La maîtrise en enseignement délaissée au profit des nouveaux programmes courts
« Je suis très heureuse et soulagée. Un programme court adapté pour moi, je n’attendais que ça! » lance Siham Fairouz Chehat, qui enseigne le français langue seconde aux adultes depuis déjà cinq ans sans être lé‐ galement qualifiée, comme des milliers d’autres.
Elle s’était inscrite à l’au‐ tomne dernier à la maîtrise qualifiante à l’UQAM, dans l’espoir d’obtenir le brevet d’enseignement et de stabili‐ ser sa situation profession‐ nelle. Mais ce programme l’a vite déçue.
Cette maîtrise ne me convient pas. Je trouve qu’il y a beaucoup de points néga‐ tifs. La charge de travail est trop lourde, on me demande de refaire certains cours in‐ utilement, on ne reconnaît pas mon expérience sur le terrain, décrit-elle.
Bref, elle trouve les cours de cette maîtrise de 60 cré‐ dits à temps partiel trop théoriques, pas assez ancrés dans la pratique de l'ensei‐ gnement. Tous les jours, je me demandais si j’allais continuer cette maîtrise ou non.
Elle a donc sauté de joie en apprenant que les nou‐ veaux programmes courts de 30 crédits, des diplômes d’études supérieures spéciali‐ sées (DESS) développés par l’Université TÉLUQ, l’Univer‐ sité du Québec en Abitibi-Té‐ miscamingue et l’Université du Québec à Montréal, avaient été approuvés à la vi‐ tesse grand V par Québec via le projet de loi 23.
Ces programmes sont destinés à ceux qui en‐ seignent déjà dans les écoles du Québec, ce qui concerne une proportion significative de l’actuelle clientèle des maîtrises qualifiantes, des gens comme Siham Fairouz Chehat.
Maintenant, c’est sûr que je change de programme, as‐ sure-t-elle. Le DESS de la TÉ‐ LUQ me semble plus adapté aux besoins de ceux qui sont déjà en emploi dans les écoles. La formule à distance me convient. Et de ce que j’ai entendu, on peut vraiment appliquer ce qu’on apprend directement dans notre classe.
L’arrivée de ce pro‐ gramme court, ça me donne de l’espoir. Je vais peut-être rester dans le domaine [de l’enseignement] finalement.
Siham Fairouz Chehat
Pris l’écorce entre l’arbre et
Nicolas Poirier, lui, se trouve coincé. Il a démarré en 2019 la maîtrise quali‐ fiante en éducation présco‐ laire en enseignement pri‐ maire à l’Université de Mon‐ tréal, alors qu’elle était en‐ core au stade de projet pi‐ lote. Depuis, il a accumulé 45 des 60 crédits requis et de‐ vrait réussir à la conclure d’ici un an et demi, si tout va bien.
Il regarde avec beaucoup d’envie ceux qui ont la possi‐ bilité d’embarquer dans les programmes courts à moitié moins longs qui vont mener eux aussi, après une période de probation, au fameux bre‐ vet d’enseignement. Tant qu’à avoir été aussi loin, je vais continuer [la maîtrise], mais ça me semble interminable, confie-t-il.
Je me dis que si j’avais at‐ tendu, peut-être que je serais dans un programme qui pourrait me mener au brevet d’enseignement plus rapide‐ ment et de manière beau‐ coup plus compréhensive avec ma situation profession‐ nelle et familiale, ajoute celui qui attend son premier en‐ fant.
Je souhaiterais juste être dans le bon programme pour moi. J’aimerais ça avoir mon brevet avant d’arriver à l’âge de la retraite.
Nicolas Poirier
Il trouve difficile de se bu‐ ter à la rigidité du système, comme d’autres l’ont dé‐ noncé avant lui. Il a dû refaire certains cours qui, selon lui, auraient dû lui être crédités. Et il vient de décider, pour des raisons financières, de reporter le stage - non rému‐ néré - qui le rapprocherait de la fin de son parcours parce qu’il lui était impossible de le faire dans son milieu de tra‐ vail.
Par ailleurs, la non-admis‐ sibilité de cette longue maî‐ trise aux bourses Perspective Québec et les ratés du pro‐ gramme de bourses de per‐ sévérance compliquent en‐ core davantage les choses du côté financier.
Il souhaiterait que ceux et celles qui, comme lui, ont dé‐ jà effectué une bonne partie du parcours de maîtrise et qui ont de l’expérience ter‐ rain puissent bénéficier d’ex‐ ceptions pour obtenir leur di‐ plôme plus rapidement.
Ça serait intéressant que [l’Université] crée des paliers après tant de crédits, par exemple, et qu’[elle] mette en place un système de re‐ connaissance des acquis, pour faciliter notre diploma‐ tion et éviter l’exode vers les autres programmes de DESS, propose-t-il.
