Dans l’oeil d’Ivanoh : mes coups de coeur du World Press Photo
Pas moins de 3851 photo‐ graphes venant de 130 pays. Un total de 61 000 images soumises. Le World Press Photo a dévoilé cette semaine les 24 photos ga‐ gnantes de son concours régional annuel. Voici cinq coups de coeur qui illus‐ trent le meilleur du photo‐ journalisme.
Cette image est arrivée sur les fils de photos de l'Agence France-Presse et de Getty Images lors du puis‐ sant séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie, en février 2023, faisant plus des milliers de victimes.
Un homme qui tient la main de sa fille morte sous les décombres. Son regard, l’ampleur de la destruction et la main inerte sur le matelas suscitent une grande émo‐ tion chez quiconque voit cette image. Une photo qui va me hanter pour un bon bout de temps.
Un grand-père qui se tient debout dans l'eau avec son petit-fils. Ils sont presque submergés. L’endroit n’a pas été choisi au hasard. La hausse du niveau de la mer est dramatique et menace les habitants de l'île de Kioa, dans le nord-est des Fidji.
Le contraste élevé de cette image est assumé. La lumière de fin de journée est chaude et ajoute un élément esthétique. Le regard du grand-père et de son petit-fils témoigne de la situation ur‐ gente.
Chapeau à Eddie Jim qui a pris le temps de se mouiller… littéralement. Avec son appa‐ reil, le photographe a capté les détails sous la surface de l'eau, ce qui rend cette image originale et percutante.
L’image est bien cadrée. Les lignes sont droites, uni‐ formes. L'oeil se dirige auto‐ matiquement vers le jeune homme, en sandales, qui marche sur le toit d’un train de marchandises en mouve‐ ment.
La force de cette image, c’est que le photographe a capté le moment décisif. Le pied en l’air, entre deux wa‐ gons, ce migrant se dirige, à ses risques et périls, vers un avenir inconnu.
Alejandro Cegarra travaille depuis plusieurs années sur un projet colossal : documen‐ ter la longue route des mi‐ grants vers la frontière entre le Mexique et le Texas.
J’ai vu énormément d’images de la guerre entre le Hamas et Israël. Mais celle-ci se démarque par sa simpli‐ cité. Une femme marche seule en essayant de s’éloi‐ gner des décombres.
C’est simple, mais tout est là. La fumée qui émane en‐ core des ruines démontre l’ampleur de la destruction. Le ciel surexposé ajoute un air de fin du monde à cette photo déjà dramatique.
Mon clin d'oeil de la se‐ maine
Le photographe québé‐ cois Charles-Frédérick Ouel‐ let a remporté un prix pour cette image prise lors des in‐ cendies de forêt de l'an der‐ nier, dans le nord du Québec. Quelle nouvelle extraordi‐ naire!
Un pompier forestier, Théo Dagnaud, regarde vers l'horizon afin de repérer de la fumée. Cet examen visuel est nécessaire pour s'assurer que les feux dans un secteur donné sont bien sous contrôle.
Pour les médias, il est très difficile d’obtenir les accès nécessaires pour suivre les équipes de la SOPFEU. Mais Charles-Frédérick Ouellet était sur place parce qu’il est lui-même aussi pompier fo‐ restier, et il a su profiter de cet accès pour réaliser une photo remarquable.
Les squelettes de la forêt à l'arrière-plan montrent bien la dévastation. La masse noire du rocher, au centre, est surmontée par le pom‐ pier. Comment s’y est-il hissé? Intrigant.
L‘utilisation sobre du noir et blanc se prête bien à cette image. Contrairement à ce que l’on voit fréquemment dans les photos soumises à ce concours, le contraste a été utilisé avec modération. Bravo.
Charles-Frédérick Ouellet est le premier Québécois à réussir cet exploit depuis 25 ans. Le dernier Québécois qui avait été l’un des lauréats de ce prestigieux concours est le légendaire Roger Le‐ moyne (Bravo encore, Ro‐ ger!), qui avait documenté la guerre au Kosovo.
Les gagnants du concours mondial seront dévoilés le 18 avril prochain.