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Daniel Lanois, artiste musicien et alchimiste du son

- Aïda Semlali

Mondialeme­nt connu pour ses collaborat­ions musi‐ cales avec des artistes et formations comme U2, Neil Young, Bob Dylan, Peter Gabriel ou encore Willie Nelson, le musicien Daniel Lanois est de retour au ber‐ cail. Établi aujourd’hui en Jamaïque, le chanteur né et ayant grandi à Hull se produit mercredi à Gati‐ neau, dans le cadre d’une tournée du Daniel Lanois Trio.

Quand je pense à Gati‐ neau, je pense à mon en‐ fance, confie au bout du télé‐ phone Daniel Lanois, quelque part entre Québec et l’Outaouais. J’avais pour habitude de jouer près des voies ferrées et de la rivière. J’ai aussi de beaux souvenirs de constructi­on de forts de neige, ajoute en anglais le musicien, ponctuant ses phrases de quelques mots en français.

Ma mère nous laissait faire ce que nous voulions. Nous sortions et jouions toute la journée, se souvientil. Ces journées d’enfant ryth‐ mées par l’aventure et l'ex‐ ploration ont jeté les bases de sa vie d’artiste affairé et créatif, souligne Daniel La‐ nois.

Des terrains de jeu va‐ riés

Daniel Lanois rit modeste‐ ment quand on lui rappelle que le magazine Rolling Stone l’a décrit comme le plus important producteur de disques à avoir émergé dans les années 1980.

C’est vraiment gentil de leur part de dire ça, poursuitil, signalant que le magazine a récemment consacré un ar‐ ticle à ses retrouvail­les en mars à Las Vegas, le temps d’une chanson, avec les membres du groupe irlan‐ dais U2.

Je suis allé sur scène jouer avec mes vieux amis, ce qui était fantastiqu­e. Et Rolling Stone a écrit un article sym‐ pathique. Alors merci Rolling Stone de m’avoir mentionné il y a quelques années et plus récemment.

Avec la complicité de Brian Eno, Daniel Lanois a produit pour eux des disques aussi célèbres que The Jo‐ shua Tree, Achtung Baby et No Line on the Horizon.

Parallèlem­ent à ses nom‐ breuses collaborat­ions, Da‐ niel Lanois a mené une car‐ rière solo riche d’une dizaine d’albums. Il se dit très chan‐ ceux d’avoir pu expériment­er ces deux volets dans sa car‐ rière et assure ne privilégie­r aucune de ces approches musicales.

Je préfère ce que je fais en ce moment, à n’importe quel moment!, assure-t-il, qu’il s’agisse d’écrire des chansons dans des chambres d’hôtel ou d’officier comme alchi‐ miste de studio, nouant des amitiés et forgeant de puis‐ sants liens à force de prodi‐ guer des conseils musicaux dans un esprit de dévoue‐ ment fraternel.

Il n’oublie pas de citer son amour pour la scène et le partage avec le public. On aime la route et chanter des chansons aux gens. Ce n’est pas quelque chose que vous pouvez vivre en studio.

Et comme il ne compte pas prendre de si tôt sa re‐ traite, c’est avec sagesse qu’il aborde, à 72 ans, la tournée printanièr­e qui le mène à tra‐ vers le Québec et au Nou‐ veau-Brunswick. J’ai un secret : je suis dans le truck, en train de manger des carottes bio et de ne pas boire d’alcool, confesse l’artiste, en riant. Daniel Lanois confie par ailleurs inclure de l’exercice physique et éviter les veillées festives.

Une soif musicale inta‐ rissable

Plus confidenti­elles que ses collaborat­ions les plus cé‐ lèbres, on lui doit aussi des collaborat­ions posthumes, comme pour Leonard Cohen en 2021, la musique d’un film, Sling Blade de Billy Bob Thornton, et la trame sonore du jeu vidéo à succès Red Dead Redemption II.

Même s’il admet qu’il ne [connaissai­t] pas grandchose à ce domaine et qu’il ne se serait jamais attendu à une telle collaborat­ion, Da‐ niel Lanois explique avoir ac‐ cepté avec enthousias­me la propositio­n de la compagnie new-yorkaise Rockstar Games.

La plateforme ne dicte pas le contenu. Le contenu est décidé par l’imaginatio­n et par toute personne suffi‐ samment intéressée pour franchir le pas.

Daniel Lanois, musicien C’est un moyen comme un autre de faire écouter de la musique. J’étais excité à l’idée que je pourrais re‐ joindre les oreilles de plu‐ sieurs personnes qui, peutêtre, ne connaissen­t rien de moi, ou n’écoutent pas mes albums, fait valoir l’artiste, af‐ firmant avoir écrit de très bonnes chansons pour ce jeu.

Ses projets incluent un al‐ bum solo aux sons et compo‐ sitions exotiques actuelle‐ ment en préparatio­n, et un album à venir qu’il finalise pour le fils de Willie Nelson, Micah, alias Particle Kid, un artiste de grand talent.

Parmi les collaborat­ions dont il rêve, il cite l’artiste barcelonai­se Rosalia, une chanteuse douée, l’une de [ses] chanteuses favorites.

Et quand il ne compose pas ou qu’il ne se produit pas sur scène, la musique conti‐ nue de l’accompagne­r.

Je suis un joueur de billard et j’aime écouter des disques dans ces momentslà. Sélectionn­ant des chan‐ sons ou des musiques qui se passent de vibrato, citant Si‐ néad O'Connor, Chet Baker ou encore Miles Davis, les mélodies pures et claires ont actuelleme­nt sa préférence.

J’aime me souvenir de ces artistes qui tenaient la note sans vibrato, car cela suggère une vulnérabil­ité, éclaire-t-il. On évite ainsi d’embellir la mélodie chantée, une ten‐ dance actuelle à laquelle il ne souscrit pas.

C’est dans cet esprit de pureté que lui et ses deux acolytes du Daniel Lanois Trio, le batteur Jermaine Holmes et le bassiste Jim Wil‐ son, unissent deux fois par concert leurs voix à la sienne pour des morceaux accom‐ pagnés simplement d’une guitare. Quelques chansons en français s’ajoutent au tour de chant de ce trio attendu mercredi à Gatineau.

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