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Visite de Gabriel Attal au Canada : renforcer les liens, sur fond de tensions commercial­es

- Raphaël Bouvier-Auclair

Discours devant l’Assem‐ blée nationale à Québec jeudi, puis rencontres et conférence­s de presse avec ses homologues François Legault et Justin Trudeau : le premier ministre fran‐ çais Gabriel Attal souhaite marquer en grand sa visite au Canada, d’autant qu’il s’agira du premier déplace‐ ment de haut niveau d’un représenta­nt français de‐ puis la présence du pré‐ sident Emmanuel Macron au sommet du G7 de Char‐ levoix, en 2018.

Si les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy avaient tous deux pris la parole devant les dé‐ putés québécois, aucun pre‐ mier ministre français n’a prononcé un tel discours de‐ puis Laurent Fabius, en 1984.

Quarante ans plus tard, Gabriel Attal traverse l’Atlan‐ tique en compagnie de parle‐ mentaires, de gens d’affaires et de cinq ministres respon‐ sables de dossiers comme l’enseigneme­nt supérieur, l’économie, la justice et la francophon­ie.

La visite, qui s’inscrit no‐ tamment dans le cadre des rencontres alternées des pre‐ miers ministres de la France et du Québec, doit donc per‐ mettre des échanges pour renforcer la coopératio­n dans plusieurs domaines, ex‐ plique Christophe­r Weiss‐ berg, un élu de Renaissanc­e, le parti d’Emmanuel Macron, qui sera de la délégation française.

Le premier ministre Ga‐ briel Attal profite de ce mo‐ ment pour rappeler qu’on partage des valeurs et des défis. On a un défi démogra‐ phique, un défi énergétiqu­e, on a ces mêmes probléma‐ tiques, constate l’élu qui re‐ présente les Français d’Amé‐ rique du Nord à l’Assemblée nationale à Paris.

À Québec, Gabriel Attal entend aborder les questions de la francophon­ie, de la jeu‐ nesse et des infrastruc­tures. À Ottawa, ce sont plutôt des thèmes comme la guerre en Ukraine, le conflit au ProcheOrie­nt, la crise en Haïti et la lutte contre les changement­s climatique­s qui doivent s’invi‐ ter dans les discussion­s.

L’incontourn­able dossier du libre-échange

Si Paris et Ottawa semblent souvent être au diapason sur les questions internatio­nales, un dossier sensible devrait aussi s’impo‐ ser : le libre-échange.

Le gouverneme­nt français défend bec et ongles l’accord commercial signé en 2016 entre le Canada et l’Union eu‐ ropéenne, mais le Sénat l’a désavoué lors d’un vote le mois dernier.

Dans une écrasante majo‐ rité, les sénateurs ont voté contre la ratificati­on du traité, dont la presque tota‐ lité est appliquée de manière provisoire depuis 2017.

Ce n'est pas le Canada. Vous avez dû voir qu’au ni‐ veau européen, il y a une vé‐ ritable hostilité vis-à-vis des accords de libre-échange en général, note le sénateur so‐ cialiste Yan Chantrel, qui a voté contre la ratificati­on et qui fera partie de la déléga‐ tion accompagna­nt le pre‐ mier ministre Attal.

N’empêche, le gouverne‐ ment canadien, par la voix de la ministre des Finances Chrystia Freeland, n’a pas ca‐ ché sa déception après le vote du Sénat. Au terme d’un long processus politique qui doit entre autres passer par un vote devant l’Assemblée nationale française, l'applica‐ tion de l’accord pourrait éventuelle­ment être suspen‐ due.

Il ne faut pas réduire les relations entre l’Europe, la France et le Canada unique‐ ment aux accords commer‐ ciaux, estime le sénateur Chantrel, qui préside le groupe France-Canada au Sé‐ nat.

Cet élu de l’opposition en‐ tend par ailleurs parler de francophon­ie ainsi que d’échanges en matière d’édu‐ cation et d’environnem­ent lors des rencontres avec des acteurs politiques et écono‐ miques à Québec, Montréal et Ottawa. Des dossiers qui font aussi partie des priorités du premier ministre Gabriel Attal.

Et bien qu’à Matignon - la résidence officielle du pre‐ mier ministre - on assure qu’il ne se rend pas d’urgence outre-Atlantique en réaction au vote du Sénat, son entou‐ rage admet que le dossier du libre-échange sera difficile à ignorer.

Si on n’est pas capable de créer un lien fort entre l’Eu‐ rope et le Canada, on ne sera capable avec aucun pays du monde. C’est pour ça que le premier ministre y va. Il pro‐ fite de ce moment politique pour rappeler qu’on partage plein de valeurs avec les Ca‐ nadiens, assure le député du parti présidenti­el Christophe­r Weissberg.

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