Désintérêt pour les maî‐ trises qualifiantes
Plusieurs universités ont remarqué dans les dernières années une baisse générali‐ sée de l’intérêt porté pour les programmes en enseigne‐ ment, qui se traduit notam‐ ment en une baisse du nombre de demandes d’ad‐ mission pour ceux-ci, particu‐ lièrement dans la région de Montréal.
Le phénomène semble particulièrement aigu pour les maîtrises qualifiantes, maintenant en compétition avec les nouveaux pro‐ grammes courts.
Récemment, la doyenne de la Faculté de l’enseigne‐ ment de l’Université de Mon‐ tréal, Ahlem Ammar, disait craindre un exode de ses étu‐ diants des maîtrises quali‐ fiantes en raison de l’arrivée des nouveaux DESS.
Entre 2022 et 2024, le nombre de demandes d’ad‐ mission à la maîtrise en en‐ seignement au secondaire et à la maîtrise en éducation préscolaire et enseignement primaire ont en effet chuté respectivement de 45 % et de 62 %.
Mme Ammar estime tout de même que ces maîtrises demeureront pertinentes et continueront d’attirer ceux qui souhaitent se qualifier avant d’aller sur le marché de l’emploi dans le milieu de l’enseignement. Il s’agit d’un profil qu’on ne doit pas perdre de vue et pour qui il faut continuer d’offrir des voies qualifiantes, car chaque personne qualifiée fait avan‐ cer les choses dans ce contexte de pénurie.
Elle pense que la maîtrise qualifiante devrait aussi de‐ meurer une voie privilégiée pour les enseignants non lé‐ galement qualifiés qui veulent sortir de l’université directement avec un brevet, les diplômés des nouveaux programmes courts devant, eux, effectuer un stage pro‐ batoire avant d’obtenir ce permis permanent d’ensei‐ gner.
À l’UQAM, le nombre de demandes d’admission pour la maîtrise en enseignement au secondaire a diminué de près de moitié entre 2021 et 2023. Les données pour l’au‐ tomne 2024 ne sont pas dis‐ ponibles, car les admissions sont toujours ouvertes pour ce programme, mais on craint que l’arrivée de pro‐ grammes courts concurrents fasse dégringoler les candi‐ datures.
J’ai toujours dit que les programmes courts repré‐ sentaient un risque particu‐
lièrement pour les maîtrises qualifiantes, confie Jean Bé‐ langer, le doyen de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM.
Même s’il s’est lancé, avec réticence et prudence, dans l’aventure d’un programme court, un DESS en enseigne‐ ment préscolaire/primaire, il est important que ceux-ci ne deviennent pas une voie de qualification permanente. Le débat n’est pas terminé. La majorité des universités sont encore contre ces parcours accélérés, rappelle-t-il.
Engouement anticipé pour les programmes courts
À l’Université TÉLUQ, on voit aussi une baisse de l’in‐ térêt pour la maîtrise quali‐ fiante en éducation présco‐ laire et enseignement pri‐ maire. Le nombre de de‐ mandes d’admission est passé de 329 pour la session d’automne 2022 à 127 pour celle d’automne 2023.
Pendant ce temps, leurs nouveaux DESS semblent avoir le vent dans les voiles.
À sa première année d’en‐ vol, le DESS en éducation préscolaire et enseignement primaire de la TÉLUQ a attiré 451 candidatures. Les admis‐ sions ne sont pas encore ou‐ vertes pour l’automne pro‐ chain, mais nous recevons beaucoup de demandes d’in‐ formations quotidiennement, écrit la directrice du service des communications de la TÉLUQ, Élisabeth Farinacci. Nous faisons un lien entre l’engouement pour la créa‐ tion de notre DESS [et la baisse du nombre de de‐ mandes d’admission] pour la maîtrise qualifiante, qui est plus longue, ajoute-t-on.
À l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), le nombre de candi‐ dats canadiens a baissé tant pour les baccalauréats que pour la maîtrise qualifiante en enseignement secondaire (passé de 36 en 2023 à 21 en 2024).
La baisse de demande pour la maîtrise peut avoir un lien avec l’arrivée des deux nouveaux DESS en en‐ seignement secondaire en français et en mathéma‐ tiques, selon la directrice du service des communications de l’UQAT, Stéphanie Du‐ chesne. Mais d’autres fac‐ teurs peuvent expliquer ces baisses d’intérêt, notamment la baisse démographique, le plein-emploi ainsi que l’image de la profession, énu‐ mère-t-elle.
Les deux nouveaux DESS en enseignement secondaire en français et en mathéma‐ tiques n’étant pas encore ou‐ verts aux admissions, il est trop tôt pour chiffrer l’en‐ gouement pour ceux-ci, mais une soixantaine d’étudiants ont été admis dès leur pre‐ mière année de démarrage, ce qui est de très bon au‐ gure, selon Mme Duchesne. On le sent, qu’on répond à un besoin, affirme-t-elle.
