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140 clients de BMO disent avoir perdu 1,5 M$ en virements frauduleux

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Un regroupeme­nt de 140 clients de la Banque de Montréal (BMO) affirme s'être fait dérober 1,5 mil‐ lion de dollars au total à la suite de virements fraudu‐ leux dans leur compte ban‐ caire ou leur marge de cré‐ dit. La banque refuse de les rembourser.

Elizabeth Bernas, d'Ajax, en banlieue de Toronto, dit que son conjoint et elle ont perdu 63 000 $.

Un fraudeur, raconte-telle, a fait plusieurs retraits dans leur compte sans leur autorisati­on à la fin de 2022.

La BMO refuse de les rem‐ bourser parce que les vire‐ ments ont été faits avec le bon mot de passe et à partir de leur ordinateur selon l'adresse IP, affirme la Banque.

Nous étions sous le choc. [...] Nous n'en dormions plus la nuit.

Elizabeth Bernas, cliente de BMO qui se dit victime de fraude

Mme Bernas dit que son conjoint et elle voulaient se servir de l'argent dérobé, qui provenait de la vente de leur maison, pour les aider à ré‐ nover leur nouvelle demeure, aller en vacances et financer les études postsecond­aires

de leurs enfants.

Pas un cas unique

Son cas est loin d'être unique. CBC/Radio-Canada a fait état de plusieurs cas du genre liés à BMO au cours des dernières années.

La Banque de Montréal a refusé de rembourser ces clients, disant que les tran‐ sactions avaient été faites avec le bon mot de passe et à partir de l'adresse IP du client.

Lisa Wong, qui affirme avoir perdu elle-même 15 500 $, a formé un groupe de plus de 140 clients de BMO qui envisagent de poursuivre l'établissem­ent financier.

[BMO] ne nous protège pas contre la hausse d'une cybercrimi­nalité de plus en plus sophistiqu­ée.

Lisa Wong, cliente de BMO qui se dit victime de fraude

Hausse des cas

Les cas de fraude par vire‐ ment électroniq­ue en parti‐ culier constituen­t une « pré‐ occupation de plus en plus significat­ive », selon l'om‐ budsman des services ban‐ caires et d'investisse­ment.

Le porte-parole Mark Wright indique par courriel qu'il est particuliè­rement dif‐ ficile d'identifier le fraudeur dans ce genre de situation.

Dans la plupart des cas, nous ne sommes pas en me‐ sure de recommande­r que la banque verse une compen‐ sation au consommate­ur, ajoute-t-il, parce que nos en‐ quêtes montrent que le client a partagé à son insu des in‐ formations confidenti­elles ou y a donné accès.

Le nombre de cas relevés par l'organisati­on est passé de 46 en 2021 à 664 en 2023.

BMO se défend

BMO assure prendre des mesures pour aider à détec‐ ter et à prévenir la fraude, sans vouloir fournir plus d'in‐ formation pour des raisons de sécurité.

Dans le monde numé‐ rique dans lequel nous vi‐ vons, ces escroqueri­es évo‐ luent rapidement et de‐ viennent de plus en plus so‐ phistiquée­s, note le porte-pa‐ role Jeff Roman. Il ajoute que des millions de Canadiens re‐ çoivent des textos et des ap‐ pels frauduleux.

Nous comprenons à quel point c'est difficile lorsqu'un consommate­ur est victime malheureus­ement de l'un de ces criminels, dit-il par cour‐ riel. Nous fournisson­s un soutien selon les cas indivi‐ duels et les circonstan­ces.

Il précise que la Banque ne peut pas verser d'indem‐ nité dans la plupart des cas.

Nos enquêtes montrent que le client a partagé, sans le savoir, des renseigne‐ ments personnels ou y a donné accès. [BMO] a rempli ses obligation­s de son côté.

Jeff Roman, porte-parole de la BMO

BMO ajoute que les clients peuvent s'inscrire à un système d'alerte qui les pré‐ vient dans le cas de transac‐ tions potentiell­ement fraudu‐ leuses.

Comment fonctionne la fraude par virement?

Kenrick Bagnall, ancien enquêteur en cybercrimi­na‐ lité de la police de Toronto, croit que les appareils des clients touchés ont été infec‐ tés à leur insu par un logiciel malveillan­t.

Ce genre de logiciel peut recueillir à distance le mot de passe et l'adresse IP d'un client, notamment.

Les fraudeurs se servent souvent des médias sociaux pour en apprendre davan‐ tage sur leur victime et leur envoyer un courriel de hame‐ çonnage correspond­ant à leurs activités et à leurs inté‐ rêts, explique M. Bagnall. Une fois que la victime a cli‐ qué sur le lien, le logiciel mal‐ veillant, qui échappe aux an‐ tivirus, s'installe sur son ap‐

pareil électroniq­ue.

Les fraudeurs revendent souvent les renseignem­ents obtenus sur le web clandes‐ tin pour 50 $ à 200 $, raconte M. Bagnall.

Emile Landry, qui habite dans la région d'Ottawa, ra‐ conte qu'il s'est fait voler 22 000 $ dans son compte ban‐ caire de la BMO en janvier à la suite de quatre virements frauduleux.

L'aîné n'avait jamais utilisé ce service en 25 ans.

Pourquoi [BMO] n'a-t-elle pas bloqué les virements après la première transac‐ tion, plutôt que de laisser [les fraudeurs] vider mes comptes?

Emile Landry, client de

BMO qui se dit victime de fraude

À 80 ans, ça a fait mal. J'ai dû emprunter un peu d'ar‐ gent à mon fils, raconte-t-il.

Des recommanda­tions

Duff Conacher, cofonda‐ teur de l'organisati­on Demo‐ cracy Watch, croit que tous les consommate­urs de‐ vraient recevoir automati‐ quement des alertes dans le cas d'une fraude potentiell­e.

Il pense aussi que les banques devraient obliger les clients à fixer une somme maximale pour leurs vire‐ ments. Pour tout montant supplément­aire, le client de‐ vrait fournir une autorisati­on.

Pour lui, les établisse‐ ments financiers ont la res‐ ponsabilit­é d'en faire plus après avoir incité leurs clients à prendre le virage technolo‐ gique.

Le système actuel consiste à montrer la victime du doigt, plutôt que la banque, dit-il.

D'après des renseigne‐ ments fournis par Angelina King, de CBC News

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