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La série Vestiaires, ou comment s’amuser avec la différence

- Charles Rioux

La comédie à sketches Ves‐ tiaires, diffusée dès mer‐ credi 20 h sur les ondes d'AMI-télé, met en scène une dizaine d’interprète­s en situation de handicap qui incarnent les membres d’un club de natation ama‐ teur. Avec humour et auto‐ dérision, les partenaire­s de jeu prouvent qu’il est pos‐ sible de rire de tout, pourvu que ce soit fait dans le respect et entre adultes consentant­s.

La série réalisée par Louis Choquette est une adapta‐ tion de la production fran‐ çaise du même nom, dont les gags ont été adaptés pour le Québec. Elle met notamment en scène Michel Cordey, at‐ teint d'ostéogenès­e impar‐ faite (ou maladie des os de verre); Charlie Rousseau, at‐ teinte de malformati­on congénital­e, et Dominic Sillon, moitié du duo co‐ mique Dominic et Martin qui vit avec un oeil de verre de‐ puis l’adolescenc­e.

L’humour, c’est un bou‐ clier. Et souvent quand tu fais de l’humour avec ton handi‐ cap, ça casse les tabous et les gens sont plus enclins à te poser des questions et à en parler avec toi, plutôt que de rester à l’écart, a expliqué ce dernier lors de son passage à Tout le monde en parle, di‐ manche dernier. Dominic Sillon agit également à titre de coproducte­ur au contenu et coauteur de la série.

Michel Cordey, qui incarne Mike, partage le même avis que son collègue. Moi, j’es‐ saie de ploguer une joke le plus rapidement possible quand je rencontre des gens, pour leur montrer qu’ils peuvent aller là, a-t-il expli‐ qué sur le plateau de Guy A. Lepage.

Un antidote contre les préjugés

La distributi­on de Ves‐ tiaires comprend également Marie-Christine Ricignuolo, qui a perdu la vue à l’âge de 30 ans, Camille Chaï, qui est née sans bras ni jambe gauche, ou encore An‐ dréanne Fortin, qui vit avec le syndrome de Gilles de la Tou‐ rette.

Michel Charette, l’un des seuls acteurs de la série qui n’est pas en situation de han‐ dicap, incarne quant à lui le coach du club de natation. Son personnage sert surtout de faire-valoir aux membres de son équipe, qui profitent de son ignorance abyssale pour faire un peu de sensibi‐ lisation à la réalité des per‐ sonnes vivant avec un handi‐ cap.

À travers des discussion­s dans les vestiaires de la pis‐ cine, la série se sert des diffé‐ rences des uns et des autres comme ressorts comiques, ne reculant devant aucun ta‐ bou. Dans le premier épi‐ sode, trois des membres du club de natation tentent par exemple de hiérarchis­er leurs handicaps, et com‐ parent les sommes qu’ils re‐ çoivent du gouverneme­nt en raison de leur situation.

Il y a ceux qui sont nés avec un handicap, les handi‐ capés de souche, et ceux qui ont eu des accidents, les assi‐ milés, résume Michel Cordey à la blague. La question de la sexualité des personnes en situation de handicap est également abordée, au plus grand étonnement du coach.

Lui, dans sa tête, ça ne se peut pas que les personnes handicapée­s aient des rela‐ tions sexuelles. Donc il est sûr que Mike a adopté ses enfants, ou que c’est de l’in‐ sémination artificiel­le. On voulait défaire un peu ce ta‐ bou-là, explique Dominic Sillon.

L’humoriste et acteur est d’avis que l’on peut rire de tout lorsque les bonnes conditions sont réunies, comme l’esprit de camarade‐ rie qui s’est développé sur le plateau de tournage. Les gens vont vraiment sentir qu’il y a un esprit de gang dans ce vestiaire-là [...] Vu que la chimie est là, on n’a pas peur de faire des blagues, résume-t-il.

La clé est aussi dans le casting, dans le fait de trou‐ ver des gens qui s’assument. Vous allez entendre les sketches à la télé, mais ce qu’on se disait entre nous autres à l’heure du lunch, c’est pire que ça, conclut Mi‐ chel Cordey.

La série Vestiaires est dif‐ fusée sur les ondes d’AMItélé, les mercredis à 20 h. Elle sera offerte sur ICI Tou.tv au mois d’août.

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