Assouplissements et ré‐ vision des maîtrises quali‐ fiantes en vue
Consciente des obstacles auxquels font face les étu‐ diants comme Nicolas Poi‐ rier, l’Université de Montréal vient d’annoncer qu’elle lève‐ rait certaines conditions sur les stages en emploi afin de s’assurer que ses étudiants ne seront plus amenés à quitter leur emploi pour ef‐ fectuer un stage non rému‐ néré.
Cet assouplissement, qui répond à la demande de notre population étudiante, a pu se faire grâce à une colla‐ boration avec les ministères de l’Éducation et de l’Ensei‐ gnement supérieur et s’appli‐ quera à toute personne en si‐ tuation d’emploi à partir de l’automne 2024, se félicite Ahlem Ammar.
On veut que les pro‐ grammes [de maîtrise en en‐ seignement] soient aussi per‐ formants que possible et qu'ils répondent aux besoins des personnes qui s’y ins‐ crivent. On s’aperçoit qu’à l’usure, ce n’est pas aussi simple [que souhaité] pour les étudiants. Donc il faut faire preuve d’un peu de flexibilité.
Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal
À l’UQAM aussi, des dis‐ cussions sont en cours pour s’assurer de maintenir l’at‐ tractivité de leur maîtrise qualifiante en enseignement secondaire et répondre à des critiques comme celles de Si‐ ham Fairouz Chehat.
M. Bélanger confie que son établissement est en train de réfléchir à une nou‐ velle proposition de maîtrise au secondaire. Les critères d’admission, très restrictifs, pourraient être élargis pour reconnaître d’autres bassins de compétences. Et le nombre de crédits à obtenir pourrait être diminué pour éviter certains dédouble‐ ments dans la formation, ajoute-t-il. Tout ça n’est pas arrêté et formalisé encore, mais les discussions vont bon train.
Je suis sensible à la réalité des gens qui sont au travail, qui ont une famille et qui veulent se former en même temps. Je sais que c’est lourd. Mais je suis aussi sensible à la responsabilité sociale d’of‐ frir une formation de qualité et un brevet qui corres‐ pondent à un niveau de com‐ pétence attendu par la so‐ ciété.
Jean Bélanger, doyen de la Faculté des sciences de l’édu‐ cation de l’UQAM
salle remplie d'aînés et de survivants [...] Ils pourraient vous raconter toute la nuit ce qu'ils ont vécu. [La distribu‐ tion de ce livre] leur fait telle‐ ment mal qu'ils revivraient [leur expérience au pension‐ nat], juste pour vous le faire savoir.
Clifford Lebrun, chef de la Nation dénée de Lhtako
La femme du maire à l'ori‐ gine de cette controverse s’est excusée pour ses actes. Je crois à l'amour et non à la haine, a déclaré Pat Morton.
L'une des contributrices du livre, Frances Widdowson, a accusé la Ville de diffuser de la désinformation, car le conseil avait lu une lettre de la BC Assembly of First Na‐ tions, qui comprenait une ré‐ férence aux tombes ano‐ nymes de l'ancien pension‐ nat de Kamloops.
Remise en cause de re‐ portages de médias
L’une des critiques du livre avance que de nombreux re‐ portages des médias ont qualifié ces sites de tombes anonymes sans dire qu'elles n'étaient pas confirmées. Cela, selon les auteurs, a contribué à façonner un faux récit public alors que les tra‐ vaux se poursuivent à Kam‐ loops et sur d'autres lieux à travers le pays pour confir‐ mer les résultats prélimi‐ naires.
En réponse, la conseillère municipale Laurey-Anne Roo‐ denburg a souligné que Frances Widdowson a été renvoyée de l'Université Mount Royal à Calgary après avoir vanté les avantages des pensionnats, et a ajouté qu’elle n’était pas la bienve‐ nue devant le conseil.
Laurey-Anne Roodenburg est l'un des trois conseillers, avec Scott Elliot et Tony Gou‐ let, a avoir demandé au maire de démissionner pour que le conseil puisse réparer les dommages faits par [le maire] et [sa] femme.
Aucun mécanisme ne peut forcer un maire à dé‐ missionner et Ron Paull, maire depuis 2022, dit ne pas avoir l’intention d’abandon‐ ner sa ville.
Avec les informations de Betsy Trumpener et Andrew Kurjata
les Canadiens non assurés dont le revenu familial an‐ nuel est entre 70 000 $ et 90 000 $ devront payer une quote-part.
Le ministre de la Santé répond
Le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, a laissé entendre qu'Ottawa pourrait adoucir l'accord afin d'inciter davantage de prestataires de soins dentaires à s'inscrire.
Le ministre a comparé le
Régime canadien de soins dentaires à l'introduction du système de soins de santé universel au Canada, qui, se‐ lon lui, s'est également ac‐ compagnée de difficultés.
Il y a beaucoup de craintes, c'est un nouveau programme, je le comprends.
Mark Holland, ministre fé‐ déral de la Santé
Mais au fil des conversa‐ tions, les choses évoluent de manière très positive et je pense que nous aurons un taux d'adhésion exception‐ nellement élevé.
D’après un texte de Ma‐ rina von Stackelberg (CBC News)