Les visions prémonitoires de Laura St. Pierre : Tout ce que tu touches, tu le changes
L'artiste fransaskoise Laura St. Pierre présente une ex‐ position intitulée All that
You Change Changes You / Tout ce que tu touches, tu le changes au Musée d’art
MacKenzie jusqu'au 1er août. L'oeuvre de l'artiste remet en question le futur de notre environnement.
Les images grand format, réalisées entre 2018 et 2023, dépeignent des paysages post-apocalyptiques aux tons désaturés. On y observe les marges de lieux ordinaires, comme des abords d'une sta‐ tion-service ou des structures en béton puis des terrains laissés en friche.
Ces espaces extérieurs ré‐ vèlent des indices d'existence humaine, avec des construc‐ tions de fortune où des bâches en plastique transpa‐ rentes servent d'abris à des plantes, d'où s'échappe une lumière chaude.
Ces installations sont l'oeuvre du Rapailleur, un per‐ sonnage incarné par l’artiste, parfois visible dans ses pho‐ tos
L'installation vidéo Jardin spectral 2,avec ses projec‐ tions grand format, enve‐ loppe le spectateur dans un diptyque immersif.
À la façon d’un vivarium, des végétaux sont immergés dans de l’eau dans ce qui semble être le dernier refuge contre un incendie dévasta‐ teur. Un éclairage orange va‐ cillant et le crépitement d’un brasier invisible évoquent un monde, hors du cadre de l’image, au seuil de l’apoca‐ lypse.
Au coeur des espaces d'ex‐ position se trouve un canot composé de plastique trans‐ parent. Dans son habitacle, des branches ornées de bourgeons, des plantes lo‐ cales, évoquent simultané‐ ment une serre, un labora‐ toire et une culture in vitro.
Sous un éclairage artifi‐ ciel, ces rameaux continuent de croître, nourris par l'eau contenue dans le canot. Au long de l'exposition, elles s'épanouiront, offrant peutêtre une lueur d'espoir.
Un tel canot était au coeur de la performance présentée lors du vernissage, intitulée Les Porteuses, une réinter‐ prétation du conte canadienfrançais de la Chasse-galerie.
Dans cette vision futu‐ riste, trois femmes voyagent dans le temps afin de re‐ cueillir des spécimens de plantes des prairies, dans le but de reverdir leur monde futur et une terre devenue stérile.
Une référence afrofutu‐ riste
Le titre de l'exposition s'inspire de La Parabole du semeur, un roman de l'au‐ teure afro-américaine Octa‐ via Butler, dont les person‐ nages, déplacés par un cata‐ clysme, sont contraints de s'adapter à un monde boule‐ versé par des changements radicaux.
L'exposition est le fruit d'un partenariat entre le Conseil culturel fransaskois et le Musée d'art MacKenzie pour célébrer le cinquan‐ tième anniversaire du Conseil.