Rapprochement États-Unis, Japon et Philippines pour contrer la Chine
Collaboration militaire plus étroite, publication de 70 nouveaux accords en ma‐ tière de sécurité écono‐ mique, d'intelligence artifi‐ cielle et de secours d’ur‐ gence, annonce qu’un Japo‐ nais sera le premier nonAméricain à marcher sur la Lune. Washington et Tokyo promettent de travailler ensemble à préserver et à renforcer la liberté et l’ordre mondial actuel.
Dans le bureau ovale de la Maison-Blanche et à la récep‐ tion officielle organisée en soirée pour célébrer la visite à Washington du premier mi‐ nistre du Japon Fumio Ki‐ shida, le ton était jovial et les hyperboles, nombreuses.
L’alliance entre les deux pays n’a jamais été aussi forte de toute notre histoire, a dit avec enthousiasme le président américain, Joe Bi‐ den.
Robert Dujarric, cher‐ cheur à l'Université Temple Japan à Tokyo, rappelle que cette coopération plus étroite entre Washington et Tokyo remonte aux années 90, au moment où le Japon a com‐ mencé à percevoir une me‐ nace venant de la Chine.
Ça date d'il y a mainte‐ nant 30 ans, ce désir partagé à Tokyo et Washington de contrecarrer la Chine. Donc, ce sont des pays qui ont les mêmes intérêts. Il n'y a au‐ cun désir de rompre avec Pé‐ kin. Il y a l'ambition de dis‐ suader, ce qui n'est pas la même chose. Et graduelle‐ ment, c'est une alliance Ja‐ pon-États-Unis qui s'est ren‐ forcée, mais de façon très graduelle et qui n'est encore pas au niveau de l'OTAN, par exemple, explique-t-il.
Collaboration militaire
En tête des réalisations promises par Joe Biden et Fu‐ mio Kishida, on retrouve une plus grande collaboration mi‐ litaire. Les différentes branches des forces améri‐ caines au Japon seront pla‐ cées sous un commande‐ ment opérationnel unique qui coordonnera les opéra‐ tions avec un nouveau com‐ mandement japonais intégré lui aussi. Washington et To‐ kyo promettent une plus grande transparence avec cette refonte hiérarchique.
On parle de changer la structure de commandement américaine au Japon. Ça prendra du temps, c'est loin d'être fait. Commandement intégré ou pas, c'est loin d'être évident. On ne voit pas comment ça fonctionnerait actuellement. Le Japon dé‐ pense un peu plus pour sa défense, donc tout le monde est content. Cette alliance se porte plutôt bien, disons. Comment opérerait-elle en temps de guerre? Ça, on ne sait pas, affirme Robert Du‐ jarric.
Tensions pines Chine-Philip‐
La Chine et ses opérations militaires agressives en mer de Chine méridionale seront aussi au coeur de la ren‐ contre tenue aujourd’hui à Washington entre Joe Biden, Fumio Kishida et le président des Philippines, Ferdinand Marcos Fils.
L'objectif principal de cet accord trilatéral est que nous puissions continuer à pros‐ pérer, pouvoir nous entraider et bien sûr maintenir la paix en mer de Chine méridionale ainsi que la liberté de naviga‐ tion, a déclaré le président philippin avant de s’envoler vers Washington.
Il espère obtenir plus de détails sur les façons d’im‐ planter cette coopération en mer de Chine méridionale, où les accrochages et escar‐ mouches entre navires chi‐ nois et philippins sont nom‐ breux depuis quelques an‐ nées.
Les Philippines ont im‐ ploré Pékin de cesser son harcèlement en mer le mois dernier et près de 100 mani‐ festants ont marché vers le consulat chinois à Manille mardi pour porter le même message.
Ils ont condamné les garde-côtes chinois pour avoir tiré à plusieurs reprises avec des canons à eau sur des bateaux philippins. Ces incidents auraient entraîné des blessures parmi des sol‐ dats philippins.
Le week-end dernier, Wa‐ shington, Tokyo et Manille ont lancé des manoeuvres militaires d’entraînement conjoint en mer, des exer‐ cices dénoncés par Pékin qui a répliqué en organisant ses propres manoeuvres en mer de Chine méridionale.
On interprète cette ren‐ contre trilatérale et ces ma‐ noeuvres militaires dans le désir du Japon de montrer qu'il est capable de contri‐ buer à la sécurité de la ré‐ gion, qu'il n'est pas seule‐ ment un consommateur de sécurité et de protection américaine. C'était des ma‐ noeuvres, sans aucun doute un pouvoir dissuasif. S'il y a vraiment un conflit armé entre les Philippines et la Chine, que les États-Unis y participent, est-ce que le Ja‐ pon enverra des avions ou des navires? C'est loin d'être évident.
La rencontre Biden-Ki‐ shida-Marcos a aussi pour but de renforcer des al‐ liances économiques en ma‐ tière d’énergie renouvelable, de cybersécurité et de semi‐ conducteurs. Des analystes estiment qu’encore là, le but est de limiter l’influence chi‐ noise dans la région.
Lundi, le ministère chinois des Affaires étrangères a af‐ firmé son opposition à la fa‐ brication de groupes exclu‐ sifs et à la confrontation entre différents groupes de la région.
Pékin surveille de près les rencontres tenues à Wa‐ shington cette semaine.