Radio-Canada Info

Après six mois de guerre, Gaza en cartes et en graphiques

- Mélanie MelocheHol­ubowski

C'était il y a six mois. Le 7 octobre 2023, le Hamas me‐ nait une attaque meur‐ trière dans le sud d’Israël, capturant 250 otages et provoquant une riposte mi‐ litaire massive des troupes israélienn­es dans la bande de Gaza.

La campagne militaire is‐ raélienne à Gaza a provoqué « des morts et des destruc‐ tions incessante­s » pour les Palestinie­ns, a déclaré ven‐ dredi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans un discours marquant les six mois de la guerre.

Depuis octobre dernier, près de 35 000 personnes Israéliens et Palestinie­ns ont été tuées; près de 90 000 ont été blessées. Notons que ces données sont prélimi‐ naires et que le bilan risque d’être encore plus lourd, no‐ tamment en raison des mil‐ liers de Palestinie­ns portés disparus - et présumés morts. Voici un bilan de la dé‐ vastation dans la bande de Gaza.

Le bilan est presque 30 fois plus lourd du côté pales‐ tinien. Depuis janvier, au moins 11 000 Palestinie­ns auraient été tués, ce qui équivaut à une moyenne de

116 morts par jour.

Peut-on se fier aux don‐ nées du ministère palesti‐ nien de la Santé?

Selon une analyse publiée dans la revue médicale The Lancet en décembre, lors des conflits précédents, le minis‐ tère de la Santé de Gaza a historique­ment communiqué des données de mortalité précises, avec des écarts entre 1 % et environ 3 % par rapport à l'analyse des décès faite par l'ONU.

Parmi les morts à Gaza, on compte plus de 13 800 enfants tués et près de 13 000 enfants blessés.

Ainsi, plus d'enfants ont été tués dans la bande de Gaza en six mois de guerre avec Israël qu'en quatre ans de conflits à travers le monde (12 193 enfants morts entre 2019 et 2022), selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés pales‐ tiniens (UNRWA).

Ce conflit entre Israël et les Palestinie­ns est désor‐ mais le plus long et le plus meurtrier depuis la création d’Israël en 1948.

Le bilan de ces six der‐ niers mois éclipse ceux des 15 dernières années de conflit entre Israël et le Ha‐ mas.

Un territoire décimé par l’offensive et les bombarde‐ ments

Le 1er janvier, Israël a in‐ diqué qu’il retirerait ses forces armées du nord de Gaza. Cette zone a été presque complèteme­nt anéantie depuis le début de l’incursion terrestre le 27 oc‐ tobre dernier.

Au début de 2024, 68 % des bâtiments du nord de Gaza et 71 % des bâtiments de la ville de Gaza auraient été détruits ou endommagés, selon des images satellitai­res compilées par Corey Scher, du CUNY Graduate Center à New York, et Jamon Van Den Hoek, de l'Université d'État de l'Oregon. Au début d'avril, la proportion de bâtiments touchés a augmenté respec‐ tivement à 70 % et à 74 %.

On voit que la destructio­n de bâtiments s’est accélérée au sud en début d’année. À Rafah, où la majorité de la population de la bande de Gaza s’est réfugiée, 33 % des bâtiments auraient été dé‐ truits ou endommagés.

Par ailleurs, selon des es‐ timations du professeur He Yin de l’université Kent, en date du 18 janvier 2024, entre 44 % et 52 % des cultures arboricole­s auraient été endommagée­s.

Nord de Gaza : 55-71 % Ville de Gaza : 58-80 % Deir el-Balah : 30-45 % Khan Younès : 32-55 % Rafah : 5-11 %

De plus, parmi les 7000 serres identifiée­s, environ 42 % ont été endommagée­s et 23 % auraient été démolies.

En janvier 2024, le groupe Forensic Architectu­re a pour sa part estimé que près de 40 % des 170 kilomètres car‐ rés utilisés pour l’agricultur­e auraient été détruits.

Au début d'avril, l’ONU avait recensé près de 450 at‐ taques sur des établisse‐ ments de santé à Gaza. Les troupes israélienn­es ont par‐ ticulièrem­ent ciblé l’hôpital Al-Shifa, le plus grand hôpital du territoire palestinie­n.

En novembre, les forces armées israélienn­es ont lour‐ dement bombardé les quar‐ tiers entourant le complexe hospitalie­r.

Les Israéliens affirment que le Hamas avait dissimulé un quartier général souter‐ rain sous l’hôpital. Le Hamas nie avoir utilisé ces installa‐ tions à des fins militaires et accuse Israël de crimes de guerre. L’hôpital a été frappé à plusieurs reprises, puis a été encerclé.

Le complexe hospitalie­r a de nouveau été pris d’assaut le 18 mars. Le ministère pa‐ lestinien de la Santé affirme qu'environ 3000 personnes cherchaien­t refuge à l'inté‐ rieur d'Al-Shifa. Les soldats israéliens se sont retirés deux semaines plus tard, lais‐ sant derrière eux d’im‐ menses destructio­ns.

Environ 1,7 million des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés en raison du conflit.

Selon l’ONU, plus de la moitié de la population de Gaza est maintenant entas‐ sée à Rafah, au sud, une ville qui comptait 250 000 habi‐ tants au début du conflit.

De l’aide humanitair­e, au compte-gouttes

Avant même le début de cette guerre, environ 80 % des résidents de la bande de Gaza dépendaien­t de l’aide humanitair­e livrée par ca‐ mion. Selon la Banque mon‐ diale, les importatio­ns repré‐ sentaient les deux tiers de la consommati­on alimentair­e à Gaza en 2022.

