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Des entreprene­urs noirs aimeraient que le gouverneme­nt albertain les soutienne à son tour

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Le programme fédéral d’ap‐ pui à l’entreprene­uriat noir est sur le point de prendre fin. Des acteurs de la com‐ munauté noire de l'Alberta demandent au gouverne‐ ment provincial de mettre à son tour la main à la poche pour soutenir le dy‐ namisme entreprene­urial des membres de cette com‐ munauté.

Originaire du Nigeria et désormais établi à Calgary, Damilare Odumosu a lancé CropMind. Cette entreprise de technologi­e agricole, ba‐ sée en Alberta et au Nou‐ veau-Brunswick, automatise les processus manuels dans les vergers. Sa clientèle aug‐ mente en Amérique du Nord.

CropMind s'est dévelop‐ pée grâce au soutien d'un programme financé par le gouverneme­nt fédéral et conçu par la Black Business Ventures Associatio­n (BBVA), basée à Edmonton.

BBVA est en mesure d'ai‐ der les entreprene­urs au‐ tochtones, noirs et de cou‐ leur à tirer parti des res‐ sources pour surmonter les barrières culturelle­s lorsqu'ils rencontren­t des clients cana‐ diens et nord-américains, ex‐ plique-t-il.

C'est ce qu'Ottawa avait à l'esprit lorsqu'il a lancé le Programme pour l'entrepre‐ neuriat des communauté­s noires (PECN) en mai 2021. Ce programme a investi 265 millions de dollars au pays.

Le financemen­t a pris fin pour la plupart des organisa‐ tions albertaine­s et le sera pour les autres dans les pro‐ chains mois.

La BBVA fait partie des six organisati­ons basées en Al‐ berta qui ont formé l'Alberta Black Entreprene­urial Ecosys‐ tem Alliance. Ensemble, elles ont reçu environ 15,5 mil‐ lions de dollars dans le cadre du programme pour les en‐ trepreneur­s noirs. Celui-ci a pour objectif de faire décoller les entreprise­s appartenan­t à des Noirs.

Un porte-parole de Rechie Valdez, ministre fédérale de la Petite Entreprise, a déclaré que cette dernière étudiait comment Ottawa pouvait continuer à soutenir les pe‐ tites entreprise­s appartenan­t à des Noirs.

En attendant, l'alliance de‐ mande instamment au gou‐ vernement provincial de fournir de nouveaux fonds. Elle dit en avoir besoin pour continuer de soutenir la créa‐ tion d'entreprise­s dans divers secteurs tels que la technolo‐ gie, l'énergie, l'agricultur­e, la finance, l'immobilier, l'immi‐ gration et les soins de santé.

L'alliance dit aider les en‐ trepreneur­s à aiguiser leur sens des affaires dans toute une série de domaines, no‐ tamment la création de solu‐ tions commercial­es, l'accès aux ressources et au crédit, la mise en réseau, l'élargisse‐ ment de la clientèle ou en‐ core le mentorat.

Samuel Juru, directeur gé‐ néral de l'Africa Centre, une organisati­on à but non lucra‐ tif, explique que le pro‐ gramme pour les entrepre‐ neurs noirs a notamment permis de voir de grandes banques proposer des lignes de crédit spécifique­s pour soutenir les entreprene­urs noirs.

C'est une bonne chose que le gouverneme­nt fédéral ait fourni les ressources né‐ cessaires pour catalyser ce programme et nous pensons qu'il est temps que la pro‐ vince s'implique dans le jeu.

Samuel Juru, directeur gé‐ néral, Africa Centre

L'alliance a présenté son projet le 15 février dernier à la première ministre Danielle Smith. À la suite de la ren‐ contre, cette dernière a dé‐ claré dans un message sur le réseau social X qu'elle était vraiment impression­née par le dynamisme de cette orga‐ nisation qui aide à créer des entreprise­s dans toute la province.

Elle a aussi suggéré dans une entrevue que les groupes fassent une de‐ mande auprès du pro‐ gramme de subvention­s eth‐ noculturel­les de l'Alberta, qui fournit un financemen­t pou‐ vant aller jusqu'à 50 000 dol‐ lars.

Dans une réponse par courriel, son attaché de presse, Sam Blackett, a énu‐ méré une série de mesures de soutien non spécifique­s aux Noirs et destinées aux petites entreprise­s et aux en‐ trepreneur­s de l'Alberta, telles que BizConnect.

Samuel Juru souligne qu’une subvention de 50 000 $ correspond­rait à peu près au montant nécessaire pour lancer une petite ou moyenne entreprise. Il ré‐ clame des financemen­ts qui tiennent compte des besoins des entreprene­urs.

La population noire aug‐ mente en Alberta

Selon Samuel Juru, les dé‐ cideurs devraient considérer l'attributio­n de fonds sous un angle différent, car le Canada accueille près d'un demi-mil‐ lion de nouveaux arrivants chaque année. Il s'agit de mi‐ grants très instruits, qui en‐ treprennen­t et qui sont hau‐ tement qualifiés. Le pays a besoin de ces profils, ex‐ plique-t-il.

L'Alberta est la troisième province comptant le plus de Noirs, derrière l'Ontario et le Québec.

Selon Statistiqu­e Canada, la population noire de l'Al‐ berta a presque quadruplé entre 2006 et 2021, passant de 46 965 à 177 940 per‐ sonnes.

D'après Dipo Alli, direc‐ teur général de la BBVA, les nouveaux arrivants ne dis‐ posent pas toujours des ga‐ ranties ou des réseaux dont les jeunes entreprise­s ont be‐ soin. Des programmes spéci‐ fiques pour les Noirs sont es‐ sentiels pour remédier à cette situation.

Pour sa part, Dunia Nur, directrice générale du Conseil de l'engagement ci‐ vique, estime qu'il est logique que la province mette en place une nouvelle politique et de nouvelles ressources, compte tenu de la croissance rapide de la population noire de l'Alberta.

Avec les informatio­ns de Andrea Huncar

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