Les 1001 visages de l’Aïd el-Fitr marquent la fin du ramadan
Les festivités de l'Aïd el-Fitr célébrées aujourd'hui marquent la fin du rama‐ dan, une célébrations que plusieurs pratiquants at‐ tendaient avec impa‐ tience... et gourmandise.
L'islam c'est pas juste une religion, c'est pas juste le jeûne, les prières. C'est un style de vie complet. Le concept de la modestie est au coeur de l'islam, explique par exemple Asifa Butt, pro‐ ductrice et réalisatrice de contenu télévisuel.
Lors d'une table ronde à l'émission À échelle humaine, les participants se retrouvent sur le fait que le ramadan in‐ culque des valeurs qui vont au-delà du jeûne et peuvent permettre de s’ouvrir aux autres. Quant à la fête de l’Aïd el-Fitr, qui marque l'aboutissement de ce mois de privation, ils y attachent une importance aussi bien
religieuse que culturelle.
Les bienfaits du jeûne
Le jeûne est la partie la plus connue du ramadan pour le grand public. Mais Salmana Rajput, membre de la communauté musulmane Ahmadiyya, insiste sur le fait que ce mois est aussi un ef‐ fort spirituel pour s’améliorer dans tous les aspects de nos vies.
Hamid Rahman, porte-pa‐ role francophone de cette communauté, souligne par exemple le rôle de la Zakat : Être activement engagé à mettre de côté une partie de ce qu'on gagne pour ceux qui sont démunis. Et ça, c'est, presque, je dirais, obligatoire.
Le but étant de plaire à Dieu et non pas de le faire avec tambours et trom‐ pettes.
Amid Rahman, porte-pa‐ role francophone de la com‐ munauté musulmane Ahma‐ diyya à Vaughan
Quant au jeûne, il donne une paix intérieure, reprend Asifa Butt. Ça te libère, ça te donne une discipline, un ré‐ confort.
Le jeûne me fait prendre conscience de ce que les gens plus démunis res‐ sentent.
Asifa Butt, musulmane pratiquante d'origine pakista‐ naise
La curiosité des non-mu‐ sulmans
Près de 5 % de la popula‐ tion canadienne est musul‐ mane, ce qui en fait la deuxième religion selon le re‐ censement de 2021. Mais pour ses adeptes, elle reste méconnue du reste de la po‐ pulation.
Déjà petite, Fatima Khlifi, enseignante franco-tuni‐ sienne, se rappelle des ques‐ tions de ses camarades en France où elle a grandi. Plus ils me posaient de questions, plus je cherchais des ré‐ ponses, se rappelle-t-elle, par exemple sur le fait de pou‐ voir boire ou non, ou de se brosser les dents.
Lire aussi :
Le ramadan pour solidi‐ fier et transmettre sa foi mu‐ sulmane Les traditions culi‐ naires autour du ramadan
Comme les autres partici‐ pants, elle a progressivement jeûné à petite dose en étant enfant, puis en augmentant la durée de son jeûne jusqu’à la majorité.
Une fois au Canada, elle retrouve cette curiosité chez ses collègues. Ce qui l’a pous‐ sée à partager un bout de sa foi avec eux. J'appelais ça les jeudis de l'iftar.
J'invitais des amis, il y a quatre jeudis dans le mois de ramadan et ça a permis aux personnes de répondre aux questions
Fatima Khlifi, enseignante franco-tunisienne
Pour Asifa Butt ces initia‐ tives sont importantes. Même si elle n’a pas le senti‐ ment d’avoir vécu des discri‐ minations par rapport à sa religion au Canada où elle est arrivée à l’âge de sept ans, elle estime qu’il faut encore briser cette conception que les gens ont de la religion musulmane.
Il y a une connotation né‐ gative qui est généralement répandue par rapport à l'is‐ lam, ajoute-t-elle.
Khadydja Ndoye, Cana‐ dienne d’origine sénégalaise, a vu sa première mosquée en Chine et aussi vécu au Guatemala.
À Toronto, une ville très multiculturelle et cosmopo‐ lite, elle prend justement un grand plaisir, dans les mos‐ quées, de faire la rupture du jeûne avec la diversité qu’il y a dans cette ville.
Les festivités de fin du ramadan, très culturelles
L’autrice du livre Le monde de Sabbih, l’histoire vraie d'une jeune fille qui ha‐ bite à Zanzibar, raconte que la fin ramadan est très cultu‐ relle en Afrique de l'Ouest.
Chez nous c'est très im‐ portant de bien s'habiller, d'avoir de très beaux vête‐ ments. Dans ma culture, on aime beaucoup les couleurs. Donc on porte des boubous traditionnels de différentes couleurs assorties à des chaussures.
Khadydja Ndoye, autrice sénégalo-canadienne
Lors de ce jour de fête, les croyants rendent visite aux voisins et amis, décrit-elle. Au Canada, elle a fait venir des habits traditionnels pour per‐ pétuer cette tradition.
Fatima Klihifi décrit aussi ses habitudes. Habituelle‐ ment, on prend une journée de congé, déclare-t-elle. Après la prière le matin en général, on organise un brunch à la maison.
Asifa Butt associe aussi la fin du ramadan à de la nour‐ riture, dans son cas venant du Pakistan. Elle cuisinera un seviyan, un plat avec des ver‐ micelles cuits avec du lait et du sucre.
Ce n’est pas quelque chose d’hyper spécial, mais c'est ce qu'on fait tradition‐ nellement. Ce n’est pas reli‐ gieux, juste une tradition culturelle qu'on fait le matin, décrit-elle.
Adapté de la table ronde diffusée à l'émission À échelle humaine, le 6 avril 2024.