Convention collective : les éducatrices somment le gouvernement de négocier
Près d’une cinquantaine d'éducatrices de la petite enfance se sont réunies sa‐ medi à Rouyn-Noranda pour rappeler au gouverne‐ ment du Québec qu’elles n’ont plus de convention collective. Leur syndicat promet d'additionner les moyens de pression si leur employeur tarde à négocier et à leur offrir de meilleurs salaires de base.
Munie de sa cape et de slogans syndicaux, l’éduca‐ trice Andréanne Veillette ad‐ met qu’elle est fatiguée de se battre depuis huit ans, date où elle a commencé à tra‐ vailler en CPE.
C’est dur de se battre pour des conditions de tra‐ vail, lance-t-elle. Et c’est aussi dur de se battre pour quelque chose qui est une évidence pour moi [...] Avec les années, je suis un peu tannée de me répéter, j’ai l’impression qu'on ne nous écoute pas [...] J’ai hâte qu’on puisse régler une fois pour toutes le dossier des 0 - 5 ans.
Nous sommes encore la deuxième technique la moins bien payée. Ce n’est pas inté‐ ressant avec le coût de la vie.
Geneviève Héroux, prési‐ dente du Syndicat local des intervenantes en petite en‐ fance de l'Abitibi-Témisca‐ mingue.
Bien visible près de la plage Kiwanis de Rouyn-No‐ randa, Andréanne est entou‐ rée de plusieurs autres inter‐ venantes, dont certaines cu‐ mulent 30 ans d’ancienneté.
À l’unisson, elles réclament toutes la même chose, soit une nouvelle convention col‐ lective, comme l’explique Ge‐ neviève Héroux, présidente du Syndicat local des interve‐ nantes en petite enfance de l'Abitibi-Témiscamingue.
Ça fait un an que nous sommes sans convention col‐ lective, rappelle-t-elle. Ça fait six mois que nous avons dé‐ posé nos demandes alors qu’il n’y a pas de retour sé‐ rieux qui se passe de leur côté.
Hausse salariale
Mme Héroux réclame des hausses salariales pour la centaine d'éducatrices qu’elle représente, ainsi que de meilleures conditions de tra‐ vail.
Nous avons des revendi‐ cations en lien avec les en‐ fants à besoins particuliers. Nous voulons avoir du meilleur soutien, car il y en a de plus en plus dans les mi‐ lieux. On veut aussi que le salaire d’entrée de base soit plus élevé pour attirer des éducatrices en CPE.
Je trouve qu’il y a beau‐ coup de retard de langage qu’il y a huit ans. Nous avons aussi plus d’enfants avec des diagnostics, comme le spectre de l'autisme ou des retards au plan moteur. Avec la pandémie, les retards de langage sont plus présents aujourd’hui qu’il y a trois ans.
Andréanne Veillette, édu‐ catrice
La secrétaire-trésorière de la Fédération des interve‐ nantes de la petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), Anne-Marie Bellerose, ajoute que des moyens de pression seront déployés progressive‐ ment tout au long du mois d’avril.
Au-delà de cette date, le syndicat examinera la possi‐ bilité d’entrer en grève si Québec ne leur présente pas sa première offre ou ne si‐ gnale pas, à tout le moins, son intention de bientôt commencer à négocier.
Je pense que les parents sont beaucoup derrière nous, ajoute Mme Bellerose. C’est sûr qu’on sort d’une grève du secteur public, mais maintenant on les sent avec nous, car ce sont des parents qui n’ont pas de service, car il y a un manque d’éducatrices et des bris de services. Sur une longue période, il peut y avoir un moment dur à pas‐ ser pour les parents, mais ils ont tout à gagner d'avoir de meilleurs services.
Le syndicat des interve‐ nantes en petite enfance de l’Abitibi-Témiscamingue est affilié à la FIPEQ-CSQ. Le syn‐ dicat regroupe environ une centaine de membres contre 11 000 membres à l’échelle du Québec pour la fédéra‐ tion.
D’autres rassemblements ont eu lieu à Montréal, à Québec et en Estrie sous le thème Des négos qui s’éTIREnt.