Radio-Canada Info

À 73 ans, le peintre acadien Yvon Gallant a toujours la flamme créative

- Jérémie Tessier-Vigneault

À 73 ans, Yvon Gallant a toujours une tonne d’idées plein la tête et le coeur à la peinture. Dans le cadre d'un série de reportage d'ICI Acadie sur le vieillisse‐ ment, il se plonge avec nos‐ talgie dans ses premiers rapports à l'art et s'inter‐ roge sur son legs et l'avenir de ses très nombreuses toiles.

C’est à la Galerie Art-Ar‐ tiste de Dieppe qu'Yvon Gal‐ lant accueille les visiteurs avec son sourire chaleureux.

Il travaille sur une nou‐ velle toile, il ne compte plus combien il en a fait, ni le temps qui passe. Il ne fait que créer tout simplement.

Sa carrière s’étale sur près de cinq décennies. Yvon Gal‐ lant a exposé plus de 80 fois en Acadie comme à l’étran‐ ger. Il a enseigné les arts vi‐ suels à l’Université de Monc‐ ton, il a été directeur de la Galerie Sans Nom de Monc‐ ton. Sa réputation n’est plus à faire.

Malgré les années et les réalisatio­ns, la flamme de la création brûle toujours en lui, même si le corps se fait de plus en plus sentir.

Il y a toujours quelque chose pour peindre about. Tu te promènes à Moncton n’im‐ porte où, il y a toujours des affaires. Tu pourrais faire 200 000 peintures et tu n’aurais pas tout fait. Des fois, tu fais une peinture et ça réveille quelque chose, explique l'ar‐ tiste.

« Même si t’aimes pas ma peinture, so what? »

Mais contrairem­ent à ses jeunes années, Yvon Gallant prend davantage son temps désormais. Sa philosophi­e? Les toiles viendront quand elles viendront.

Avec l'âge, il a également appris à se détacher de l'opi‐ nion du public sur ces toiles.

C’est fait, c’est là! Aimez les, aimez les pas, ça va rien changer. Le soleil s’est levé à matin, même si t’aimes pas ma peinture, so what?

Yvon Gallant

Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Des fois je faisais une toile et je me disais que personne n’allait aimer ça bien finalement tout le monde aimait ça et les toiles que j’aimais à la folie ben personne ne les aimait finale‐ ment.

Que la toile soit aimée ou non, le plus important pour lui c’est de ne jamais avoir l’impression de travailler, pour le reste, tout ira bien.

J’ai été voir une liseuse de fortune […] Elle m’a dit : "Toi Yvon, aussi longtemps que tu t’amuses, ça va aller. La mi‐ nute que ça devient une job, tu arrêtes, tu ne mets pas le même enthousias­me." J’ai trouvé ça quand même beau et c’est vrai. Je me rappelle que quand j’appliquais pour des bourses et que je les avais je me disais : "Maudit, maintenant je vais être obligé de travailler", raconte le peintre.

Nostalgiqu­e, Yvon Gallant se replonge dans ses souve‐ nirs et se remémore ses pre‐ miers contacts avec l’art.

Moi quand j’étais étudiant, il y a deux ou trois profes‐ seurs qui me disaient : "il ne faut pas que tu perdes ça!" Moi je disais : "Quoisse qui voulons dire?" […] Ils voulons tu ben dire que tu peux te ré‐ veiller un matin et c’est fini bye bye?

Yvon Gallant

Quel legs pour l'artiste?

L'artiste, l'un des pion‐ niers des arts visuels en Aca‐ die par sa capacité à rendre vivants ses sujets et ses pay‐ sages, laissera sans aucun doute son nom au temple de la renommée de la peinture en compagnie de peintres comme Roméo Savoie, George Goguen ou Herméné‐ gilde Chiasson.

L'artiste, qui n'a pas eu d'enfants, s'interroge ce qu'il adviendra de ses toiles.

Mes peintures , mes bé‐ bés et je les aime, je les aime beaucoup, mais un moment donné il faut les laisser par‐ tir.

Yvon Gallant

J’ai comme une réserve où j’ai entreposé mes oeuvres. Il y’en a au moins 300 là. C’est difficile de s’asseoir et de dire : "Quoisse ce que je vais lé‐ guer? Quoisse que je vais donner à qui?" […] Quand je parle à ma famille je dis, peut-être que vos enfants en voudrait. Ils pourraient s’acheter, une voiture, un té‐ léphone, mentionne t-il.

Le peintre ne se dit pas in‐ quiet pour la relève en art vi‐ suel en Acadie. Ils devront devront trouver leur propre voix pour raconter l'Acadie, comme Yvon Gallant sait si bien le faire.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada