Étudiants étrangers : le Manitoba subit les « dommages collatéraux » du plafond fédéral
La ministre de l’Éducation postsecondaire et de la For‐ mation du Manitoba af‐ firme que le plafonne‐ ment par Ottawa du nombre d'étudiants étran‐ gers dans les établisse‐ ments d'enseignement postsecondaire a nui à la province.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a dé‐ claré s'attendre à approuver 291 914 permis d'étude inter‐ nationale dans tout le pays, soit 28 % de moins que les 404 668 permis délivrés en 2023.
En vertu des nouveaux changements, le Manitoba devrait ainsi voir son nombre d'étudiants étrangers passer de 10 155 l'année dernière à 9140.
Il est regrettable que nous subissions, d'une certaine manière, les dommages col‐ latéraux de l'utilisation par le gouvernement fédéral d'un outil imprécis pour appliquer une politique à l'échelle na‐ tionale, [alors] que notre si‐ tuation n’est pas du tout la même que celle dans les autres provinces, souligne la ministre de l’Éducation post‐ secondaire et de la Forma‐ tion du Manitoba, Renée Cable, lors d'une entrevue ac‐ cordée à CBC/Radio-Canada.
Nous voulons des étu‐ diants étrangers ici. Nous voulons leur ouvrir les portes.
Renée Cable, ministre de l’Éducation postsecondaire et de la Formation du Manitoba
Nous continuerons à tra‐ vailler avec le gouvernement fédéral pour nous assurer que ce système est aussi pé‐ renne que possible.
Le gouvernement fédéral a attribué largement au sec‐ teur privé la responsabilité de la hausse du nombre d'étudiants étrangers, bien que les données obtenues par CBC/Radio-Canada montrent que les institutions publiques absorbent la plus grande part de la croissance.
Les permis d'études déli‐ vrés devraient diminuer de 41 % en Ontario et de 18 % en Colombie-Britannique en raison du plafonnement, mais ils devraient augmenter de 10 % en Saskatchewan, au Québec et en Alberta.
Nouveau plafond
Mme Cable indique que les changements com‐ prennent également un nou‐ veau plafond pour le nombre d'étudiants qui reçoivent une lettre d'attestation provin‐ ciale, qui confirme l'approba‐ tion du Manitoba pour qu'un étudiant fréquente l'un de ses établissements d'ensei‐ gnement postsecondaire, mais sans pour autant lui ga‐ rantir une place.
Il y a souvent une diffé‐ rence entre le nombre de lettres envoyées et le nombre d'étudiants acceptés, explique-t-elle.
Or, le gouvernement fédé‐ ral est intervenu et a déclaré qu'il allait plafonner le nombre de lettres et le nombre de personnes pou‐ vant venir.
Ottawa avait initialement fixé un plafond d'environ 15 000 lettres d'attestation pour le Manitoba, mais Mme Cable affirme que la province a pu négocier pour que ce plafond soit relevé à environ 18 500.
La province estime avoir reçu un peu moins de 21 000 demandes d'étudiants étran‐ gers en 2023. Le taux d'ac‐ ceptation final, déterminé par IRCC, était d'environ la moitié.
Espoirs pour les niveaux de 2023
Alors que le gouverne‐ ment fédéral fixe le plafond d'étudiants étrangers, chaque province doit décider du nombre d'étudiants que chaque école peut accueillir.
J'ai bon espoir qu’au bout du compte [...] nous serons dans une situation très com‐ parable à 2023, souhaite Mme Cable.
Un tableau fourni à CBC/Radio-Canada par le mi‐ nistère de l’Éducation postse‐ condaire et de la Formation montre comment la province entend répartir entre les écoles le nombre de lettres
d'attestation qui lui a été at‐ tribué pour l'année scolaire à venir.
Les universités, les col‐ lèges et le Manitoba Institute of Trades and Technology se partageront ainsi plus de 16 000 des quelque 18 500 lettres d'attestation, selon le tableau.
Alors que l'Université du Manitoba déclare avoir un peu moins de 7000 étudiants étrangers (en anglais), repré‐ sentant environ 22 % de sa population étudiante, la pro‐ vince affirme qu’elle recevra environ 7500 lettres d'attes‐ tation sous le nouveau pla‐ fond.
L'Université de Winnipeg indique qu'elle comptait 1600 étudiants étrangers en no‐ vembre, représentant 18 % de son corps étudiant. La province lui réserve environ 2300 lettres d'attestation.
La Polytechnique Red Ri‐ ver souligne que parmi les 18 000 étudiants accueillis au cours de la dernière année universitaire, 3100 sont des étudiants étrangers alors que la province lui destine envi‐ ron 650 lettres d'attestation.
Le Collège communau‐ taire Assiniboine, qui compte actuellement 9000 étudiants, a déclaré s'attendre à ac‐ cueillir plus de 2000 étu‐ diants étrangers cette année. Le collège recevra un peu moins de 1200 lettres, selon la province.
Les plus petites écoles re‐ cevront des parts plus mo‐ destes du gâteau : l’Univer‐ sité canadienne mennonite recevra 44 lettres d'attesta‐ tion tandis que l’école du Bal‐ let royal de Winnipeg (RWB) en recevra 9.
Trois écoles de pilotage, Air Andrew, Brandon Flying Club et Winnipeg Aviation, se partageront 30 lettres en tout.
Décevant
Selon Mme Cable, le nombre d'étudiants étran‐ gers qui seront acceptés dans chaque école sera dé‐ terminé en fonction des be‐ soins du marché manitobain, ainsi que de critères définis par le gouvernement fédéral pour déterminer si un éta‐ blissement offre la meilleure éducation possible.
Nos établissements pu‐ blics seront aussi proches que possible de leur niveau de 2023, promet-elle, ajou‐ tant que la province tra‐ vaillera avec les petits établis‐ sements privés pour trouver des solutions.
Nous avons de la place pour eux.
Renée Cable, ministre de l’Éducation postsecondaire et de la Formation du Manitoba
La ministre affirme que la province s'efforcera toujours d'accueillir davantage d'étu‐ diants étrangers au Mani‐ toba. Nous voulons que les étudiants internationaux soient ici, qu'ils restent et qu'ils s'établissent ici, au Ma‐ nitoba.
Bien que la situation soit décevante, je pense que nous pouvons affirmer avec fierté que nous avons tra‐ vaillé dur pour nous assurer d'obtenir notre juste part.
Avec les informations de Ozten Shebahkeget