Brassage des origines pour la 1re édition du festival Les Autochtoneries d’Aux Écuries
La première édition du fes‐ tival Les Autochtoneries d’Aux Écuries prend son en‐ vole jeudi avec en ouver‐ ture Mashinikan - Le livre, la pièce de l’Ilnu Marco Col‐ lin. Selon les organisateurs, l’un des objectifs de ce nou‐ veau rendez-vous drama‐ turgique est de briser les frontières culturelles et ar‐ tistiques en regroupant sur la même scène distribu‐ tions autochtones et al‐ lochtones.
En chefs d’orchestre de l’événement qui se déroule pendant 10 jours : Xavier Huard et Marco Collin, ac‐ teurs, auteurs, metteurs en scène et cofondateurs des Productions Menuentakuan.
Ils expliquent en entrevue avoir eu l’idée d’un tel festival presque sur un coin de table.
En tant que résidents au théâtre les Écuries, on avait l’idée d’imaginer un endroit dans lequel on pourrait par‐ tager le travail commun entre Autochtones et Alloch‐ tones en intégrant d’autres compagnies et artistes issus des Premières Nations, tout cela à la sauce Menuenta‐ kuan, raconte Marco Collin, originaire de Mashteuiatsh au Lac-Saint-Jean.
On a inventé le néologiste "Autochtoneries" comme pour inventer un territoire du possible, ludique et créatif qui, même s’il n’existe pas en‐ core, pourrait un jour exister. Marco Collin
À ce titre, Menuentakuan se veut un collectif en majo‐ rité composé d’artistes au‐ tochtones dont la mission est d’inclure les membres des Premières Nations aux coeurs des créations, rappelle Xavier Huard.
Il y a aussi une signature propre à ce collectif que l’on peut voir dans les commu‐ nautés comme l’humour, l’autodérision, tout cela incor‐ poré dans un théâtre réaliste, mais avec beaucoup d’évoca‐ tion poétique.
La programmation du fes‐ tival Les Autochtoneries d’Aux Écuries représente d’ailleurs une véritable vi‐ trine, mais inclut également des propositions extérieures au collectif comme le spec‐ tacle Mononk Jules du Wen‐ dat Jocelyn Sioui.
C’est une oeuvre rassem‐ bleuse qui nous parle et on est vraiment content qu’il soit accepté de faire sa 100e re‐ présentation pendant l’évé‐ nement, se félicite Xavier Huard.
À la rencontre de l'autre
Pour Marco Collin, le ren‐ dez-vous dramaturgique est surtout une question de par‐ tage entre le public et les ar‐
tistes. Ce qui est important, c’est de créer un lieu com‐ mun où on peut dire les choses avec franchise, sou‐ ligne-t-il. C’est d’autant plus nécessaire que l’on vit au‐ jourd’hui dans un monde de plus en plus polarisé.
Du 11 au 21 avril, le Théâtre Aux Écuries, à Mon‐ tréal, propose une belle bro‐ chette d’activités incluant des productions sur les planches, mais également des discus‐ sions avec des personnalités, une création d’une oeuvre in situ (du peintre atikamekw
Jacques Newashish) et des makushams, fêtes tradition‐ nelles où se mêlent ren‐ contres et grands festins.
L’art autochtone n’est pas linéaire. Notre but, c’est nous éloigné des stéréotypes, très loin de la vision romantique que l’on nous a accolée très tôt. On se raconte sur scène à notre façon avec la main tendue vers l’autre.
Marco Collin
N’étant pas lui-même Au‐ tochtone, Xavier Huard, né en Mauricie, croit qu’il existe un véritable besoin d’une grande partie de la popula‐ tion québécoise de rentrer en relation franche et pro‐ fonde avec les Premières Na‐ tions du Québec.
Il y a réel désir de rappro‐ chement parce que beau‐ coup de gens commencent à prendre conscience de plu‐ sieurs réalités. Ils réalisent par exemple que l’histoire qu’on leur a enseignée à l’école leur a été présentée d’une certaine façon, souvent au détriment des premiers peuples.
Une ouverture du public accueillit les bras ouverts par les créateurs autochtones qui ont un fort besoin d’expres‐ sion, assure de son côté
Marco Collin, occasion aussi de mettre en branle des ré‐ flexions sur le vivre en‐ semble. On a beau ne pas être d’accord sur divers su‐ jets, il reste qu’il faut garder les canaux ouverts. L’art est un médium qui permet juste‐ ment de garder des contacts.
En matière de mélange et d’imbrication, le festival joint le fond et la forme en réunis‐ sant dans une même créa‐ tion, artistes autochtones et allochtones. Dans la pièce Mashinikan, j’ai consciem‐ ment choisi de faire jouer les Autochtones par des Québé‐ cois et les Québécois par des membres de la diversité ou des Autochtones, mentionne Marco Collin.
Et de ce brassage artis‐ tique fleuri des réflexions in‐ édites, note le metteur en scène, précisant que l’art de‐ vient alors un lieu où il est encore possible de vivre et de respirer tous ensemble. C’est passionnant de voir comment le mélange crée de nouvelles pistes de création.
La première édition du festival Les Autochtoneries d’Aux Écuries se déroule du 11 au 21 avril.