Le nombre de camions autorisés à entrer à Gaza (soit aux passages de Rafah ou de Kerem Shalom) a tou‐ jours été très limité en raison d’un strict contrôle d’Israël et de l’Égypte.

Avant le 7 octobre, envi‐ ron 500 camions étaient au‐ torisés à entrer à Gaza chaque jour. Depuis, le nombre de camions n’a ja‐ mais dépassé 300 par jour. En mars, la moyenne quoti‐ dienne était de 161 camions.

Le Programme alimen‐ taire mondial estime qu’il faut au moins 300 camions de vivres par jour pour ré‐ pondre aux besoins alimen‐ taires de base des Gazaouis.

Selon l'agence des Na‐ tions unies pour les réfugiés palestinie­ns, depuis le 1er mars, les autorités israé‐ liennes ont refusé 30 % des missions d'aide humanitair­e dans le nord de Gaza.

Le 5 avril, Israël a annoncé que le passage d'Erez, dans le nord de Gaza, sera tempo‐ rairement rouvert pour la première fois depuis le début de la guerre. Le port d'Ash‐ dod sera également ouvert aux livraisons humanitair­es.

De plus, devant l'insuffi‐ sance de l'aide entrant à Gaza, plusieurs pays, notam‐ ment les États-Unis, la Jorda‐ nie, les Émirats arabes unis, la France et la Belgique, ont effectué des largages aé‐ riens.

Un couloir maritime entre Chypre et Gaza a été ouvert et a permis l’arrivée d’un ba‐ teau avec 200 tonnes de vivres. Toutefois, l’organisme Opens Arms, qui dirigeait

cette mission, a annoncé la suspension de l’aide par voie maritime, après la mort de sept travailleu­rs humani‐ taires, dont un Québécois.

Washington prévoit construire d'ici mai un port temporaire pour les livrai‐ sons par voie maritime. Ils espèrent, à terme, pouvoir li‐ vrer jusqu'à 1700 tonnes par jour de repas préemballé­s, soit l’équivalent de 115 ca‐ mions.

Près de la moitié de la po‐ pulation de la bande de Gaza, soit 1,1 million de per‐ sonnes, sera touchée par la famine d’ici mai, projette l'In‐ tegrated Food-Security Phase Classifica­tion (IPC), un outil d'analyse de la sécurité ali‐ mentaire utilisé par l’ONU.

Plus de la moitié de la po‐ pulation de Gaza connaît dé‐ jà le pire niveau de pénurie alimentair­e, de catégorie 5 ou catastroph­ique. Selon Ox‐ fam, les Gazaouis du nord de la bande ont accès à environ 245 calories par jour.

ger.

Il y a aussi une loi contre le génocide dont le gouver‐ nement abuse parfois pour mettre des gens en prison.

Ce système autoritair­e re‐ présente des embûches pour la réconcilia­tion. Il faudrait laisser les gens parler de ce qui s'est passé. Or, il y a une mainmise du gouverneme­nt sur certains discours, beau‐ coup de silences et de nondits.

Geneviève Parent La paix reste fragile. Les plus jeunes pourraient avoir mieux adhéré au Je suis Rwandais que leurs parents, mais la résurgence des ten‐ sions ethniques est possible.

Par ailleurs, les activités

:

de la milice des Forces démo‐ cratiques de libération du Rwanda, basée en Répu‐ blique démocratiq­ue du Congo (RDC) et dont font partie des individus qui au‐ raient participé au génocide, sont inquiétant­es.

Un autre élément à consi‐ dérer est le langage utilisé par les fonctionna­ires du gouverneme­nt de la RDC à l’endroit de la population ba‐ nyamulenge (un groupe ori‐ ginaire du Rwanda qui vit en RDC depuis des génération­s). Au cours des dernières an‐ nées, la violence contre ce groupe par l’armée de la RDC et des Forces démocratiq­ues de libération du Rwanda a beaucoup augmenté. Est-ce que le scénario des années 1990 pourrait se reproduire?

Les propos ont été édités par souci de clarté et de concision.

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Rwanda : peut-on réelle‐ ment obtenir justice après un génocide? Raconter l’horreur sans transmettr­e la haine Il y a 30 ans, l'horreur absolue

Affaires mondiales a élargi la semaine dernière les cri‐ tères d'admissibil­ité à ces vols d'évacuation pour in‐ clure les résidents perma‐ nents ainsi que leur famille immédiate.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a précisé vendredi que le nombre de personnes qui peuvent ou veulent quitter Haïti sur un vol de départ as‐ sisté a diminué considérab­le‐ ment et que, par conséquent, un dernier vol partira di‐ manche.

Haïti et notamment sa ca‐ pitale, Port-au-Prince, sont le théâtre d'une flambée de vio‐ lence des gangs ces der‐ nières semaines alors que les

Haïtiens attendent l'instaura‐ tion d'un conseil présidenti­el de transition après l'annonce de la démission du premier ministre contesté Ariel Henry.

Les gangs limitent l’accès à la nourriture et aux pro‐ duits de première nécessité et ont fermé le principal aé‐ roport d’Haïti.

Affaires mondiales Ca‐ nada indique que les Cana‐ diens qui ont besoin d’une aide consulaire peuvent com‐ muniquer avec son Centre de surveillan­ce et d’interventi­on d’urgence à Ottawa, ouvert 24 heures sur 24, sept jours sur sept :

Téléphone : +1 613 9968885 (les appels à frais virés sont acceptés, le cas échéant) SMS : +1 613 686-3658 WhatsApp : +1 613 9098881 Telegram : Urgence Ca‐ nada à l’étranger

Signal : +1 613 909-8087 Courriel : haitisos@inter‐ national.gc.ca

Avec les d'Audrey Neveu

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