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Turbo Kid, le premier film québécois adapté en jeu vidéo

- Stéphanie Dupuis

Vélos BMX, armes lou‐ foques et adversaire­s (très) ensanglant­és : les aven‐ tures postapocal­yptiques de Turbo Kid, héros du film culte de Roadkill Super‐ stars (RKSS) sorti en 2015, se poursuiven­t non pas au grand écran, mais dans un jeu vidéo lancé mercredi sur la plateforme Steam.

On est des gamers depuis toujours. On a grandi avec les premières consoles de jeux vidéo, souligne Anouk Whissell, du trio de cinéastes RKSS qui a imaginé le film Turbo Kid, vendu dans 56 pays.

Le personnage de Turbo Kid tient lui-même beaucoup des jeux vidéo, dont Mega‐ man [et son bras qui tire des projectile­s], par exemple, qui est une inspiratio­n évidente dans le film.

Anouk Whissell, de RKSS Déjà sur le plateau de tournage de cette oeuvre de science-fiction primée, elle et ses camarades Yoann-Karl Whissell et François Simard avaient le fantasme d’en faire un jeu vidéo, mais ne souhai‐ taient pas faire les choses à moitié. On voulait que ce soit un vrai gros jeu, sur une vraie plateforme. Surtout pas une applicatio­n mobile, précise la scénariste et réalisatri­ce.

L’équipe a décidé de pas‐ ser de la parole aux actes peu après la sortie du film, lors d’une soirée arrosée au bar vidéoludiq­ue Arcade MTL entre les amis de longue date Yoann-Karl Whissell et Ghis‐ lain « Guiz » de Pessemier, cofondateu­r et producteur général du studio Outer‐ minds.

On venait de connaître notre premier succès avec notre jeu [du populaire you‐ tubeur Felix Kjlellberg, alias] PewDiePie. On s’est dit : nous, on fait des jeux vidéo, eux, ils font des films. On pourrait faire ça ensemble, raconte Guiz de Pessemier. Pour Yoann-Karl Whissell, c'était la fusion de deux équipes créatives et de leurs univers respectifs.

Mariage entre les pixels et le rétrofutur­isme

L’arrimage entre Outer‐ minds, qui fait dans l’art pixé‐ lisé, et RKSS allait de soi : Toutes nos technologi­es dans le film sont analogues. Le film se déroule dans le futur, mais un futur qui s’est passé dans les années 1990. C’est comme si la technologi­e avait arrêté à ce moment, explique Anouk Whissell.

Le pixel art, c’est l’esthé‐ tique qu’il nous fallait. Si ça avait été en 3D, ou dessiné, ça n'aurait pas eu le bon ef‐ fet. [...] Là, c’est comme si c'était un vieux jeu, mais fait présenteme­nt.

François Simard, de RKSS Dans ce jeu de type me‐ troidvania, on incarne soit Turbo Kid, soit son amie ro‐ bot Apple. Sur un vélo BMX, on explore le territoire du Wasteland dans une vaste carte en 2D qui, plus on pro‐ gresse dans le jeu, s'étend.

L’histoire reprend là où le premier film s'est terminé, soit à l’entrée du Wasteland et avant l’hypothétiq­ue film Turbo Kid 2, souligne Guiz de Pessemier, qui a eu accès au scénario du second film, dont on ne sait s’il verra le jour.

Le jeu, qui peut aussi être apprécié des personnes non initiées à l’univers rétrofutu‐ riste de Turbo Kid, d’après ses têtes créatrices, est une véritable lettre d’amour au film.

Dans l'univers du jeu ré‐ tro, des adaptation­s ratées de film, il y en a eu beau‐ coup. On a souvent sorti des jeux seulement pour y es‐ tamper une propriété intel‐ lectuelle, déplore Guiz de Pessemier. L’approche d'Ou‐ terminds est différente, es‐ time celui qui dit être là pour montrer son amour de la propriété intellectu­elle Turbo Kid, et non pas en faire de l’argent.

On sent la passion de tout ce monde qui a travaillé au jeu. C'en est touchant, quelque part, de voir tout le travail et le dévouement d'Outerminds.

Yoann-Karl Whissell, de RKSS

En plus de retrouver plu‐ sieurs armes signatures de celui qu’on appelle le Kid, dont le turbo glove, ce gant superpuiss­ant que porte le héros du film, des person‐ nages devenus cultes sont également de retour dans le jeu. Parmi ceux-ci, un mé‐ chant qui ne survit pas dans le film. Les gens seront contents de se mesurer à lui, souligne François Simard.

Le Matos, le groupe de musique électroniq­ue québé‐ cois qui a signé la bande so‐ nore du film, a pondu du nouveau matériel pour le jeu, une première incursion en terrain vidéoludiq­ue pour lui.

Les fans du film ne seront donc pas en terrain trop in‐ connu. Après tout, c’est un peu grâce à leur dévouement que le jeu vidéo est au‐ jourd’hui aussi élaboré : dix heures seulement après le lancement d’une campagne de sociofinan­cement sur Kickstarte­r, l’objectif de 50 000 $ avait été atteint. En tout, Outerminds a réussi à amasser 170 000 $ au moyen de cette plateforme.

Les gens vont retomber dans l’univers de Turbo Kid. C’est une extension de ce monde, et ils vivront les mêmes émotions que celles vécues dans le film, ajoute Anouk Whissell.

Fièrement québécois

Mais ce qui fait le plus la fierté des deux équipes créa‐ tives, c’est que l’entièreté du jeu est faite au Québec, de son développem­ent à sa mu‐ sique, en passant par la mar‐ chandise promotionn­elle, si‐ gnée Poche & Fils.

On est chanceux, au Qué‐ bec, d’avoir une industrie du jeu vidéo en santé. Et c'est important que le gouverne‐ ment entende ce message.

Guiz de Pessemier, cofon‐ dateur et producteur général du studio Outerminds

L’argent ne sort pas du pays, il reste ici, dans la pro‐ vince, insiste-t-il, faisant réfé‐ rence au récent budget du ministre des Finances du Québec, Eric Girard, qui a dé‐ çu l'industrie locale du jeu vi‐ déo.

En tant que peuple, en tant que Québécois, je trouve qu’on crée beaucoup, et on a de quoi être fier, note YoannKarl Whissell. Le film a été vendu sur pas mal tous les marchés. Le jeu vidéo de Turbo Kid, ce sera la même chose. On va y jouer partout sur la planète. Ce sera une autre création québécoise qui va rayonner à l’internatio‐ nal.

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