L’itinérance au coeur du nouveau projet artistique de La Boussole
Fort du succès du spectacle de théâtre-forum SpectAc‐ tivisme présenté en sep‐ tembre dernier, le centre communautaire franco‐ phone de Vancouver La Boussole revient avec In‐ terARTif, une toute nou‐ velle initiative artistique et interactive portant sur l’iti‐ nérance.
Ce nouveau projet, com‐ prenant trois ateliers d’art et une exposition, s’inspire no‐ tamment de témoignages non utilisés lors du spectacle SpectActivisme qui dénonçait les inégalités sociales.
Avec SpectActivisme, on avait recueilli 47 témoi‐ gnages, dont plusieurs sur l'itinérance, explique Nathalie Astruc, gestionnaire des pro‐ grammes culturels et com‐ munautaires à La Boussole. C'était difficile de tout repré‐ senter sur scène. Mais pour nous, c'était important de donner une voix à ces témoi‐ gnages.
On ne voulait pas laisser ces témoignages sur l’itiné‐ rance dans l'ombre. On vou‐ lait que ces voix soient en‐ tendues.
Nathalie Astruc, gestion‐ naire des programmes cultu‐ rels et communautaires à La Boussole
Un sujet qui s’impose
Le sujet de l’itinérance pour ce nouveau projet s'im‐ posait de lui-même pour le centre communautaire fran‐ cophone.
À La Boussole, l’itinérance fait partie de notre quotidien, confie Nathalie Astruc. C'est un public qui malheureuse‐ ment subit beaucoup de pré‐ jugés. InterARTif est un projet pour casser les mythes qui entourent l'itinérance.
L'itinérance, c'est pas juste habiter dans la rue, renchérit Aurélien Derozier, respon‐ sable des communications et du plaidoyer à La Boussole. Ça comporte toutes sortes de situations qui font qu’on n'a pas de chez-soi, un en‐ droit stable où on se sent en sécurité.
L'itinérance vient avec des difficultés quotidiennes que les gens ne peuvent s'imagi‐ ner. C’est un des sujets sur lesquels il y a le plus de dis‐ crimination.
Aurélien Derozier, respon‐ sable des communications et du plaidoyer à La Boussole
Des arts multiples pour stimuler les sens
Le projet InterArtif se dé‐ cline en quatre étapes.
Entre avril et décembre, La Boussole offrira tout d’abord trois ateliers d’art en‐ cadrés par des artistes pro‐ fessionnels.
On a un atelier de sculp‐ ture qui a commencé le 4 avril dernier, un atelier de peinture qui se déroulera en extérieur cet été et un autre qui porte sur la conception sonore et vidéo prévu à l’au‐ tomne, précise Nathalie As‐ truc qui coordonne InterAR‐ Tif.
Le projet culminera au dé‐ but de 2025 avec une exposi‐ tion itinérante prévue dans les nouveaux locaux de l’Al‐ liance Française de Vancou‐ ver ainsi qu'au PHS Commu‐ nity Centre dans le Down‐ town Eastside.
Notre objectif est d'avoir un parcours sensoriel, rêve Nathalie Astruc. Donc, de pouvoir voir, toucher et écou‐ ter des oeuvres. Mais aussi, comme le nom du projet l'in‐ dique, on veut qu’il y ait une partie interactive pour que le public puisse s’exprimer face à ces oeuvres.
Un projet ouvert à tous
Pour ce projet, La Bous‐ sole souhaite inviter toutes personnes vivant, ayant vécu ou ayant été témoin d’itiné‐ rance. C’est lors des divers ateliers que les participants pourront partager leur expé‐ rience.
Une approche qui com‐ porte son lot de défis, selon Nathalie Astruc.
L’itinérance est un sujet délicat. Avec SpectActivisme, c'était plus facile de se livrer parce qu’on avait des formu‐ laires en ligne, on pouvait nous appeler, et tout ça, de manière anonyme. Mais avec InterARTif, les personnes sont là, assises dans la salle pour suivre cet atelier.
Ça prend beaucoup de délicatesse pour faire parler une personne au sujet d'une expérience difficile. Mais l’art est un bon moyen pour s'ex‐ primer sur le sujet.
Nathalie Astruc, gestion‐ naire des programmes cultu‐ rels et communautaires à La Boussole
L’accessibilité pour les personnes en situation de handicap est aussi un pilier du projet.
Il est très important pour nous de rendre l'art acces‐ sible à tous, notamment aux publics porteurs de handi‐ caps, mentionne Nathalie As‐ truc. Donc, il y aura des amé‐ nagements pour les per‐ sonnes malvoyantes ou mal‐ entendantes, par exemple. Et surtout, ce sera d'avoir une exposition sensorielle, acces‐ sible à tous.
Nathalie Astruc conclut en expliquant que La Boussole va approcher les personnes qui fréquentent ses banques alimentaires hebdomadaires ou d’autres organismes du Downtown Eastside afin de recruter les futurs partici‐ pants.
Ce projet est ouvert aux francophones, francophiles et même anglophones. On ouvre nos portes à tous!, lance la coordonnatrice du projet.