Northvolt : un fonctionnaire qui avait dénoncé le ministère de l’Environnement démissionne
Après avoir dénoncé l'ingé‐ rence du milieu politique dans les décisions du mi‐ nistère de l'Environnement concernant le dossier Nor‐ thvolt, un fonctionnaire de la direction régionale du Bas-Saint-Laurent, Ghislain Côté, démissionne.
Il y a près de deux mois, Ghislain Côté avait sommé le gouvernement d'être plus transparent dans le dossier de la future usine de batte‐ ries en Montérégie. Il avait également déploré que selon lui, l'autorisation accordée par son ministère pour ce projet était une commande politique. Deux missives avaient alors été envoyées au ministre de l'Environnement, Benoit Charette, pour dénon‐ cer la situation.
Près de deux mois après cet événement, M. Côté, qui était jusqu'à vendredi dernier coordonnateur de l’équipe d’analyse et d’expertise du ministère de l'Environnement pour la région du Bas-SaintLaurent, se désole de n'avoir obtenu aucune réponse, ce qui, selon lui, ne permet pas aux fonctionnaires de servir le public correctement et en toute transparence.
Je sentais que des fois mes aspirations pour la pro‐ tection de l’environnement allaient peut-être au-delà des possibilités qui m’étaient of‐ fertes par le ministère. Ghislain Côté
Après avoir été à l'emploi du ministère de l'Environne‐ ment pendant plus de six ans, il a donc remis sa démis‐ sion.
Le ministère est rempli de bons professionnels qui oeuvrent pour la mission. Ce que je trouve dans le cadre du dossier Northvolt, c’est que la politique semble s’être mêlée des affaires du minis‐ tère. À mon sens, un minis‐ tère devrait oeuvrer en toute indépendance de l’aspect po‐ litique. […] Quand les deux se mêlent, il y a apparence de conflit d’intérêts, s’il n’ y a pas conflit d'intérêts et ça ap‐ porte rien de bon à la société québécoise, affirme-t-il.
M. Côté ajoute que le dos‐ sier Northvolt démontre que certains avis professionnels des fonctionnaires du minis‐ tère peuvent ne pas être pris en compte. Je trouve qu'il y a un problème, s'indigne-t-il.
Un BAPE recommandé par les fonctionnaires, écarté par le ministre
Plus tôt cette semaine, Ra‐ dio-Canada révélait que le ministre de l'Environnement n'avait pas l'appui de ses fonctionnaires pour éviter à Northvolt un examen du Bu‐ reau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Un examen complet était plutôt recommandé, en rai‐ son des potentiels impacts importants sur la population, les milieux humides, la faune et la flore.
Le Centre québécois en droit de l'environnement conteste d'ailleurs les modifi‐ cations aux règlements qui ont permis d'écarter la tenue d'un BAPE.
Ghislain Côté, pour sa part, espère que le gouverne‐ ment changera sa façon de gérer ce dossier. La politique devrait appartenir aux politi‐ ciens, et les avis profession‐ nels aux professionnels des ministères, argue-t-il.
Au moment de publier ces lignes, il n'avait pas été pos‐ sible d'obtenir un commen‐ taire de la part du cabinet du ministre de l'Environnement.