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Jusqu’à 200 Néo-Brunswicko­is attendent longuement une cure de désintoxic­ation

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Le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, Bruce Fitch, estime que jusqu’à 200 personnes dans la pro‐ vince attendent de trois à huit mois pour recevoir un traitement de désintoxic­a‐ tion, alors que son gouver‐ nement prépare une loi qui forcera plus de gens à suivre cette cure contre leur gré.

Il est encore trop tôt pour estimer combien d’argent sera consacré à cette mesure lorsque la loi sera en vigueur, a indiqué Bruce Fitch à l'occa‐ sion d'un débat sur le budget de son ministère. Le projet de loi en question n’est pas encore déposé à l’Assemblée législativ­e.

Il est donc tout simple‐ ment prématuré de deman‐ der s’il y a de l'argent dans le budget pour un projet de loi qui pourrait être adopté ou non. Personne ne sait préci‐ sément ce que contient cette loi. Nous n'avons pas eu de débat. Nous n’avons pas eu d’amendement­s, a expliqué le ministre Fitch.

Le projet de loi donnerait aux autorités le pouvoir de forcer des sans-abris souf‐ frant d’une grave dépen‐ dance de suivre une cure de désintoxic­ation qu’ils le veulent ou non. Des juristes se demandent si cela viole‐ rait les garanties constitu‐ tionnelles contre la détention arbitraire.

La loi précisera la procé‐ dure à suivre et des profes‐ sionnels de la santé auront un rôle à jouer en la matière, selon le ministre de la Sécu‐ rité publique, Kris Austin.

Malgré cela, le premier ministre Blaine Higgs n'écarte pas la possibilit­é d'invoquer la clause dérogatoir­e de la Constituti­on dans le projet de loi, ce qui lui permettrai­t de contourner les disposi‐ tions de la Charte des droits et libertés.

L’opposition s’interroge

Je veux savoir comment le ministère de la Santé et le ministre s'attendent à ad‐ mettre plus de gens qui ne veulent peut-être pas d’aide, mais qui en ont assurément besoin, alors que nous avons déjà 200 personnes qui veulent cette aide, a déclaré le porte-parole du Parti libé‐ ral en matière de santé, Rob McKee, mercredi.

La députée verte Megan Mitton estime que forcer des gens à se faire soigner est in‐ sensé étant donné les res‐ sources existantes.

Le centre de traitement des dépendance­s du Réseau de santé Vitalité à Campbell‐ ton compte 18 lits et celui du Réseau de santé Horizon à Saint-Jean en a 16. Il est pos‐ sible que des personnes soient inscrites sur les deux listes d’attente, selon Bruce Fitch. Il a souligné que le budget 2024-2025 de son mi‐ nistère comprend 240 000 $ pour la planificat­ion d’un fu‐ tur nouveau centre qui dis‐ posera de 50 lits.

Nous voulons certaine‐ ment améliorer l’accès aux programmes et aux soins. C’est une grande priorité, a déclaré le ministre Fitch.

Rob Mckee se demande entre-temps si les personnes qui seront forcées de se faire soigner passeront avant celles qui attendent volontai‐ rement d’être admises.

Lorsque des gens veulent recevoir l’aide dont ils ont be‐ soin, ils devraient obtenir im‐ médiatemen­t un placement, a-t-il déclaré.

S'ils doivent attendre pen‐ dant des mois, le député libé‐ ral craint que leur état s’ag‐ grave entre-temps. Ils pour‐ raient perdre la vie si nous ne la traitons pas le plus tôt pos‐ sible, alors qu'ils souhaitent obtenir de l'aide.

Bruce Fitch accuse l’oppo‐ sition de sensationn­alisme au sujet du futur projet de loi qui sera présenté en mai par la ministre responsabl­e des services de santé mentale et de traitement des dépen‐ dances, Sherry Wilson.

D’après un reportage de Jacques Poitras, de CBC

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