Radio-Canada Info

Une demande pour ne pas accueillir d’évacués en raison d’un système de santé en crise

- Francis Bouchard

La direction de l’Hôpital Sensenbren­ner à Kapuska‐ sing indique que la commu‐ nauté n’est plus en mesure d’accueillir des centaines d’évacués de communauté­s autochtone­s en raison de ce qu’elle qualifie de crise sans précédent du système de santé local.

En ce moment, on pense que ce serait absolument né‐ gligent d’ajouter cette sur‐ charge au système de santé.

Et on pense que ce n’est pas juste pour cette population qui mérite d’être relocalisé­e temporaire­ment dans un en‐ droit qui est capable de prendre soin d’elle, affirme la directrice générale de l’hôpi‐ tal, France Dallaire, dans une entrevue à Radio-Canada.

Dans de la documentat­ion partagée au conseil munici‐ pal de Kapuskasin­g cette se‐ maine, on apprend que les gouverneme­nts fédéral et provincial, de même que les Premières Nations, ont été informés de la position de l’hôpital.

Dans une copie d’un cour‐ riel envoyé à la fin du mois de mars, on constate que Mme Dallaire a fait valoir ses préoccupat­ions à un repré‐ sentant de la province qui in‐ formait l'hôpital que l’orga‐ nisme ISM Maskwa prévoyait accueillir, en avril, 400 éva‐ cués de la Première Nation de Kashechewa­n à Kapuska‐ sing et à Val Rita.

Mme Dallaire note des dif‐ ficultés au niveau de plu‐ sieurs services de santé dans la communauté avec un manque de ressources hu‐ maines et une surcapacit­é.

Au niveau des soins pri‐ maires, on a 2 500 patients orphelins, ce qui veut dire 25 % de notre population, qui ont comme seul accès aux soins de santé les services d’urgence. Notre service d’ur‐ gence a vu une augmenta‐ tion de ses volumes dans les deux dernières années d’en‐ viron 30 %, mentionne-t-elle.

Les taux d’occupation dans l’hôpital sont au-dessus des 90 %, ajoute-elle en souli‐ gnant aussi qu’il est très diffi‐ cile de maintenir les services obstétrica­ux et de chirurgie.

Mme Dallaire souligne que l’Hôpital Sensenbren­ner a été un partenaire impor‐ tant pour les évacuation­s de Premières Nations à Kapus‐ kasing depuis 2006, mais que l’établissem­ent n’est pas dans une position pour aider comme elle l’a fait au cours des 18 dernières années.

Elle ajoute que les ser‐ vices de santé de la commu‐ nauté travaillen­t pour tenter de trouver des solutions aux défis auxquels ils font face.

De son côté, la Ville de Ka‐ puskasing avait informé les gouverneme­nts fédéral et provincial qu’elle ne coordon‐ nera plus l’accueil d’évacués dans sa communauté tant et aussi longtemps qu’elle n’aura pas reçu un rembour‐ sement des dépenses de 2023.

En février, le conseil muni‐ cipal avait décidé de se tour‐ ner vers les tribunaux pour tenter d’obtenir un rembour‐ sement de Services aux Au‐ tochtones Canada.

Avec les informatio­ns de Chris St-Pierre

vernement continue de se concentrer sur l'expansion des soins virtuels en plus de la création de cliniques mo‐ biles qui parcourent la pro‐ vince de même que sur les cliniques de soins primaires basées dans les pharmacies.

Avec les informatio­ns de

Preston Mulligan de CBC

avec une plaie de pression chaque année dans les hôpi‐ taux et CHSLD du Québec.

Le directeur général de l’organisme Moelle épinière et motricité Québec, Walter Zelaya, déplore qu’autant de patients développen­t des plaies de pression dans le ré‐ seau de la santé.

C’est contradict­oire, parce que nous avons au Québec des centres d’expertise en traumatolo­gie, un fleuron, mais on n’arrive pas à gérer de simples plaies de pres‐ sion, affirme-t-il.

Ce qui est grave, poursuitil, c'est qu'il y a déjà des pro‐ tocoles qui sont établis [...] et tout hôpital au Québec est tenu d'avoir des matelas spé‐ cialisés pour cette clientèlel­à.

Sous l’oeil des coroners

Du côté du Bureau du co‐ roner, certains rapports de décès critiquent au passage la qualité des soins liés à la gestion de plaies de pression.

Quelques coroners vont plus loin.

Dans un rapport de 2019 par exemple, une coroner ex‐ plique qu'un homme de 90 ans est décédé d’une septicé‐ mie secondaire à une gan‐ grène des pieds consécutiv­e à des plaies de pression.

Hébergé dans une RPA, l'homme passait ses jour‐ nées dans son fauteuil rou‐ lant dans la même position; il refusait systématiq­uement qu’on le touche. Il a égale‐ ment refusé une amputation à deux reprises, note la coro‐ ner.

Dans un dossier de 2022 cette fois, on rapporte qu'un homme de 89 ans est décédé d’un choc septique consécutif à une surinfecti­on de plaies de pression causées par un alitement prolongé qui suit une chute. À la suite d’une chute à son domicile, il a re‐ fusé d’aller à l’hôpital. Des plaies infectées se sont déve‐ loppées en moins de 10 jours.

Plus récemment à Mon‐ tréal en 2023, une coroner a recommandé au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-deMontréal de prendre des me‐ sures afin de réduire les dé‐ lais d’attente pour les ser‐ vices de physiothér­apie am‐ bulatoires pour les per‐ sonnes avec des problèmes de santé invalidant­s.

Une dame de 65 ans est probableme­nt décédée de complicati­ons infectieus­es d’une plaie de pression ulcé‐ rée, dans un contexte d’im‐ mobilisati­on prolongée à son domicile. L’accès à des soins de physiothér­apie aurait pu maintenir sa mobilité.

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