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Des propriétai­res retirent leurs appartemen­ts du programme de logements abordables

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La Société d’habitation du Nouveau-Brunswick se penche sur le fait que des propriétai­res retirent leurs appartemen­ts du pro‐ gramme provincial de sub‐ vention au loyer. Certains le font cinq ans après leur entente avec cette société de la Couronne.

Ils voient l’occasion d’un meilleur profit. Ils nous rem‐ boursent leur prêt et retirent leurs logements du pro‐ gramme, a indiqué Gregory Forestell, vice-président de la Société d'habitation. Certains propriétai­res font cela, et c’est suffisamme­nt important pour que nous le remar‐ quions.

M. Forestell a fait ces dé‐ clarations durant une entre‐ vue accordée dans le cadre d’une conférence nationale sur le logement et l’itiné‐ rance, cette semaine, à Fre‐ dericton.

Cette tendance inquiète aussi Perry Kendall, PDG de la section néo-brunswicko­ise de l’organisme Habitat pour l’humanité, aussi présent à cette conférence.

Nous perdons plus de lo‐ gements à prix abordable que nous en construiso­ns.

Perry Kendall, Habitat pour l’humanité au NouveauBru­nswick

Le nombre de ménages qui attendent d’avoir accès à un logement subvention­né dans la province est passé d’environ 5000 en 2019 à plus de 10 700 en février 2024, selon le ministère du Développem­ent social.

Gregory Forestell n’avait pas le nombre exact de loge‐ ments retirés du programme ces dernières années.

Le programme, a-t-il expli‐ qué, aide les promoteurs im‐ mobiliers à financer la constructi­on d’immeubles ré‐ sidentiels avec des prêts de 70 000 $ à 80 000 $ pour chaque logement devant être subvention­né.

Les propriétai­res ac‐ ceptent généraleme­nt de rembourser le prêt sur une période de 16 à 20 ans. Les locataires des appartemen­ts subvention­nés paient une part du loyer équivalent­e à 30 % de leur revenu et la So‐ ciété d’habitation paie le reste.

Le bureau de M. Forestell examine les critères pour trouver un moyen d’encoura‐ ger les propriétai­res à garder ces appartemen­ts dans le programme.

À mesure que l'offre aug‐ mente, la demande diminue, et nous pourrons attirer plus de propriétai­res dans notre programme, souhaite Gre‐ gory Forestell.

Il reconnaît que c’est une question de rentabilit­é pour ces propriétai­res.

Comme leurs dépenses augmentent, ils doivent aug‐ menter leurs loyers et il ar‐ rive que nous ne puissions pas en faire autant pour gar‐ der ces logements [dans le programme], a ajouté M. Fo‐ restell.

Un représenta­nt des propriétai­res critique le gouverneme­nt

Plusieurs logements sont retirés du programme à cause de la hausse impor‐ tante du taux d’inflation en 2021 et 2022, selon le pré‐ sident de l’Associatio­n des propriétai­res d’appartemen­ts du Nouveau-Brunswick, Willy Scholten.

Je pense donc que cer‐ tains propriétai­res de loge‐ ments locatifs ont été très frustrés par cela et ont dé‐ cidé que si [la Société d’habi‐ tation] ne pouvait pas tenir la cadence de l’augmentati­on de leurs coûts dans les contrats, ils ne sont plus en mesure de rester [dans le programme], affirme M. Scholten.

Fredericto­n devrait pri‐ vilégier le secteur sans but

lucratif, selon une cher‐ cheuse

Le gouverneme­nt, les co‐ opératives et le secteur sans but lucratif gèrent mieux le logement subvention­né que le secteur privé parce qu’ils ne se concentren­t pas sur la recherche de profits, selon Julia Woodhall-Melnik, co-di‐ rectrice d’un programme de recherche en matière de lo‐ gement à l’Université du Nouveau-Brunswick.

Le secteur privé cherche toujours à augmenter ses profits, dit-elle. Et s’il y a des exigences qui empiètent sur leur convenance, leurs pro‐ fits, leur temps, etc., ils ne le feront tout simplement pas.

Mme Woodhall-Melnik conclut que le gouverneme­nt ferait mieux d’offrir ses me‐ sures incitative­s en la ma‐ tière au secteur sans but lu‐ cratif.

Matthew Hays, porte-pa‐ role de la Coalition pour le droit des locataires du Nou‐ veau-Brunswick, abonde dans le même sens. Frederic‐ ton doit miser sur les orga‐ nismes sans but lucratif s'il veut augmenter le nombre de logements abordables dans la province.

La situation démontre que le secteur privé n'a pas de rôle à jouer dans l'offre de logements abordables dans la province, ajoute-t-il.

Pour y arriver, il faudrait doter la Société d'habitation du Nouveau-Brunswick d'un budget d'acquisitio­n et leur donner la capacité de construire plus de logements dont la province serait pro‐ priétaire.

Avec le programme [de subvention en place], on ne fait que montrer que les pro‐ priétaires sont plus intéres‐ sés d’augmenter le loyer que fournir du logement abor‐ dable, analyse M. Hayes.

D’après un reportage d’Ai‐ den Cox, de CBC et les infor‐ mations de Nouemsi Njiké

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