Les Centres collégiaux de transfert de technologie demandent plus de financement
Le réseau des centres collé‐ giaux de transfert de tech‐ nologies (CCTT) dénonce un financement public insuffi‐ sant pour continuer d'ac‐ compagner les PME dans leur développement.
Les centres collégiaux de transfert de technologies se financent à 85 % grâce aux projets qu'ils mettent en place et auxquels des bud‐ gets sont alloués, qu'ils soient privés ou publics, par des programmes et bourses spécifiques. Quant au 15 % restant, il provient d'un finan‐ cement public, représentant une enveloppe de 25 millions de dollars.
Ce financement de base permet d'assurer, notam‐ ment, les frais d'entretien des infrastructures des centres technologiques, mais aussi les frais d'équipement, la te‐ nue de colloques et l'organi‐ sation de formations. C'est ce financement de base qui n'augmente plus depuis plu‐ sieurs années, selon le ré‐ seau des CCTT.
Sur les 59 centres collé‐ giaux de transfert de techno‐ logies existant à travers la province, sept sont situés au Bas-Saint-Laurent. On compte Biopterre, Novika et Optech à La Pocatière, le CDRIN à Matane, Innovation Maritime à Rimouski, SEREX à Amqui et Llio à Rivière-duLoup.
Ces centres ont pour mandat d’accompagner et de répondre à des besoins, sou‐ vent de petites et moyennes entreprises, qui n’ont pas les moyens d’avoir des équipes de recherche et développe‐ ment. Dans un contexte éco‐ nomique où les entreprises sont frileuses pour dévelop‐ per, c’est là qu’il faudrait mi‐ ser sur l’innovation pour faire repartir la machine écono‐ mique explique le président directeur général du réseau des centres collégiaux de transfert de technologies, Mi‐ chel Lesage.
Une lettre d’opinion a d’ailleurs été publiée cette se‐ maine par la majeure partie des centres technologiques pour exprimer leur insatisfac‐ tion. Les CCTT estiment être le parent pauvre des investis‐ sements gouvernementaux en matière de recherche et de développement.
On parle d’un modèle unique au monde, d'un bijou, on cite les CCTT en exemple… et le financement ou les actes ne suivent pas.
Michel Lesage, pdg du ré‐ seau des Centres collégiaux de transfert de technologies
Le pdg déplore que le fi‐ nancement de base ne soit pas indexé au coût de la vie.
Plusieurs centres technolo‐ giques seraient d'ailleurs en précarité financière. Le ré‐ seau des CCTT indique que 21 centres étaient en déficit budgétaire en 2022-2023, contre 7 en 2020-2021.
Comme partout les coûts augmentent, notamment pour l’embauche de spécia‐ listes et de chercheurs dans des domaines très pointus, la masse salariale exerce une pression importante, ajoute Michel Lesage.
Une compétitivité gile
Optech, à La Pocatière, a renoncé à certains projets et contrats en raison de ce manque de financement pu‐ blic. On ne veut prendre au‐ cun risque. On refuse des contrats dès que ça sort de nos connaissances, affirme le directeur général d'Optech, Maroun Massabki.
L'entreprise concentre ses activités dans le domaine des fibres optiques et de l'op‐ tique photonique. Son finan‐ cement de base représente 10 % de son chiffre d'affaires, soit 420 000 $. Le dirigeant estime qu'il faudrait une aug‐ mentation de 150 %, soit d'un million de dollars, pour rester dans la course techno‐ logique.
On voit bien des do‐ maines qui mériteraient d'être développés, mais on n'a pas les moyens de déve‐ lopper… On voit que la Suisse ou l'Allemagne sort tel pro‐ duit et c'était pourtant un produit qu'on avait réfléchi avec des partenaires au Qué‐ bec il y a trois, quatre ans, mais qu'on a jamais pu déve‐ lopper faute de moyens.
Maroun Massabki, direc‐ teur général d'Optech
Le réseau des Centres col‐ légiaux de transfert de tech‐ nologies a récemment remis un rapport pré-budgétaire au ministère de l’Enseignement supérieur, au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et au Trésor dans lequel il offre plusieurs re‐ commandations. Il propose notamment d'augmenter la part du financement de base à 40 %.