Livre sur les pensionnats pour Autochtones : appels à la démission du maire de Quesnel
En Colombie-Britannique, les appels à la démission du maire de Quesnel, Ron Paull, se multiplient après que sa femme a distribué un livre controversé. Selon le matériel promotionnel de l'éditeur, celui-ci remet en question le fait que les pensionnats pour Autoch‐ tones ont été fondamenta‐ lement néfastes pour les communautés autochtones et les enfants qui y sont al‐ lés.
Plus de 200 personnes ont manifesté devant l’hôtel de ville mardi, avant d’assis‐ ter à la réunion du conseil, chargée d’émotions, dans cette municipalité de 23 000 habitants.
Clifford Lebrun, chef de la Nation dénée de Lhtako, a expliqué que sa nation ne pourra plus travailler avec la Ville et son maire tant que ce problème ne sera pas résolu.
Nous ne pouvons pas avoir une communauté qui distribue de la littérature hai‐ neuse et qui s'attend à ce que les gens écoutent et prennent cela au sérieux.
Clifford Lebrun, chef de la Nation dénée de Lhtako
La femme du maire, Pat Morton, et l’une des autrices du livre se sont exprimées devant le conseil.
En 2015, le conseil munici‐ pal a débuté un processus de collaboration avec la Nation dénée de Lhtako et, depuis, il a pris des initiatives de ré‐ conciliation réelle qui com‐ prennent le fait d'avoir re‐ donné à la Nation la pro‐ priété d'un parc du centreville et d’avoir été la première ville à accueillir conjointe‐ ment les Jeux d'hiver de la Colombie-Britannique avec une communauté autoch‐ tone.
Cependant, depuis le 19 mars, ces efforts sont remis en cause alors que la Nation dénée de Lhtako a exprimé ses inquiétudes sur le livre distribué dans la commu‐ nauté.
Intitulé Grave Error : How the Media Misled Us (and the Truth about Residential Schools) [Grave erreur : com‐ ment les médias nous ont in‐ duits en erreur (et la vérité sur les pensionnats)], de C.P. Champion et Tom Flanagan, le livre souhaite remettre en question plusieurs affirma‐ tions faites sur les méfaits des pensionnats.
Une remise en question du système et de l'impact
Dans le matériel promo‐ tionnel, le fait que les pen‐ sionnats pour Autochtones ont causé un traumatisme in‐ tergénérationnel et détruit des cultures et des langues est qualifié de totalement faux ou grossièrement exa‐ géré. Le livre remet en ques‐ tion le fait que les Autoch‐ tones ont été forcés d’aller dans ces pensionnats et l'idée que ce système peut être qualifié de génocide.
Une plume d’aigle à la main, un aîné de la Nation dénée de Lhtako, Bryant Paul, a pris la parole devant le conseil municipal.
Ceux qui ont écrit ce livre n'ont pas fréquenté le pen‐ sionnat avec nous. [Au pen‐ sionnat], ils nous ont battus et nous ont abusés sexuelle‐ ment.
Bryant Paul, aîné de la Na‐ tion dénée de Lhtako
La cheffe de la Première Nation de Nazko, Leah Stump, tentait de contenir ses larmes lorsqu’elle a té‐ moigné. Nous méritons mieux que de devoir venir ici pour prouver que nous sommes allés au pensionnat, pour prouver que nous avons été blessés et brisés.
En 2021, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a publié un rapport sur les pensionnats après six ans de collecte de plus de 6000 témoignages à travers le pays.
Ailleurs sur le web :
Les rapports de la Com‐ mission de vérité et réconci‐ liation du Canada
Ce rapport conclut que plus de 4100 enfants sont morts dans ces pensionnats, principalement de malnutri‐ tion ou de maladies. Il a éga‐ lement relayé des témoi‐ gnages selon lesquels de nombreux enfants qui fré‐ quentaient les pensionnats ont été victimes de violences physiques, sexuelles ou psy‐ chologiques. La commission a qualifié le système des pen‐ sionnats pour Autochtones au Canada de génocide cultu‐ rel.
Ils pourraient vous ra‐ conter toute la nuit ce qu'ils ont vécu
Lors de la réunion munici‐ pale du 19 mars, le livre avait été unanimement dénoncé par le maire et le conseil, qui avaient alors réaffirmé leur relation avec la Nation. Mardi, des survivants étaient présents pour témoigner, les larmes aux yeux.
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