gens partaient au mi‐ lieu de la nuit, pendant que leurs enfants dormaient dans leur lit, pour chercher des opioïdes, car la peur du se‐ vrage est vraiment forte, a-t-il donné en exemple.
Ce n’est pas quelque chose que l’on choisit. Votre cerveau décide simplement que c’est exactement ce que vous devez faire en ce mo‐ ment, a-t-il ajouté.
Surintendante des opéra‐ tions paramédicales à Ot‐ tawa, Logan Martin explique que le sevrage se manifeste par une douleur extrême dès qu’une personne se réveille après avoir reçu une dose de naloxone, un médicament qui permet d’inverser le pro‐ cessus de surdose.
Les symptômes com‐ prennent des douleurs arti‐ culaires, une peau rampante, des diarrhées, des nausées extrêmes, des vomissements et des frissons.
En aidant les gens à se sentir mieux, on les incite à penser à leur bien-être.
Personne n’est prêt à par‐ ler de l’avenir lorsqu’il se sent si mal, a dit Mme Martin.
Le suboxone n'a pas en‐ core été administré
Le programme est en place depuis seulement deux semaines, et en date du 3 avril, les ambulanciers n’avaient toujours pas admi‐ nistré une première dose de suboxone.
L’une des clés du succès est que notre communauté apprenne l’existence de ce programme et que des am‐ bulanciers paramédicaux se soucient de ces personnes, veulent les aider et les soi‐ gner, a détaillé Logan Martin.
Le fait de disposer de telles options atténue aussi le dilemme moral des ambu‐ lanciers, qui n’avaient qu’une seule solution, soit d’amener les patients dans la salle d’ur‐ gence d’un hôpital déjà dé‐ bordé, a-t-elle poursuivi.
De plus, les toxicomanes peuvent être stigmatisés à l’hôpital. Ils doivent aussi at‐ tendre près de 10 heures avant d’être soignés, et sou‐ vent, ce n’est pas l’endroit le plus approprié pour eux, a ajouté Mme Martin.
Une équipe d’interven‐ tion spécialisée
Le travail est effectué par l’Équipe d’intervention pour le bien-être mental qui a vu le jour en 2022.
Elle a pour mandat de faire le pont entre les ambu‐ lanciers paramédicaux et le personnel d’agences parte‐ naires pour répondre aux ap‐ pels 911 non violents et non criminels, notamment lorsque la santé mentale et la toxicomanie sont des fac‐ teurs contributifs.
Toute personne évaluée par les ambulanciers para‐ médicaux à la suite d'un ap‐ pel au 911 est admissible, si elle est intéressée.
Selon le Royal, cette ap‐ proche réduit les risques de surdose à court terme, tout en augmentant les chances de rétablissement à long terme.
Avec les informations de CBC News