Recyclage : des supermarchés et détaillants font pression sur Doug Ford
Le Conseil canadien du commerce de détail et une organisation représentant des compagnies comme Lo‐ blaws, Costco et Coca-Cola pressent le gouvernement de Doug Ford de modifier son plan visant à leur faire payer 100 % du coût du programme des bacs bleus d’ici 2026.
L’objectif de cette initia‐ tive, lancée par l’ancien gou‐ vernement libéral, est d’inci‐ ter les producteurs et les dé‐ taillants à réduire les embal‐ lages, notamment. Du même coup, les municipalités n’au‐ raient plus le fardeau finan‐ cier du recyclage.
Le Conseil canadien du commerce de détail se plaint toutefois des lourdeurs bu‐ reaucratiques liées à ce plan et a écrit à la ministre onta‐ rienne de l’Environnement, Andrea Khanjin, soutenant qu'il s'agit du régime « le moins efficace au Canada ».
L’organisation Circular Ma‐ terials, dont le conseil d’ad‐ ministration compte des re‐ présentants de Loblaws, Costco, Coca-Cola et Procter & Gamble, notamment, se dit extrêmement préoccupée par les frais à payer par ses membres.
Les compagnies paient quatre à six fois plus qu’avant, et nous n’en sommes même pas à la moi‐ tié de la période de transi‐ tion.
Allen Langdon, directeur général, Circular Materials
Dans un document ob‐ tenu par CBC, Circular Mate‐ rials recommande à ses membres de faire pression sur le gouvernement Ford.
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Circular Materials propose au gouvernement Ford de lui accorder un monopole en matière de recyclage pour l’industrie en Ontario, soute‐ nant qu’il existe des dou‐ blons à l’heure actuelle entre les multiples organisations qui s'occupent du pro‐ gramme des bacs bleus.
S’il n’y avait qu’une seule organisation pour chapeau‐ ter les choses, le système se‐ rait beaucoup plus efficace.
Allen Langdon, directeur général, Circular Materials
Selon lui, les compagnies pourraient épargner ainsi en‐ viron 100 millions de dollars.
Le Conseil canadien du commerce de détail voudrait par ailleurs que l’industrie fixe elle-même des cibles à atteindre dans un plan qui serait soumis à l'approbation du gouvernement, comme en Colombie-Britannique.
Des doutes
Éliminer la concurrence n’est pas la solution en géné‐ ral pour limiter les coûts, af‐ firme Gordon Day, vice-pré‐ sident de Ryse Solutions, un plus petit joueur dans le do‐ maine du recyclage pour l’in‐ dustrie.
Pour lui, les facteurs les plus importants pour expli‐ quer la hausse des frais pour les producteurs sont l’aug‐ mentation des coûts de la main-d'oeuvre, du transport et des assurances, pas les dé‐ penses administratives.
La Fédération canadienne des épiciers indépendants voit aussi des signes inquié‐ tants dans la proposition de monopole de Circular Mate‐ rials.
L’Association des munici‐ palités de l’Ontario craint que l’industrie ne cherche à affai‐ blir le régime, qui transfère le fardeau financier du pro‐ gramme de recyclage des contribuables aux produc‐ teurs.
Ashley Wallis du groupe Environmental Defence ac‐ cuse les chaînes de super‐ marchés, notamment, de chercher à se défaire de leurs responsabilités, après avoir pratiqué le suremballage de‐ puis des années, sans consé‐ quences.
Maintenant qu’ils doivent payer pour la collecte et la gestion des déchets, ils pro‐ testent contre le coût élevé.
Ashley Wallis, codirectrice, Environmental Defence
Selon Environmental De‐ fence, dans les provinces où l’industrie fixe ses cibles de recyclage, ces objectifs sont difficiles à faire respecter.
La réponse du gouverne‐ ment
Le bureau de la ministre de l’Environnement ne ferme pas la porte à des change‐ ments.
Alex Catherwood, porteparole de la ministre Khanjin, note par courriel que le gou‐ vernement a mené des consultations l’an dernier avec les détaillants et les or‐ ganisations de recyclage pour minimiser le coût admi‐ nistratif, tout en maintenant la continuité du programme.
Nous allons continuer à collaborer avec ce secteur au sujet de ces priorités durant la période de transition, ditelle.
D'après des renseigne‐ ments fournis par Mike Craw‐ ley, de CBC News