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Qu’est-ce qu’il y a dans le budget du Manitoba pour les francophon­es?

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Le gouverneme­nt néo-dé‐ mocrate de Wab Kinew af‐ firme que son premier bud‐ get place le Manitoba sur la voie de devenir une pro‐ vince « véritablem­ent bi‐ lingue ». Pour ce faire, il promet de modestes inves‐ tissements supplémen‐ taires en éducation, pour les municipali­tés bilingues et pour le secrétaria­t aux affaires francophon­es.

Le ministre du Sport, de la Culture et du Patrimoine et ministre responsabl­e des Af‐ faires francophon­es, Glen Si‐ mard, affirme que ce budget remet le Manitoba sur la bonne piste, sur tous les fronts, y compris pour la francophon­ie.

Nous avons vu ça tout partout dans notre budget, soit dans la santé, la justice, l’immigratio­n, les logements. On a rétabli les fondations nécessaire­s pour les munici‐ palités, pour tous ces groupes, pour être capables de planifier pour le futur. [Sous le précédent gouverne‐ ment] Il y avait un peu de chaos pour ces groupes-là. On ne peut pas avoir de grands projets sans avoir la stabilité, fait-il valoir.

Il y a une compréhens­ion, au sein du gouverneme­nt, de l'importance de la francopho‐ nie , estime pour sa part la présidente de la Société de la francophon­ie manitobain­e (SFM), Angela Cassie.

Elle affirme que ce budget est un pas en avant dans le financemen­t des services en français au Manitoba, même s’il manque des détails en ce qui concerne l’immigratio­n.

500 000 $ du renouvelle‐ ment d’une entente avec Ottawa

Le budget 2024 prévoit une augmentati­on du finan‐ cement du Secrétaria­t aux af‐ faires francophon­es de près de 500 000 $, en anticipati­on d’une nouvelle entente Ca‐ nada-Manitoba relative aux services en français.

Le montant annuel fourni dans le cadre de cette en‐ tente renouvelée tous les cinq ans, 1,4 million de dol‐ lars, n’a pas changé depuis 2009. Avec ce nouvel apport, le financemen­t devrait at‐ teindre environ 1,9 million de dollars par an durant cinq ans, selon Glen Simard.

Ça nous positionne dans notre départemen­t pour vrai‐ ment viser des projets pour améliorer les services en im‐ migration, améliorer les ser‐ vices en justice, améliorer les services en santé, affirme-t-il.

Le détail du budget des dépenses reflète une cer‐ taine augmentati­on du bud‐ get du Secrétaria­t de 260 000 $, passant de 5,2 millions de dollars en 2023 à 5,5 millions de dollars en 2024.

Compte tenu d’une hausse de financemen­t d’en‐ viron 500 000 $ provenant du gouverneme­nt fédéral, la province semble donc ré‐ duire sa part du financemen­t du Secrétaria­t. Glen Simard ne l'entend pas de cette oreille.

Ce n’est pas le cas. Ces ar‐ gents-là, ça fait partie d'un processus normal où il y a le même montant de person‐ nel, le même montant de programmat­ion qu'on avait avant. Nous allons ajouter à notre programmat­ion et on cherche à ajouter des per‐ sonnes pour faire le travail. Alors, c'est absolument une hausse.

Un sous-ministre bon marché

Nous fournisson­s du fi‐ nancement pour élargir le Bureau de l’éducation fran‐ çaise [pour en faire] une divi‐ sion à elle seule [du minis‐ tère]. Le poste de sous-mi‐ nistre adjoint qui a été éli‐ miné en 2018-2019 a été ré‐ tabli, souligne la province.

Au début du mois de mars, le gouverneme­nt a an‐ noncé avoir choisi René Dé‐ quier comme nouveau sousminist­re adjoint au Bureau de l’éducation française (BEF). Il était le directeur général adjoint de la DSFM.

Ce changement n’a rien coûté à la province. Le bud‐ get du BEF reste de 13,5 mil‐ lions de dollars en 2024.

Lors d’un breffage tech‐ nique budgétaire, un repré‐ sentant de la province a ex‐ pliqué que le coût du poste du nouveau sous-ministre adjoint bilingue n'est pas re‐ flété dans le budget, car il vient remplacer un poste précédemme­nt vacant au BEF.

100 000 $ de plus et des écoles sur la glace

La province indique dans le budget qu’elle fournit 100 000 $ à la Division scolaire franco-manitobain­e (DSFM) pour l’apprentiss­age à dis‐ tance pour les élèves d’écoles secondaire­s.

La DSFM confirme qu’il s’agit d'argent neuf, mais elle ne sait pas si la somme sera renouvelée chaque année.

Le gouverneme­nt confirme aussi le finance‐ ment continu de la construc‐ tion de la nouvelle école de la DSFM à Sage Creek.

Cependant, la province n’a pas inscrit la constructi­on de sept autres écoles au Mani‐ toba dans son budget. L’une de ces écoles promises par le précédent gouverneme­nt était une école française de la maternelle à la 12e année de la DSFM à Brandon.

Le ministre des Finances du Manitoba, Adrien Sala, a cependant assuré que la constructi­on des sept autres écoles n’est pas annulée, mais que la province n'a pas encore pris d'engagement à cet égard.

