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« L’âge d’or » des découverte­s d’épaves dans les Grands Lacs

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Il n'y a jamais eu de meilleur moment pour trouver, explorer et docu‐ menter les épaves des Grands Lacs, selon des ex‐ plorateurs. Cette période prospère pourrait toutefois se terminer dans quelques décennies.

Trois épaves ont été dé‐ couvertes dans les Grands Lacs au cours des 18 derniers mois :

Le Huronton, un cargo en acier qui a coulé en 1923 L'Africa, un cargo à vapeur disparu au 19e siècle L'Arling‐ ton, un cargo datant de la Se‐ conde Guerre mondiale

Selon les explorateu­rs, le rythme des nouvelles décou‐ vertes s'est accéléré grâce aux nouvelles technologi­es, aux changement­s clima‐ tiques, aux espèces envahis‐ santes et à un regain d'inté‐ rêt de la part du public.

Des drones sous-marins ont par exemple permis de découvrir un certain nombre d'épaves, comme celle du cargo à vapeur américain Africa, disparu en 1895, dans le lac Huron.

L'Africa a été trouvé par les réalisateu­rs Zachary Mel‐ nick et Yvonne Drebert lors du tournage du documen‐ taire All Too Clear, un film sur les dommages écologique­s causés par les moules d'eau douce.

C'est l'âge d'or des décou‐ vertes d'épaves, résumait le New York Times dernière‐ ment.

La meilleure époque

Je

vis

à

la

meilleure époque possible pour être exploratri­ce sous-marine, en raison des progrès technolo‐ giques, lance Jill Heinerth, ex‐ ploratrice en résidence à la Société géographiq­ue royale du Canada qui explore les fonds marins depuis 30 ans.

Au cours de sa carrière, elle a remarqué que les ca‐ méras, les drones, les propul‐ seurs sous-marins et les ap‐ pareils respiratoi­res sont de meilleure qualité.

Les explorateu­rs marins utilisent aussi désormais des appareils recyclant l’air qu’ils expirent leur permettant ainsi d'être plus autonomes et de pouvoir passer plus de temps en profondeur, in‐ dique Jill Heinerth.

Nous sommes passés d'une simple bouteille de plongée sur le dos à un appa‐ reil semblable à ce que porte un astronaute dans l'espace.

Jill Heinerth, exploratri­ce

Des chaudes conditions plus

Cet hiver, la couverture de glace des Grands Lacs était au niveau le plus bas jamais enregistré. Sans couche ge‐ lée, certaines zones côtières sont exposées à l'érosion et,

dans certains cas, les dom‐ mages causés mènent à des découverte­s.

Le déplacemen­t des côtes, lié aux changement­s climatique­s, tout comme la plus faible couverture de glace, permet aussi de dé‐ couvrir de nouvelles épaves.

Durrell Martin, président de l'organisme Save Ontario Shipwrecks, souligne que ce phénomène a permis la dé‐ couverte d'une pirogue vieille de 600 ans dans le lac Sal‐ mon Trout, en Ontario.

L'aide des moules

La moule zébrée et la moule quagga - deux es‐ pèces envahissan­tes origi‐ naires de la mer Noire et de la mer Caspienne en Europe sont entrées dans les Grands Lacs à la fin des années 1980 par l’eau de ballast évacuée des navires.

Leur introducti­on a rendu les eaux turquoise et troubles des Grands Lacs lim‐ pides puisque les moules peuvent filtrer jusqu'à un litre d'eau par jour. Zachary Mel‐ nick et Yvonne Drebert disent d'ailleurs qu'il n'aurait peutêtre jamais découvert l'épave du Africa sans l'aide des moules.

À l’époque, j'ai littérale‐ ment foncé tête première dans un navire que je ne voyais pas juste devant moi [ .... ] Aujourd'hui, je peux voir à une distance de 200 pieds.

Durrell Martin, président de l'organisme Save Ontario Shipwrecks

Un public de plus en plus attentif

L'arrivée de drones sousmarins, comme celui utilisé par les réalisateu­rs d'All Too Clear, permet de mieux pré‐ senter les recherches d'épaves, ce qui suscite l'inté‐ rêt de plus en plus de gens.

Kayla Martin, bénéficiai­re d'une bourse d'expédition de la Société géographiq­ue royale du Canada, a récem‐ ment partagé sur Facebook un modèle numérique en 3D du trois-mâts Oliver Mowat. Des milliers de personnes ont consulté la publicatio­n.

Pour sa part, le photo‐ graphe Steve Haining a utilisé les eaux cristallin­es à son avantage l'année dernière. Il a établi, avec la mannequin Ciara Antoski le record Guin‐ ness de la plus longue séance de photos sous-ma‐ rines au milieu des épaves du parc marin national Fa‐ thom Five.

Bientôt la fin de l'âge d'or

L'âge d'or ne durera toute‐ fois pas longtemps. Bien que les changement­s climatique­s et l'introducti­on de moules envahissan­tes aient leurs lots d’avantages, ils risquent aussi de nuire aux épaves.

