Fin des vols canadiens en Haïti : angoisse pour des ressortissants toujours sur place
David Beauchamp, Sandrine Côté organisés par Affaires mon‐ diales Canada. Ils craignent notamment de prendre la route pour se diriger vers la capitale, Port-au-Prince, et d'être victimes de vio‐ lences ou d'enlèvements.
C'est le cas de Perpétue Sulney, une Canadienne d'origine haïtienne de 65 ans qui a voyagé en Haïti à la fin janvier avec ses deux soeurs, également canadiennes.
Retraitée du milieu de l'enseignement au Québec, dans lequel elle a travaillé pendant plus de 40 ans, elle s'est rendue dans ce pays des Antilles pour participer à un projet pédagogique avec des enseignantes de CampPerrin, son village natal, situé dans le sud-ouest d'Haïti.
Elle devait quitter le pays le 20 mars dernier, mais les violences causées par les gangs ont mené à l'annula‐ tion de tous les vols qu'elle a tenté de réserver depuis.
Mme Sulney dit mainte‐ nant se sentir en danger de mort, tout comme ses deux soeurs. La situation est d'au‐ tant plus critique qu'une d'entre elles, qui souffre d'in‐ suffisance cardiaque, a épuisé ses dernières réserves de médicaments.
Rongées par l'angoisse, ces trois femmes n'ont plus qu'un seul espoir : partir di‐ manche à bord du dernier vol de rapatriement organisé par Affaires mondiales Ca‐ nada (AMC) à partir d'Haïti. Seul hic : Mme Sulney affirme qu'il lui est impossible de se rendre à l'ambassade cana‐ dienne à Port-au-Prince, en‐ droit où Ottawa prend ses ressortissants en charge.
Un hélicoptère en par‐ tance de Port-au-Prince transportera dimanche les ressortissants canadiens jus‐ qu'à un endroit sûr en Haïti, gardé confidentiel pour évi‐ ter de compromettre la sécu‐ rité de l'opération. Ce dépla‐ cement ne comporte pas de frais pour les voyageurs. En‐ suite, un avion nolisé qui par‐ tira de ce lieu sûr transpor‐ tera les passagers à Mon‐ tréal. Les voyageurs devront payer le billet pour le vol vers le Canada, a indiqué ven‐ dredi Affaires mondiales Ca‐ nada.
Selon André François Gi‐ roux, ambassadeur du Ca‐ nada en Haïti, ce vol pourra transporter une centaine de personnes dimanche.
À ce chapitre, AMC a en‐ voyé un message samedi ma‐ tin à Mme Sulney pour lui confirmer que ses soeurs et elle-même étaient bien enre‐ gistrées dans le système et qu'elle serait tenue au cou‐ rant si des places deviennent disponibles à bord de ce der‐ nier vol.
Or, Mme Sulney, coincée dans le sud-ouest du pays, juge que le fait de prendre la route vers Port-au-Prince se‐ rait trop dangereux. Je ne veux pas mettre ma vie en danger et me faire kidnap‐ per, explique-t-elle.
Le gouvernement cana‐ dien lui a indiqué qu'il n'était pas responsable de ses dé‐ placements à l'intérieur d'Haïti et qu'il ne pouvait pas assurer sa sécurité.
Craignant de se rendre dans la capitale par ses propres moyens, Mme Sul‐ ney souhaiterait plutôt qu'un hélicoptère nolisé par Ottawa passe la récupérer à l'aéro‐ port des Cayes, qui se situe à 15 minutes de son village de Camp-Perrin.
Mme Sulney précise qu'elle-même et cinq autres personnes présentement coincées à Camp-Perrin sont même prêtes à acquitter les frais d'hélicoptère pour être transportées jusqu'à l'ambas‐ sade canadienne à Port-auPrince et pour éviter d'utiliser les routes, contrôlées par les gangs.
Nous sommes prêts à contracter et à assumer cette dette auprès du gouverne‐ ment fédéral. Nous paierons jusqu'au dernier sou, sou‐ tient-elle.
Des limites à l'opération de rapatriement
Questionné samedi par Radio-Canada, André Fran‐ çois Giroux s'est dit conscient que tous les Canadiens ne pourront pas monter à bord du dernier avion nolisé, parti‐ culièrement ceux qui sont coincés à l'extérieur de Portau-Prince.
C’est une opération [de ra‐ patriement] qui est centrée sur Port-au-Prince, où la ma‐ jorité de l'insécurité existe et où la majorité de la popula‐ tion se trouve également. [...] C'est les limites, honnête‐ ment, de l'opération qu'on est en train de mener.
André François Giroux, ambassadeur canadien en