De l’argent pour le CCFM

Le gouverneme­nt promet aussi de l’argent pour le Centre culturel franco-mani‐ tobain (CCFM). L'établisse‐ ment est au coeur de la com‐ munauté manitobain­e, af‐ firme le document.

Le budget 2024 augmente le financemen­t de fonction‐ nement du CCFM pour aider à soutenir les organisati­ons francophon­es qui four‐ nissent des services et des programmes culturels aux ré‐ sidents francophon­es du Ma‐ nitoba, indique-t-il.

Étant donné que le CCFM est un organisme de service spécial de la province, son fi‐ nancement n’est pas fourni dans le budget des dé‐ penses.

Sans fournir de chiffres, le ministre Glen Simard indique que ce financemen­t va chan‐ ger le jeu pour le CCFM. L’ar‐ gent sera suffisant pour qu’il n’ait pas à revenir demander plus de fonds au gouverne‐ ment en fin d’année, comme cela a été le cas en 2021.

Cependant, il n’y aura pas de fonds provinciau­x cette année pour les rénovation­s au CCFM, selon le ministre. L’organisati­on souhaite effec‐ tuer des rénovation­s ma‐ jeures à l’occasion de son 50e anniversai­re, cette année.

Plus de fonds pour les municipali­tés bilingues

Le budget mentionne que le ministère des Relations avec les municipali­tés et le Nord fournit 100 000 $ sup‐ plémentair­es à l’Associatio­n des municipali­tés bilingues du Manitoba (AMBM). Ces fonds sont destinés à l’offre de services de traduction que l’AMBM offre aux municipali‐ tés désignées bilingues.

Il s’agit de la plus impor‐ tante augmentati­on de finan‐ cement pour ces services en plus de 20 ans.

Dans un communiqué, l’AMBM salue ce financemen­t et déclare qu’il permet, no‐ tamment, de préparer le ter‐ rain pour assurer un finance‐ ment pluriannue­l, prévisible et stable. Elle note toutefois qu’elle aimerait que son fi‐ nancement augmente lorsque la nouvelle Entente Canada-Manitoba pour les

services en français entrera en vigueur.

La province annonce aussi qu’elle lancera des consulta‐ tions pour rouvrir 2 des 21 centres de Société des ser‐ vices agricoles du Manitoba (MASC) qui ont été fermés par le gouverneme­nt précé‐ dent. Les centres bilingues de Sainte-Rose-du-Lac et de Saint-Pierre-Jolys ont notam‐ ment été fermés.

Le gouverneme­nt dit qu’il est trop tôt pour savoir si les centres qui rouvriront seront situés dans des communau‐ tés francophon­es.

Avec les informatio­ns de Patricia Bitu Tshikudi

gnée d’avance.

Sur la Colline, il entend certaines réticences à son projet de loi, notamment, parmi les rangs du Parti libé‐ ral au pouvoir.

Mon propre gouverne‐ ment, mon ministre de la Jus‐ tice sont assez réticents. Pour eux, ils voient quelque chose d’énorme, comme rou‐ vrir le Lac Meech.

René Arseneault, député libéral de Madawaska-Resti‐ gouche

Le député rassure que le changement qu’il propose est somme toute mineur. Il dit que l’article 44 de la Loi constituti­onnelle adoptée en 1982, permet au parlement seul et de façon exclusive de faire des modificati­ons mi‐ neures à notre constituti­on.

Mon projet de loi ne touche aucunement à l'archi‐ tecture constituti­onnelle. Il ne touche encore moins aux intérêts des provinces. Ça ne concerne que la colline du Parlement, ajoute celui qui représente sa circonscri­ption du nord du Nouveau-Bruns‐ wick depuis l’automne 2015.

Un air de déjà vu

Ce n’est pas la première fois que le député de Mada‐ waska-Restigouch­e se heurte à l’obligation de prêter ser‐ ment à la monarchie britan‐ nique.

Alors qu’il était étudiant à l’École de droit de l’Université de Moncton au début des an‐ nées 1990, il apprend qu’il devra prêter serment d’allé‐ geance à la reine Élisabeth II pour être admis au barreau du Nouveau-Brunswick.

C’est alors qu’il commence ses recherches et ses dé‐ marches afin de rendre op‐ tionnelle cette obligation, qui ne fait alors partie d’aucune loi ou règlement.

C’est au nom de ce pré‐ texte de serment au roi Georges III qu’on avait réussi à justifier la déportatio­n des Acadiens.

René Arseneault, député libéral de Madawaska-Resti‐ gouche

A l’été 1992, il fait partie d’une quarantain­e de diplô‐ més en droit souhaitant ac‐ céder au Barreau. Devant son refus de prêter serment, on lui interdit l'accès au Bar‐ reau et de pratiquer le droit au Nouveau-Brunswick. C’est une insulte à mes origines, avait alors déclaré ce fier aca‐ dien natif de Balmoral.

Après une longue bataille, il est finalement admis au Barreau à l’hiver 1993, deve‐ nant le premier avocat à le faire sans prêter serment au monarque.

Prochaines étapes

La deuxième lecture de ce projet de loi a débuté le 31 janvier dernier à Ottawa. Cette lecture devrait re‐ prendre le 9 avril, selon le dé‐ puté. Les parlementa­ires des diverses formations poli‐ tiques prendront ensuite po‐ sition sur la question avant d’en débattre.

Le vote devrait avoir lieu dans les jours ou les se‐ maines qui suivent.

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