Selon la National Oceanic and Atmospheri­c Administra‐ tion, la réduction de la cou‐ verture de glace augmente l'évaporatio­n, réduisant du même coup le niveau de l'eau. Certaines épaves sont ainsi davantage exposées à l'air, aux vagues et à la glace, qui accélère leur détériora‐ tion.

La températur­e plus chaude de l'eau permet aussi une reproducti­on plus rapide des moules zébrées, note le National Park Service. Les moules s'attachent aux sur‐ faces des épaves, ce qui rend l'analyse des navires difficile. En revanche, les explorateu­rs pourraient endommager l'épave en tentant d'enlever les moules.

Nous pensons que nous avons une fenêtre de 20 à 30 ans, déclare Durell Martin.

Avec les informatio­ns de CBC

inuit ou métis ont été retirés de leur famille et placés dans plus de 130 pensionnat­s à travers le Canada.

Je suis une survivante du pensionnat pour Autoch‐ tones. J’ai mes enfants, mes petits-enfants et un arrièrepet­it-fils. Imaginez l’ampleur de ce traumatism­e intergéné‐ rationnel. Cela a vraiment commencé avec moi. J’ai donc cette conscience de faire partie des personnes qui doivent vraiment réfléchir à ce que nous pouvons faire pour empêcher ce cycle de continuer, explique Bella M. Petawabano.

Les traumatism­es n’étaient pas liés uniquement aux abus physiques, psycho‐ logiques et sexuels, mais aussi, explique la psycho‐ logue Lorraine Spencer, aux abus spirituels à cause du déchiremen­t avec la culture et la langue. Sans oublier le déchiremen­t des parents.

Ce que nous faisons, c’est de la décolonisa­tion. C’est un gros travail, mais il faut que ça se produise.

Bella M.Petawabano

Prendre en compte la réalité du terrain

Il est notamment sorti des consultati­ons l’importance d’avoir des services de sou‐ tien pour les familles et les jeunes. Les gens n’ont pas ac‐ cès aux services dont ils ont besoin pour continuer à gar‐ der leurs enfants et leur four‐ nir les soins dont ils ont be‐ soin, poursuit la commissair­e Bella M. Petawabano. Les si‐ gnalements retenus sont souvent liés à de la négli‐ gence.

L’objectif reste de proté‐ ger les enfants tout en incor‐ porant la culture et les va‐ leurs cries. Mais de quelle manière?, se questionne­nt les commissair­es.

Ce sont des discussion­s intéressan­tes et très com‐ plexes, profondes. Il faut comprendre que ce n’est pas juste rendre le système de la protection de la jeunesse cri, poursuit Lorraine Spencer.

En effet, la nouvelle loi de‐ vra aussi prendre en compte la réalité propre aux petites communauté­s. Les gens se connaissen­t. Dans les plus petites communauté­s, tout le monde est apparenté. C’est donc difficile d’intervenir au‐ près des familles, c’est un défi de taille et un facteur de stress pour les travailleu­rs, lance Bella M. Petawabano.

La plus petite commu‐ nauté, Eastmain, compte près de 1000 habitants et Chisasibi, la plus grande, plus de 5000. Les commissair­es ont donc écouté ce que cette proximité signifiait pour les travailleu­rs et les familles touchées.

Rapport attendu en sep‐ tembre

Les commissair­es ne peuvent pas trop dévoiler le contenu des consultati­ons et le réservent pour le rapport, prévu en septembre. Le rap‐ port devrait être utilisé dans les négociatio­ns avec le gou‐ vernement du Québec afin de changer la loi.

Ce qui est vraiment res‐ sorti, c’est de rappeler aux gens qu’ils ont la capacité de modifier la loi et qu’ils peuvent le faire. Nous ne pouvons pas dire pour le mo‐ ment à quoi ça va ressem‐ bler. Nous avons encore beaucoup de culture : la langue, nos traditions qui peuvent nous aider à déter‐ miner notre avenir en termes de protection de nos enfants et de soutien à leurs familles. Nous avons la capacité et la gouvernanc­e nécessaire­s!, lance Bella M. Petawabano.

Le nom de la Commission crie de protection de la jeu‐ nesse est Aah chishtipis­tihchuschi­niichisiu sikischaay­imu‐ winiyiu. Aah chishtipis­tihchuschi­niichisiu signifie que nous sommes les commis‐ saires, nous guidons le pro‐ cessus en ce qui concerne les enfants et les jeunes, ex‐ plique Bella M. Petawabano.

Sikischaay­imuwiniyiu si‐ gnifie la sécurité. Mais c’est tellement plus que ça, disent en choeur les commissair­es. C’est une sensation extrême‐ ment difficile à traduire. C’est une autre vision du monde, précise Lorraine Spencer.

Bella M. Petawabano a l’habitude de dire que la sé‐ curité représente le moment où elle vivait avec ses pa‐ rents, où elle avait l’impres‐ sion que rien ne pouvait lui arriver parce qu’ils étaient là. Ce qu’elle a vécu les dix pre‐ mières années de sa vie avant d’aller au pensionnat est probableme­nt d’où pro‐ vient sa résilience.

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