L’Alberta est l’avant-dernière province où le salaire minimum est le plus faible
Alors qu’elle était en tête de peloton en matière de salaire minimum au pays, l’Alberta se situe désormais à l'avant-dernier rang avec 15 $ l'heure, devant la Sas‐ katchewan qui ferme la marche avec 14 $ l'heure.
Lorsque l'Alberta a porté son salaire minimum à 15 $ l'heure, à l'automne 2018, il s'agissait alors du taux le plus élevé du pays. Depuis, il n'y a pas eu de revalorisation du salaire minimum dans la province, alors que la plupart des provinces et territoires augmentent leur salaire mini‐ mum cette année et que d’autres l’ont fait en 2023.
Cela signifie que l'une des provinces les plus riches du Canada est à la traîne pen‐ dant que ses résidents font face au taux d'inflation le plus élevé d’un océan à l’autre : il se situait à 4,2 % en février, contre une moyenne nationale de 2,8 %.
D’après Meaghon Reid, di‐ rectrice générale de Vibrant Communities Calgary, une organisation qui lutte pour la réduction de la pauvreté, le salaire minimum de subsis‐ tance s'élève à 23,70 $ l’heure à Calgary, par exemple, d’après les calculs de l'Alberta Living Wage Network.
Nous savons que les per‐ sonnes qui gagnent le salaire minimum ne parviennent pas à joindre les deux bouts et qu'elles doivent faire des compromis, notamment en ce qui concerne les médica‐ ments et la nourriture. C'est ce que nous entendons le plus souvent.
Meaghon Reid, organisme
Vibrant Communities Calgary
Mme Reid a observé la fa‐ çon dont les autres provinces ont ajusté leur salaire mini‐ mum pour tenir compte de l'augmentation du coût de la vie. Par exemple, le salaire minimum de l'Ontario pas‐ sera à 17,20 $ en octobre 2024 après avoir été porté à 16,55 $ l'heure en octobre 2023, alors que celui de la Colombie-Britannique pas‐ sera à 17,40 $ en juin pro‐ chain, sur la base de l'indice des prix à la consommation.
Le salaire minimum fédé‐ ral est, quant à lui, passé à
17,30 $ le 1er avril.
Quand la multiplication des heures ne suffit pas
Cliodhna Britner, 19 ans et étudiante à l'Université de
Calgary, fait partie des 126 000 Albertains qui gagnent le salaire minimum. Bien qu'elle essaie d'accumuler autant d'heures que possible, elle estime que 15 $ l'heure ne suffisent pas.
Je ne peux littéralement pas me permettre de sortir ou de me faire plaisir. C'est donc un coup dur mentale‐ ment, dit-elle, en ajoutant que son avenir est sombre et qu'elle ne sait pas comment elle pourra un jour s'offrir sa propre maison.
C'est vraiment fatigant. On a l'impression d'être pris dans un engrenage dont on ne peut pas sortir, ou dont on ne sait pas comment sor‐ tir.
Cliodhna Britner,
étu‐ diante
Anand Unnithan, 23 ans, explique pour sa part qu'il a dû prendre un deuxième em‐ ploi à temps partiel pour ai‐ der ses parents à payer les factures. Le gouvernement devrait envisager d'augmen‐ ter le salaire minimum.
Les étudiants et les jeunes ne sont pas les seuls à être confrontés à la hausse des coûts. Le plus récent profil du salaire minimum en Alberta, qui date de 2020, montre que 41 % des salariés rému‐ nérés au salaire minimum avaient des enfants.
Craintes de répercus‐ sions économiques
Dans une déclaration à CBC, le ministère albertain du Travail, de l’Économie et du Commerce dit qu’il com‐ prend les pressions inflation‐ nistes auxquelles de nom‐ breux Albertains sont actuel‐ lement confrontés.
Nous reconnaissons éga‐ lement les impacts significa‐ tifs des changements poten‐ tiels du salaire minimum, no‐ tamment pour les tra‐ vailleurs, les petites entre‐ prises et les coûts qui [se‐ raient] en fin de compte ré‐ percutés sur tous les Alber‐ tains, a fait savoir Josh Al‐ drich, l'attaché de presse du Ministère.
La province dit qu'elle éva‐ luait constamment le calcul du salaire minimum de l'Al‐ berta.
Mike Holden, économiste en chef du Business Council de Alberta, affirme qu'il existe des moyens de préve‐ nir les répercussions sur l'économie. Par exemple, donner aux entreprises le temps de se préparer à de petites augmentations, sug‐ gère-t-il, en soulignant que le moment choisi pour procé‐ der à une éventuelle aug‐ mentation est également im‐ portant.
Charles St-Arnaud, écono‐ miste en chef de la caisse po‐ pulaire Alberta Central, sou‐ tient qu'étant donné que le pourcentage d'Albertains ga‐ gnant le salaire minimum est relativement faible, augmen‐ ter ce salaire ne serait pas trop préjudiciable pour l'éco‐ nomie.
Il ajoute par ailleurs que bien que l'Alberta ait le re‐ venu médian le plus élevé du Canada, l'écart avec les autres provinces se réduit. Lorsque les salaires moyens en Alberta convergent avec le reste du pays, il est logique que le salaire minimum converge vers la moyenne.
Avec les informations de Karina Zapata