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La question des drogues illicites dans les hôpitaux suscite des inquiétude­s en C.-B.

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Une note de service conseillan­t aux infirmière­s de ne pas empêcher des patients de consommer des drogues illicites à l’hô‐ pital suscite questions et inquiétude­s par rapport au projet pilote sur la décrimi‐ nalisation en Colombie-Bri‐ tannique et sur la sécurité du personnel hospitalie­r.

Durant la période de questions, mercredi, et de nouveau jeudi, l’opposition officielle a remis en question l’incidence de la politique de décriminal­isation des drogues illicites en ColombieBr­itannique sur la sécurité du personnel infirmier.

Citant une note officielle de l’hôpital Baker de Quesnel datant de juillet dernier, et dont CBC/Radio-Canada a obtenu une copie, dans la‐ quelle on conseillai­t aux infir‐ mières de ne pas empêcher les patients de consommer des drogues illicites, de ne pas fouiller dans leurs effets personnels et de ne pas confisquer d’armes s’ils en trouvent, la députée Shirley Bond a critiqué la politique du gouverneme­nt.

Quand le premier ministre accordera-t-il la priorité à la sécurité des infirmière­s et des autres patients et met‐ tra-t-il fin à sa dangereuse expérience de décriminal­isa‐ tion? a demandé la représen‐ tante du BC United, qualifiant la note de scandaleus­e.

Le mémo (en anglais), qui rappelle au personnel ses responsabi­lités envers les pa‐ tients et le fait qu’il n’est pas là pour faire le travail des forces de l’ordre, offre des exemples de choses qu’il peut et ne peut pas faire se‐ lon le contexte.

Le personnel NE DOIT PAS fouiller dans les effets per‐ sonnels, quels qu'ils soient. C'est illégal et cela justifie d'éventuelle­s accusation­s contre le personnel et consti‐ tue donc une infraction à si‐ gnaler.

Extrait de la note de l'hô‐ pital Baker de Quesnel en‐ voyée au personnel

On peut notamment y lire que le personnel ne doit pas retirer d’effets personnels (...) même s’il y a un couteau ou ce qui est considéré comme une arme de moins de 4 pouces de long, ou encore que les patients peuvent consommer des substances dans leur chambre quand ils sont à l’hôpital.

Pour l’opposition officielle, la note obtenue démontre que la politique de décrimi‐ nalisation met en danger le personnel hospitalie­r et de‐ vrait prendre fin.

Le ministre de la Santé, Adrian Dix, a indiqué que les recommanda­tions formulées ont depuis été remplacées. Il a aussi dit avoir embauché 320 agents de sécurité rela‐ tionnelle dans 26 hôpitaux offrant des soins critiques, pour assurer la sécurité du personnel hospitalie­r.

Par courriel, un porte-pa‐ role du ministère de la Santé a aussi confirmé qu’il est in‐ terdit de fumer ou de vapo‐ ter toute substance à l’inté‐ rieur des hôpitaux.

Le BC United persiste

À la période de questions, jeudi, Shirley Bond est reve‐ nue à la charge, citant un autre exemple où le person‐ nel soignant aurait été mis en danger.

La situation est devenue si grave que l'Hôpital général Victoria a été contraint d'ins‐ taller des alarmes de sécurité pour détecter la fumée toxique de fentanyl dans le départemen­t de maternité, a-t-elle souligné.

Imaginez-vous être infir‐ mière à la maternité, où une lumière clignotant­e signifie que vous devez maintenant vous précipiter pour trouver un respirateu­r pour vous protéger contre les vapeurs toxiques.

En réponse, le ministre de la Santé a réitéré que les armes n’étaient pas autori‐ sées à l’hôpital, et qu'il était aussi interdit d’y fumer. Ça ne veut pas dire que les règles ne sont jamais violées, a-t-il expliqué, mais les règles sont claires et elles sont justes.

Le syndicat des mières s’inquiète infir‐

En entrevue, la présidente du syndicat des infirmière­s et des infirmiers de ColombieBr­itannique, Adriane Gear, a dit soutenir le projet pilote sur la décriminal­isation, mais noter l’inquiétude de certains de ses membres.

En tant qu'infirmière­s, nous soutenons pleinement la réduction des méfaits, et nous croyons également que la décriminal­isation est im‐ portante, dit-elle. Les per‐ sonnes souffrant de troubles liés à la consommati­on de substances sont mieux ser‐ vies dans un milieu de soins de santé que dans un milieu criminel.

Adriane Gear avertit tou‐ tefois que la décriminal­isa‐ tion ne devrait pas mettre le personnel soignant en dan‐ ger, et que celui-ci ne devrait pas avoir à faire appliquer les mesures de sécurité sur son lieu de travail. C’est pourquoi son associatio­n exige un plus grand nombre d’agents de sécurité et davantage d’équi‐ pements de protection indivi‐ duelle.

Le syndicat des infirmiers et infirmière­s de ColombieBr­itannique voudrait en outre voir plus de centres de consommati­on supervisée dans les centres de soins de santé.

Une plus grande réduc‐ tion des méfaits nécessaire

Le directeur médical du Centre des maladies infec‐ tieuses de Vancouver, Brian Conway, est d'accord qu'il faut faire plus pour assurer la sécurité des infirmière­s, mais il croit aussi que la note de service dévoilée par le BC United aurait dû prioriser l’importance d’aider les pa‐ tients atteints de toxicoma‐ nie en leur offrant des op‐ tions de traitement.

On peut prendre là une occasion en or de leur parler de toutes les possibilit­és de traitement qui existent et les essayer, fait-il valoir.

Par courriel, un porte-pa‐ role du ministère de la Santé a confirmé que le personnel hospitalie­r est désormais en‐ couragé à offrir des informa‐ tions sur la réduction des méfaits aux patients qui consomment des drogues.

La note de l'hôpital, quant à elle, indique toutefois que dans certaines circonstan­ces, il sera raisonnabl­e d'adopter une approche prohibitiv­e lorsqu'il existe des raisons justifiées de rechercher et de retirer des substances à un individu pour sa propre sécu‐ rité ou celle d'autrui. Cette approche comprend égale‐ ment des admissions psy‐ chiatrique­s involontai­res ou des admissions pour le se‐ vrage.

Depuis fin janvier 2023, la possession de petites quanti‐ tés de drogues dures n'est plus considérée comme une infraction criminelle en Co‐ lombie-Britanniqu­e. Santé Canada a approuvé le projet pilote pour une durée de trois ans, soit jusqu'au 31 jan‐ vier 2026.

Avec des informatio­ns de CBC

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