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Des enfants se brossent les dents à l’école... malgré les réticences d’enseignant­es

- Gabriel Poirier

De plus en plus d’ensei‐ gnantes de l’Abitibi-Témis‐ camingue encouragen­t les enfants de 4 et 5 ans à brosser leurs dents en classe. L'initiative, qui se fait sur une base volon‐ taire, se bute toutefois aux réserves de certaines en‐ seignantes en raison de la surcharge de travail et de la pénurie de maind’oeuvre.

Pour Léopoldine Gagnon, qui supervise le programme de brossage de dents dans les écoles d’Amos et des envi‐ rons, les données parlent d’elles-mêmes. Au Québec, un enfant sur deux souffre de caries.

C’est énorme!, lance l'hy‐ giéniste dentaire. La pre‐ mière cause d’enfants qui vont en anesthésie générale à l’hôpital, c’est la carie den‐ taire. Pour beaucoup d’en‐ fants, ils ont trop de caries. Ça ne peut pas se faire en cli‐ nique dentaire.

Au Centre de services sco‐ laire Harricana (CSSH), envi‐ ron la moitié des écoles pri‐ maires adhèrent au Pro‐ gramme québécois de bros‐ sage supervisé des dents avec un dentifrice fluoré. Une école primaire du CSS du Lac-Témiscamin­gue est éga‐ lement à l’essai, tandis que le

CSS de l’Or-et-des-Bois concocte un plan d’actions pour la rentrée 2024.

Le programme sera toute‐ fois imposé dans les pro‐ chaines semaines aux élèves du préscolair­e qui fré‐ quentent les services de garde du CSS de l’Or-et-desBois.

C’est une question de sen‐ sibilisati­on et de prévention des bonnes pratiques d’hy‐ giène de vie, affirme Anik Saumure, directrice rempla‐ çante aux services éducatifs et complément­aires du CSS Harricana. La santé, c’est im‐ portant pour le bien-être des enfants. On y croit, mais on connaît aussi la réalité de nos écoles. On déploie le pro‐ gramme progressiv­ement.

Jongler entre retards et santé

Programme décrit comme clé en main, les interve‐ nantes à Amos n’insistent pas moins sur l'importance de l’adopter de façon gra‐ duelle. Plusieurs syndicats étaient d’ailleurs montés aux fronts en 2022 pour décrier l’initiative à l’échelle du Qué‐ bec.

Nous avons beaucoup de mouvements de personnel et une pénurie de personnel, souligne Mme Saumure. On sait que les tout-petits com‐ mencent l’école avec de grands retards. Ce ne sont pas tous les enseignant­s et tous les éducateurs qui sont prêts à ajouter ce pro‐ gramme dans leur tâche pour l’instant.

C’est vrai que c’est une tâche supplément­aire et que plusieurs le voient comme ça. C’est pour cette raison qu’on préfère dire que c’est volontaire et qu’on mise sur la sensibilis­ation. On conti‐ nue également de sensibili‐ ser les familles.

Anik Saumure, directrice remplaçant­e aux services éducatifs et complémen‐ taires du CSS Harricana

Léopoldine Gagnon re‐ connaît qu’elle doit composer avec les réticences de plu‐ sieurs enseignant­es dans le cadre de son travail.

Quand l'enseignant­e est prête à adhérer au pro‐ gramme, ça se passe vrai‐ ment bien. Les enfants adorent faire le brossage de dents et ils prennent rapide‐ ment l’habitude. La difficulté, c’est d’encourager l’ensei‐ gnante à commencer, in‐ dique-t-elle.

Tout inclus

Mme Gagnon impute les difficulté­s d’adhésion à la médiatisat­ion du programme et la façon dont plusieurs le perçoivent.

Au début, on entendait des enseignant­es dire : ''Ce n’est pas vrai que je vais brosser les dents de mes élè‐ ves''. Mais ce n’est pas ça, le programme. Il faut leur don‐ ner du temps en classe pour le faire. L’enseignant­e fournit le dentifrice et doit donner aux enfants la bonne quan‐ tité, précise l’hygiéniste den‐ taire.

Les brosses à dents, les dentifrice­s et les supports à brosses à dents sont fournis par les hygiéniste­s, qui, comme Léopoldine Gagnon, travaillen­t pour le Centre in‐ tégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témisca‐ mingue (CISSS-AT). On forme aussi les enseignant­es et les éducatrice­s pour leur mon‐ trer comment faire, complète Léopoldine Gagnon.

Le programme de bros‐ sage supervisé a été créé par le ministère de la Santé et des Services sociaux en 2017, mais son lancement a été re‐ tardé par la pandémie. Les centres de la petite enfance et les garderies subvention‐ nés peuvent aussi adhérer au programme.

Le Syndicat de l’enseigne‐ ment de la Jamésie et de l’Abitibi-Témiscamin­gue a dé‐ cliné notre demande d’entre‐ vue.

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