Diane Dufresne « au bord des larmes » durant le spectacle céleste de l’éclipse

« J’ai vécu une grande émo‐ tion qui m’a menée au bord des larmes », a déclaré Diane Dufresne après l’éclipse totale.

Présente au parc JeanDrapeau, à Montréal, pour in‐ terpréter Hymne à la beauté du monde, quelques instants avant que le Soleil ne soit complètement recouvert par la Lune, la grande chanteuse a offert une version revisitée de ce classique, en y insérant quelques lignes d’une autre de ses grandes chansons, Oxygène.

Près de 100 000 per‐ sonnes étaient rassemblées sur l'île Sainte-Hélène pour se préparer au moment cos‐ mique historique au son de sa voix, des instruments de l’Orchestre métropolitain (OM) et des rythmes dan‐ sants de DJ Champion.

Pendant que le ciel exécu‐ tait un spectacle à grand dé‐ ploiement sans répétition, l'astronaute David St-Jacques a notamment partagé sa joie de vivre la première éclipse totale de sa vie, malgré tous les lieux qu'il a fréquentés, sur Terre et dans l'espace.

La première astrophysi‐ cienne d’origine autochtone, Laurie Rousseau-Nepton, s'est remémoré ses pre‐ mières étoiles filantes et le premier regard qu'elle a posé sur des aurores boréales.

Une vidéo animée a aussi relaté une légende autoch‐ tone dans laquelle le Soleil qui s’éclipse permet d’offrir la sérénité au coeur d’un deuil difficile.

J’ai toujours aimé les choses différentes et un peu épeurantes, a confié Diane Dufresne, quelques minutes après être sortie de scène. Peut-être que Dieu n'existe pas, mais tout a été fait en harmonie et avec amour. Pourquoi il y a des fleurs, pourquoi c’est si joli, pour‐ quoi il y a du désir? Il y a de l'amour dans le ciel et on sait qu’on vient de là.

En montant sur scène, la chanteuse s’est exclamée : Voici l'Hymne à la beauté du monde, et le monde, c’est vous. Submergée par l'am‐ pleur du moment, ses mou‐ vements étaient grands et solides, sa présence scénique astrale. En différé, l’OM dirigé par Yannick Nézet-Séguin a soutenu la voix profonde de Diane Dufresne, avec des ar‐ rangements de Simon Le‐ clerc.

Ensuite, quand j’ai vu la

Lune passer devant le Soleil, je me suis dit que, quand on meurt, il doit y avoir quelque chose de grandiose comme ça. C’est une grande émotion de voir le ciel et si les gens prenaient le temps de le re‐ garder plus souvent, ils iraient probablement mieux. Diane Dufresne La prestation de Diane Dufresne était précédée d’un segment orchestral de l’OM qui projetait la force musicale de Prélude et Mort d'Isolde, de Wagner. C’est une histoire d’amour, a sim‐ plement lancé le chef Yannick Nézet-Séguin en amorçant le concert.

Les yeux couverts par les lunettes protectrices, les spectateurs pouvaient voir le croissant orangé devenir de plus en plus petit, au son des instruments qui semblaient suivre avec précision le mou‐ vement des astres. La direc‐ tion artistique céleste faisait son oeuvre, dans un spec‐ tacle qui s’exécutait selon son propre décompte, en n’atten‐ dant aucun lever de rideau.

Rencontré plus tôt en après-midi, l’artiste Cédric Taillon a choisi le thème de l'astrologie pour réaliser son oeuvre tirée de l'événement. Je suis inspiré par tous les thèmes. Ce sont les gens au‐ tour qui sont motivants pour moi, a-t-il expliqué.

DJ Champion a fait vibrer l'île avant tout le monde, ins‐ tallant une ambiance festive dès le début de l’après-midi. Pour lui, au-delà du phéno‐ mène astronomique, c'est la communion entre les hu‐ mains qui apportait un baume en ce jour. Je voulais quelque chose de joyeux qui allait nous permettre de nous élever, a-t-il dit en en‐ trevue. C’est rassurant de voir que les gens ont envie de connecter avec la vie. On est vivants, on est là.